━☆ Chapitre 6☆━

4 0 0
                                    

Le trafic était dense aux abords de la ville, mais il n'y avait pas de ralentissement conséquent. Nous n'étions pas encore en heure de pointe, même si le soleil était levé depuis quelque temps déjà. Je voyais que Nick était épuisé. Toutefois, la dernière fois que je lui avais proposé de prendre sa place, il m'avait rabroué. Depuis lors, je préférais me taire vis-à-vis de cette situation. La radio de mon vieux tacot diffusait les hits de l'année. C'était encore plus éprouvant pour ses nerfs quand on savait qu'il s'était habitué à n'écouter que des vieux groupes de rock et de métal. Il aurait pu citer sans l'ombre d'une hésitation des chansons que me seraient inconnues de Metallica, Nirvana, Aerosmith... Et j'en passe. Il avait juste oublié d'évoluer. Je m'en plaignais pas, j'avais appris à apprécier ce qu'il pouvait bien écouter, parce qu'en général, on ne pouvait pas faire quelques minutes de route sans qu'il décide de mettre sa propre musique. Sauf que cette fois, c'était différent. Il avait laissé ses CDs dans le coffre et il ne voulait pas fait d'arrêt. Dans un sens, ça m'arrangeait bien, puisque ça voulait dire qu'il se sentait assez bien pour conduire quelques heures jusqu'à la capitale. Dès que nous avions changé de département, il m'avait fait retirer le GPS de mon smartphone puis m'avait dit de le mettre en mode avion. Je m'étais contentée de lui dire qu'il était parano avant de faire ce qu'il me demandait. En voyant son air satisfait, j'en avais souris puis levé les yeux au ciel. Nick me claqua la cuisse en me montrant une direction. 

— Regarde. 

Je fis ce qu'il me demandait pour me rendre compte que ce qu'il me montrait avec autant de fierté, c'était la tour Eiffel. Je restais quelques instants fascinés, puis, je me tournais vers lui avec un air blasé.

— Ce n'est qu'une tour de ferraille.
— Ma pauvre fille. Même pas capable d'apprécier une innovation de son temps.
— Si seulement tu savais. Pouffais-je.
— Savais quoi ?
— Ce que je suis capable d'apprécier ou non. Ce n'est pas que je n'apprécie pas, c'est juste que je ne sais pas ce qu'on lui trouve.
— Peut-être que si tu montais en haut...
— Même pas dans tes rêves les plus fous.

Il eut un ricanement moqueur. Je fis alors de mon mieux pour l'ignorer. Nick était le mieux placé pour savoir qu'il ne me ferait aller nulle part en hauteur. La dernière fois, il avait essayé de m'emmener en haut d'un manège pour apprécier la vue avant la chute libre. Il m'avait vu pâlir en deux secondes. Sinon, tout allait bien. J'aurais pu si ça n'avait pas été du fer. J'en étais persuadée. J'avais bien pu admirer la vue de la falaise avec ses bordures pour retenir de tomber et mes pieds bien visés au sol. Néanmoins, je savais que ce serait une moquerie pour quelque temps prochains. C'était si facile de deviner ce qui pouvait bien lui passer dans la tête à certains moments. Je poussais un soupir tout en reportant toute mon attention sur l'extérieur. Quand je sortis mon téléphone, j'eus le droit à un grognement mécontent comme réponse.

— Si je ne peux pas appeler, comment je la préviens qu'on arrive ?
— T'as vraiment pas anticipé ? S'insurgea-t-il.
— On est parti sans rien anticipé banane. Donc non. On voit au jour le jour.
— Dans quoi j'ai bien pu me fourrer... ?
— Vu que c'est toi qui choisis la prochaine destination. Tu vas me dire que tu as anticipé. Maugréais-je.

Le silence qui me répondit fut assez éloquent de sa propre organisation. Un sourire satisfait fleurit sur mes lèvres à cet instant précis. J'étais vraiment contente de voir que j'avais raison. Il n'avait aucun plan. Je remis donc les paramètres correctement et cherchais le numéro dans mon répertoire. Je portais le combiné à mon oreille au moment où je le sélectionnais. Plusieurs sonneries retentirent avant que la voix pâteuse de mon amie ne me réponde.

— 'lô... ?
— Salut Rebecca. C'est Nina. Ça va ?
— Pourquoi m'appelles-tu aussi tôt petite ?
— Eh bien, je me disais que d'ici vingt minutes, tu pourrais m'offrir le petit-déjeuner à mon meilleur-ami et moi. Avouais-je.
— Quoi ? Mais t'es où là ? S'écria-t-elle presque.

J'éloignais mon téléphone de mon oreille le temps qu'elle calme sa crise d'hystérie. Nick ricana à côté de moi, le traitre.

Se RetrouverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant