Chapitre 1

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5ans plus tôt

Je courrais dans la maison, attrapant un toast pour l'enfourner dans ma bouche avant d'aller dans l'entrée enfilé mes chaussures. Ma mère passa la tête par la porte, me lançant un regard désapprobateur.

– Il te faut un petit-déjeuner digne de ce nom Nina !

– Désolée maman, je suis en retard. À ce soir !

Je pus l'entendre soupirer bruyamment depuis la cuisine, mais j'en avais cure. J'ouvris la porte de la maison tout en essayant d'attacher mes longs cheveux châtains en un chignon rapide. J'étais en retard et je savais comment madame Sullivan allait réagir si j'arrivais encore une seule fois en retard à son cours. J'avais déjà eu une remontrance de sa part la semaine précédente. Je courrais à en perdre haleine, dès que je réussis à rattraper ma sœur, Élisa. Celle-ci était parfaitement habillée, ses longs cheveux blonds trainant derrière elle en une tresse. Elle avait un an de plus que moi, mais elle avait été obligée de redoubler une classe, se retrouvant en terminal, comme moi. Quand on nous regardait, on pouvait facilement se rendre compte que l'on était les parfaits contraires. Élisa était studieuse, elle était en filière scientifique, avait les meilleures notes de sa promotion – alors que ce n'était même pas cette année-là qu'elle avait redoublée –. J'étais jalouse d'elle, à certains points seulement, pour d'autres, j'étais bien contente d'être moi-même. Elle était trop bien entourée pour moi, trop d'amis, trop de sorties, trop de tout.

– Encore en retard ? Me demanda-t-elle d'un coup.

– Oh c'est bon ! Tu ne vas pas t'y mettre aussi. Maman m'a encore fait le coup du petit-déjeuner.

– Quand apprendras-tu à te lever plus tôt, regarde-toi ma pauvre fille, tu es habillée comme un sac.

– Maman t'a vu sortir avec une jupe aussi courte ?

Elle me lança un regard glacial qui me fit plus sourire qu'autre chose, bien sûr que non, elle ne l'avait pas vu sortir. Sans doute s'était-elle même pas rendue compte qu' Élisa était déjà partie au moment où j'avais franchi la porte. Je replaçais une mèche derrière mon oreille et réajustais ma veste sur moi. Elle me lança un regard en coin, me détaillant de la tête aux pieds. J'avais attrapé un t-shirt rose avec des motifs élégants, ma veste en cuir et j'avais réussi à rentrer de justesse dans mon jean noir avant de prendre mon sac en bandoulière noir avec mes manuels et cahiers dedans. Comparé à elle, mon maquillage faisait minable, mais je n'avais pas eu plus de temps que de mettre un peu de noir et une légère touche de fard. Adieu BB crème et autres trucs pour le teint, je n'ai pas de temps à te consacrer. Elle secoua la tête et se mit à farfouiller dans son sac, sortant une trousse à maquillage parfaitement usuelle. Sa trousse de secours comme elle l'appelait, qu'elle emmenait partout avec elle. J'étais toujours surprise quand elle la sortait pour moi. C'était tellement rare. Je la prie sans plus attendre tout en me pinçant les lèvres.

– Que veux-tu que je fasse de ça ?

– Eh bien quoi ? Je ne veux pas avoir honte en cours à cause de toi ma petite. Tu sais très bien ce que j'attends de toi.

– Pourquoi ?

– Parce que tu mérites qu'on te regarde avec envie. Déclara-t-elle avec sérieux.

– Comme si les gens prenaient le temps de me regarder plus de deux secondes avec autre chose que du dédain.

Je me contentais de hausser les épaules et lui rendait sa trousse. Elle soupira, elle aussi le faisait assez souvent me rendis-je compte. Après tout, ce qu'elle pensait tout comme notre mère me regardait pas plus que cela. Nous arrivâmes au lycée cinq minutes avant la sonnerie de début de cours. Je courrais donc vers ma salle et me laissais glisser le long du mur, jusqu'à ce que mes fesses se posent sur le sol. J'avais la respiration erratique et tout le monde pouvait le remarquer. Sarah, une fille qui était dans ma classe depuis deux ans et que je pouvais qualifier d'amie vint elle aussi s'asseoir sur le sol à mes côtés.

– T'es pas en retard aujourd'hui. Tu n'avais pas envie d'être collé.

– C'est exactement ça ! Rappelle-toi, c'est les vacances à la fin de la semaine.

– Pendant que tu arrivais et que moi, j'étais déjà là, j'ai entendu des murmures venant de personnes de notre classe qui se seraient rendus à la vie scolaire.

– Quel genre de murmure ? M'enquis-je, ma curiosité piquée à vif.

– Apparemment, il y aurait un nouvel élève aujourd'hui.

– Tu l'as vu ?

– Non, je ne suis pas allée à la vie scolaire. Pour quelle raison irais-je ?

J'haussais les épaules, ne sachant pas vraiment quoi lui répondre après tout elle avait raison. Notre professeur arriva au même instant où j'allais lui répondre, nous nous levâmes sans plus attendre et entrâmes pour rejoindre les places que nous avions élues comme notre au début de l'année. Je me laissais choir sur ma chaise et Sarah prit la table d'à côté, elle s'était mise à côté de Magalie puisqu'elle adorait échanger les derniers ragots avec elle et puis, j'aimais être seule à ma table. Quand un garçon qu'on avait jamais vu entra, je ne pus que le regarder. Il parlait quelques instants tous bas avec madame Sullivan. Le regard de celle-ci s'illumina à quelque chose qu'il venait de dire, ce qui m'intrigua davantage. Quand elle se tourna vers nous, elle plissa les yeux avant de montrer la place à côté de moi. Je fronçais les sourcils en lui lançant un regard noir, mais elle m'ignora royalement. À la place, elle se contenta de s'adresser à l'ensemble de la salle.

– Écoutez-moi tous car je ne me répéterai pas. Il y a un nouvel élève dans votre classe. Il se présentera à vous en dehors de mon cours, j'espère que j'ai été assez clair. Il va aller s'asseoir à côté de mademoiselle Gordon, et Nina, je ne veux pas vous entendre protester.

Au lieu de protester, je me contentais de grogner, apparemment, cela amusa beaucoup le nouvel arrivant. Il vint s'asseoir à côté de moi, l'air décontracter. Il darda son regard sur moi, et je pus découvrir que ses yeux étaient d'un vert étrange, il y avait des paillettes dorées qui dansaient dedans. Ses lèvres se recourbèrent en un rictus amusé.

– Donc, tu es Nina, c'est ça ? Murmura-t-il d'un coup. Tu veux bien partager ton livre avec moi ? Je ne l'ai pas encore.

– Et tu es ?

– Nicolas Bréfort.

– Désolé Nicolas, mais je ne partage pas.

– Je vois le genre.

Il avait un sourire en coin amusé qui m'irrita passablement, mais je l'ignorai, essayant de porter mon attention sur madame Sullivan et son cours soporifique de sciences. Seulement, il me poussa du coude, insistant. Je grimaçais et mis mon livre entre nous deux, il eut un sourire lumineux qui m'étonna.

– Tu vois quand tu veux, merci Nina.

Il passa ses doigts dans ses cheveux bruns qui n'avaient pas l'air de faire plus de cinq centimètres sur sa tête. Je devais avouer que dans son genre, il était vraiment ce qu'on pouvait qualifier de beau et le mystère qu'il constituait était intriguant, mais je n'arrivais pas à le cerner et ça m'agaçait. Ce que je ne savais pas ce jour-là, c'est que mon nouveau voisin de sciences allait devenir la personne la plus importante dans ma vie après ma famille.

Se RetrouverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant