Chapitre III

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Iln'aurait jamais cru être doué pour ça ; il ne connaissaitdes femmes que ce qu'elles pouvaient offrir au lit et leursservices rendus au bon fonctionnement d'un palais... Il s'étaitrendu compte durant les trois mois écoulés qu'il était capablede séduire une femme avec autre chose que la promesse d'un titreroyal en cas de grossesse.

Durantles derniers mois, Mégane et Stéphane n'avaient cessé de sevoir... en dehors du travail. Tout se passait si bien que s'enétait perturbant. Il n'avait jamais eu la moindre relation à longterme auparavant, et ignorait parfois comment réagir. Mais Méganesemblait toujours savoir quoi faire, quoi dire, et à quel moment. Endépit des apparences, elle était plus jeune que lui – de plus dedix ans – et pourtant semblait en connaître davantage sur lefonctionnement d'un couple.

Ils enétaient arrivés tous deux à une décision : ils devaientgarder leur relation secrète. Stéphane ignorait si, comme lui,Mégane avait des raisons cachées derrière ce choix.Officiellement, ils ne voulaient ni l'un ni l'autre que celaempiète sur leurs conditions de travail. Si tout le monderemarquaient leurs yeux brillants lorsque leurs regards secroisaient, personne n'en disait rien. En tout cas, presquepersonne.

–Qu'est-ce que tu attends pour l'inviter ? lui avait un jourdemandé Marc, alors que Stéphane était incapable de détourner lesyeux de Mégane.

Pourtant,elle était absorbée par l'article qu'elle était en train derédiger et ne faisait rien pour attirer son regard. Si ce n'étaitporter un t-shirt arborant un cœur aux ailes d'anges pailletésd'or, qui se tendait sur sa généreuse poitrine.

Stéphaneavait dirigé sur Marc un regard sidéré. Et mal joué.

–Mégane ?

– Oui.Tu en meurs d'envie, ça crève les yeux.

Stéphaneavait haussé les épaules comme si tout cela était ridicule.

– Jen'ai pas de temps à lui consacrer.

Marcs'était mis à rire bruyamment, et Stéphane n'avait puqu'attendre qu'il se calme avec un sourire crispé.

– On atoujours du temps pour une jolie fille, avait-il répliqué en leplantant là.

Dès cetinstant, l'idée folle de révéler leur relation était venue àStéphane.

Uneseule chose le retenait réellement... Il avait été retrouvé, cen'était pas les derniers mois de tranquillité qui le lui feraientoublier. Un jour, d'autres viendraient, d'autres que Stéphane nepourrait peut-être pas éliminer.

Dans cesconditions, révéler son amour pour Mégane la condamneraitindéniablement à mort.

*

**

– Tudevrais cesser de poursuivre un leurre, fit une voix d'outre-tombedans le dos de Vanessa.

Celle-cieut un frisson d'horreur mais se retint de se retourner. Ellepréféra se concentrer sur le plafond de la salle de réception dontelle supervisait la restauration. Le château était ancien, et avectout le passage qu'il y avait, se détruisait lentement à chaqueinstant. Cela ne serait rien s'il était occupé uniquement par deshumains. Mais il n'y avait ici que des naes aux pouvoirs souventdestructeurs. Vanessa avait beau punir durement quiconque portaitatteinte à l'intégrité d'Obsidian Rega, il était impossibled'éviter tous les débordements. Les naes étaient parfois siinstables...

Larestauration du palais était une tâche sans fin dont elles'acquittait depuis toujours. Elle savait que le peuple ne l'aimaitpas beaucoup, mais elle n'ignorait pas que le maintien de laculture nae était un atout pour elle. Les naes étaient très fiersde leur héritage culturel, et elle aussi. En observant les volutesdu plafond, ses peintures, ses trompe-l'œil, les sculptures quiornaient les niches, elle se dit que cet héritage devrait être àtous prix préservé. Stéphane avait eu d'autres préoccupationsque les merveilles que recelaient ce palais, et elle le comprenait.Les tâches qui lui étaient réservées étaient alors bien moinsplaisantes.

La naessance d'un roi (facéties de pixies - 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant