La naessance d'un roi (facéties de pixies - 1)

Epilogue

Attendantl'arrivée de Stéphane, Ninon adopta une posture de reine.

Lorsquele prince arriva, il lui sourit, l'inconscient. Persuadé qu'ellel'avait aidé toutes ces années par simple gentillesse. Pour sesbeaux yeux.

Quelledésillusion l'attendait.

Parhabitude, il inspecta chaque recoin de ses appartements avant devenir la voir. Vanessa avait beau prétendre qu'elle avaitabandonné la course au trône, il n'était pas certain qu'elledise la vérité. Un sourire fleurit sur ses lèvres lorsque sonregard passa sur l'horloge de bronze trônant toujours sur lemanteau de la cheminée. Comme elle lui avait manqué durant cesannées d'exil !

Ninonne s'embarrassa pas de préambules. Ne lui permit pas d'ouvrir labouche. Elle se contenta de le mettre devant le fait accompli.

–Maintenant que vous êtes le prince héritier, vous n'avez plusbesoin de notre aide. Il est donc temps que vous nous veniez en aide,vous.

Surpris,Stéphane ouvrit la bouche pour parler. Ninon ne le laissa pas faire.

–Vous, comme tous nae, vous demandez d'où viennent les pixies. Jevais vous le dire. Et vous ne le répéterez pas, car il en va devotre vie, de celle de votre compagne et de vos enfants ?

– Tume menaces ? questionna Stéphane, incrédule.

–Nous sommes des daemons, Majesté. Nous venons de Mundo Daemonia,répondit Ninon sans se soucier de sa question.

Stéphanevoulut se redresser de toute sa taille, mais une force inconnue l'enempêcha.

–Oui, nous sommes des daemons, continua Ninon. Et nous avons besoin devous. De votre aura. Tout le monde sait que vous êtes un guerrier.Tout le monde connaît le don de votre compagne. Ces dons, vous allezles mettre à notre service.

–Ninon...

–Nous sommes un peuple asservi, presque disparu, par la faute desCastes Supérieures qui règnent sur Mundo Daemonia. Nous exigeonsque vous traversiez la frontière et que vous mettiez fin au joug desCastes Supérieurs sur notre peuple.

– Jene peux pas traverser les frontières. Elles sont fermées. Même unprince ne peut aller contre les traités.

–Vous avez envoyé un prisonnier là-bas.

–Les condamnés sont acceptés par les daemons. Ils sont même trèsappréciés.

–Peu importe. Vous allez le faire. Vous, mieux que quiconque,connaissez l'ampleur de notre force. Nous mettrons nos menaces àexécution. Croyez en ma parole.

–Tes menaces ne sont rien comparées à ce que les Castes Supérieuresme feraient si j'enfreins le traité.

–Que vous importent les châtiments des Castes Supérieures, puisquevous allez les détruire ?

– Jen'ai pas l'intention de les détruire !

–Vous allez le faire, Majesté. Pour nous. Et pour vous. Les CastesSupérieures ne profitent pas uniquement de mon peuple, mais aussi duvôtre.

–Les Castes Supérieures n'ont aucun pouvoir ici.

– Jene parle pas des naes. Vous n'en êtes pas un. Non, je parle devotre véritable peuple. Celui qui vous a vu naître avant que le RoiJacques De la Velde vous adopte. Vous êtes un daemon, Majesté. Quiplus est, vous êtes un Nul. Une Caste Inférieure. Le peuple quisouffre le plus de la domination de ces insupportables daemones.

– Jesuis un nae ! Je peux vous faire venir à moi...

– Enêtes-vous bien certain, Majesté ? demanda Ninon dans airespiègle. N'est-ce pas nous qui décidons quand nousdevons intervenir ?

–Je...

–Votre don n'est pas de nous appeler, affirma Ninon. Aucun pixien'accepterait d'être réduit en esclavage. Encore moins par unNul.

– Jepeux sentir les miens, je peux différencier les naes des humains.

–C'est exact. Ceci est votre capacité.

–Alors je suis un nae. Les Nuls n'ont pas de dons.

– Jen'ai pas dit que vous aviez un don. Les Nuls ont des capacitésd'adaptations hors du commun. C'est leur mode de survie. Il setrouve que vous, pour être accepté comme un nae et un héritierpotentiel à part entière, vous avez développé la capacité dedifférencier un nae d'un humain. Ce n'est pas un don. Juste dela perspicacité.

–Mais...

– Ilen va de même pour ce dicton que vous avez appris de votre mère. Lesang appelle le sang. Vous avez développé cette capacité aprèsqu'elle vous en ait parlé.

Voyantque cette nouvelle laissait Stéphane assez stupéfait pour qu'ilen perde la parole, Ninon continua :

–Bien sûr, nous combattrons à vos côtés. Nous ne serons pas lesseuls. Nous avons seulement besoin de votre charisme, de vosconnaissances guerrières. Nous avons déjà choisi la personne quimènera réellement les combats, et ce ne sera pas vous.

Occultantmomentanément la question de ses origines, Stéphane répondit :

– Sice n'est pas moi, à quoi bon me faire venir ?

– Lapersonne en question est une Exorciste. Très puissante. Qui nesupporte pas les Castes Supérieures. Son nom est Léa Munzi. Vous larejoindrez sous peu. Quand à votre compagne, nous lui permettons derester ici jusqu'à son accouchement. Cependant, ensuite, elle vousrejoindra. Un don comme le sien doit être utilisé.

–Elle ne peut pas l'utiliser à volonté. Il faut que quelqu'unqu'elle aime soit en danger.

Il necomprenait pas encore très bien la situation, mais il devait tenterde protéger Mégane.

– Sitel est le cas, nous ferons en sorte qu'elle vous croit en danger,répliqua Ninon, ce sourire espiègle de retour sur ses lèvres.

Stéphanese redressa de toute sa taille, toisant la pixie comme si celapouvait l'effrayer.

– Ilest hors de question que je fasse une chose pareille ! Je nepasserai pas la frontière, je ne mènerai pas je ne sais quellebataille contre les Castes Supérieures, et je ne permettrai pas queMégane soit utilisée ainsi !

–Vous vous trompez, Majesté. Vous le ferez. De gré ou de force.

Elleobserva une dernière fois celui qui avait été son maître durantvingt-sept ans, se demandant comment elle était parvenue à fairetaire ses propres émotions si longtemps. Maintenant, c'étaitterminé, et elle savourait sa force avec allégresse. Devantl'expression égarée de Stéphane, elle ajouta :

–Ray pourrait soigner votre fils, Majesté. Pourtant, il ne le ferapas. Pas tant que vous ne serez pas allé à Mundo Daemonia, pas tantque vous n'aurez pas aidé au renversement de Mirabelle Maglieta.Lorsqu'elle ne siégera plus sur le trône de Palatium Conchis,alors votre fils oubliera tout de ce qu'il a vécu dans lesappartements de David.

Surces mots, elle disparut. Fière, très fière d'avoir enfin pumontrer à ce Nul qui elle était réellement.