Prologue

845 30 7
                                    

Prologue

– Réveillez-vous, Majesté ! Réveillez-vous !

Les cris de Rosa semblaient venir de loin, de très loin. Alors que Stéphane reprenait conscience, la voix s'amplifiait, fut rejointe par d'autres, plus fortes encore, jusqu'à lui faire mal à la tête. Il poussa un gémissement ridicule tandis que la douleur se répandait en lui. Silencieusement, il fit l'inspection de son corps : ses poignets le tiraient, comme si sa peau était en train de se décoller ; ses chevilles le brûlaient, sa gorge était enserrée, et partout sur son corps se répandait un liquide chaud et poisseux qui gouttait bruyamment sur le sol.

Avec un nouveau gémissement, il redressa la tête, bravant la douleur de sa nuque raidie par la position plus qu'inconfortable qu'il avait adoptée contre son gré durant les dernières heures.

– Majesté, vous êtes enfin réveillé. Il faut partir au plus vite.

La voix, plus calme et plus grave que celle de Rosa, appartenait à Ewin.

– Comment veux-tu qu'on parte ? Nous sommes piégés ! s'écria une voix d'enfant affolée, celle de Ninon.

– Sa Majesté trouvera un moyen, répliqua Ewin.

– Tu te reposes trop sur moi, grogna Stéphane.

Lentement, il ouvrit les yeux. Du sang coulait de son front sur ses paupières, les collant les unes aux autres et l'empêchant de bien voir où il se trouvait.

Il poussa un profond soupir qui réveilla la douleur de ses flancs et s'acheva en un nouveau gémissement.

– Majesté ! s'écria Rosa. Pardonnez-moi de ne pas pouvoir vous soigner.

Elle était au bord des larmes. Stéphane aurait voulu la réconforter, mais dans sa position, ça lui était impossible. Attaché debout contre un mur, les poignets, les chevilles et la gorge enserrés par des fers, le corps recouvert de plaies et de sang, il était bien incapable d'aller prendre la petite Rosa dans ses bras pour la calmer.

Après une profonde inspiration qui le fit grimacer, il trouva la force de regarder où il était enfermé.

Ça ressemblait à une cave. Une table se trouvait au centre de la pièce, avec des fers disposés aux emplacements des poignets et des chevilles. Tout autour de la pièce, ses petits pixies étaient attachés, tout comme lui. Autant dire que la pièce avait été créée exprès pour les séquestrer. Aucun pixie ne pouvait être attaché comme l'était un nae. Alors que Stéphane mesurait plus d'un mètre quatre-vingt et était tout en muscle, les pixies, même Ewin, ne mesuraient pas plus de trente centimètres de haut et étaient aussi fins que des enfants.

– Majesté, sauvez-nous, pleurnicha Ninon.

Ewin la foudroya du regard.

– Inutile de pleurer, riposta le guerrier dont la tenue de cuir noir était couverte de poussière et les cheveux longs exceptionnellement détachés retombaient sur ses épaules, jusqu'à sa taille. Nous avons failli à notre tâche, nous ne pouvons nous en prendre qu'à nous même. Inutile d'accabler Sa Majesté avec nos pleurs.

Paroles qui firent pleurer Ninon de plus belle. Les larmes éclaboussèrent a robe jaune et son tablier blanc. En baissant la tête, ses cheveux bruns cachèrent partiellement les pinces en forme de fleurs qu'elle ne retirait presque jamais de ses cheveux.

– Taisez-vous deux secondes, grommela Stéphane, alors que ses souvenirs lui revenaient les uns après les autres. J'ai besoin de réfléchir pour nous sortir d'ici.

– Si seulement nous n'étions pas attachés, soupira Rosa. Je pourrais vous soigner.

Stéphane secoua la tête. Non, ils ne se tairaient pas. Ils ne se taisaient jamais.

La naessance d'un roi (facéties de pixies - 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant