Nous avions pris le métro quelques minutes plus tôt. Il avait profité de son escapade pour prendre les tickets à la journée. J'avais essayé de mon mieux de lui rembourser, mais il n'en avait fait qu'à sa tête. J'avais alors laissé tombé, j'arriverai bien à lui faire entendre raison à un moment donné. J'essayais de m'en persuader. Je me contentais de le suivre dans les dédales de couloirs et de rame. Il n'avait pas l'air décidé de me dire où il me traînait, ça en devenait vraiment frustrant. Nous venions de monter dans une nouvelle rame. Nick leva le nez, regardant les stations, comme s'il avait fait ça toute sa vie. Il avait vraiment l'air à l'aise dans le métro. Nous restâmes donc debout puisqu'il n'y avait plus de places assises. Il me poussa contre la barre dans le SAS et resta en face de moi, tout le long. C'était assez rassurant dans son genre. Il ressemblait à un animal sauvage prêt à en découdre avec la première personne qui oserait me toucher, ou bien même lui. J'avais placé l'une de mes mains dans mon dos, tenant comme je le pouvais afin de ne pas me retrouver la tête la première sur le sol. Après tout, je serais capable de louper Nick qui se trouvait juste devant.
— Tu sais de quoi tu as l'air ? Lui lançais-je au bout d'un moment à rester silencieuse.
— De quoi ai-je donc l'air ?
— D'un mec qui ne veut pas qu'on touche à ce qui lui appartient.
— C'est peut-être l'effet que j'ai envie de renvoyer.
Le sourire qui s'épanouit sur ses lèvres m'était totalement étranger. Je n'arrivais pas à savoir ce qu'il pouvait penser. Néanmoins, cela m'amusa aussi. J'aurais pu pousser la plaisanterie plus lui, mais à la place, je me contentais de lui sourire. Le métro annonça une station que je ne réussis pas à comprendre. Nick attrapa mon bras pour me faire sortir.
— Aller, viens. On a de la visite à faire aux dernières nouvelles.
— Dis-moi un peu, lequel de nous deux est le plus emballé par cette excursion ?
m'enquis-je.
— Attends. Laisse-moi réfléchir. Toi ?
J'ouvrais la bouche, la refermais et poussais une exclamation outrée. Il rigola alors, sans pour autant me lâcher, me tirant avec lui.
— Très bien, alors par quoi commençons-nous ?
— Tu as besoin d'un plan précis ?
— Qu'as-tu en tête Nick ? Insistais-je.
— On commence par le centre de Paris. On continuera à pied.
— Le centre ? Attends. Le premier arrondissement, tu veux dire ?
— Exactement !
— Et pourquoi marcher alors qu'on peut prendre le métro ?!
Je n'avais pu m'empêcher de hausser le ton. Il s'arrêta en se tournant vers moi, parfaitement blasé par mon cri. Le premier arrondissement, tu veux dire ? Tout en me faisant face, il baissa la voix.
— Et pourquoi pas ? Ça peut être une très bonne expérience.
Je le regardais, puis, je laissais mon regard se poser sur ma tenue. J'avais enfilé une sorte de short noir qui m'arrivait à mi-cuisse, avec une jupe à volant chocolat par-dessus. Mon haut était une sorte de t-shirt avec des froufrous amples, sans oublier la veste de Nick ayant retrouvé mes épaules à peine sortie. Par contre, il ne faillait pas de mes chaussures qui étaient définitivement des boots.
— Je t'avais demandé de t'habiller confortable. Me fit-il remarquer.
— Mais c'est confortable. Quand on ne doit pas marcher des millions de kilomètres.
— On te prendra des pansements pour les ampoules.
Me renfrognant, je le suivis jusqu'à l'extérieur. Nous nous retrouvâmes devant un parc. Je regardais une dernière fois la rue avant d'entrer dedans en suivant Nick. Il y avait quelque chose de révérencieux dans ce lieu. Quelque chose qui nous inspirait un certain respect, surtout quand on savait qu'il existait depuis le XVIème siècle. Ce qui était toutefois dommage, c'était de se dire qu'il manquait un quelque chose à cette prestance. Dans l'ancien temps, trônait fièrement dans in coin du jardin un château royal. J'aurais aimé pouvoir me prendre pour Catherine de Médicis à la construction, mais pour cela, il aurait fallu que tout soit à l'identique entre le château et le jardin. Et pour ma part, je n'avais aucune idée de ce à quoi ressemblait cet endroit en ce temps. Tout ce que je savais, c'est que le château n'existait désormais plus, ce qui était bien triste. Savoir des morceaux d'histoire perdus à jamais à cause de personne sans foi ni loi était vraiment attristante. Le parc était grand, mas autant que celui de certains autres châteaux. Il me fit traverser une bonne partie, jusqu'à un arc. Celui-ci était majestueux, avec son cavalier et ses chevaux le dominant de son sommet.
— C'est magnifique. Murmurais-je fasciné.
— Je savais que ça te plairait. Bienvenue devant l'arc de triomphe du Carrousel.
— Le carrousel de quoi ?
— Du Louvre. Ça te branche de voir le Louvre en personne ?
Je levais les yeux au ciel devant sa façon de présenter les choses.
— Je ne sais pas si tu as remarqué que c'est toi qui t'es fait un itinéraire ce matin.
— Oui. Je nous ai fait un itinéraire pendant que tu dormais et j'en ai même profité pour bouger chercher des trucs qui allaient nous être utile. Ne suis-je pas merveilleux ?
— Le terme exact serait dément en vérité. Combien de temps as-tu dormi ? Tu as conduit toute la nuit !
— Une heure, deux tout au plus. Le sommeil n'a pas été mon meilleur ami en fait.
J'étais totalement effarée. Je cherchais encore à savoir s'il était sérieux ou non, mais, il en avait tout l'air. Je continuais a observer chacun de ses mouvements, analysant pour connaître son degré de fatigue, toutefois, il ne laissait vraiment rien paraître. Je laissais tomber au bout d'un moment, mais mon inquiétude ne me quittait pas.
— Tu vas vraiment réussir à tenir la journée ?
— S'il te plaît, je suis le cadet de tes soucis. Je connais mes limites. Si je n'étais pas assez bien, je serais resté couché.
— En vérité, je n'en suis pas si sûre. Avouais-je.
— Ah oui ? Et pour quelle raison ?
— Pour me faire plaisir. Pour voir mes réactions.
— Je tiens à te faire remarquer que le monde ne tourne pas autour de moi. Me lança-t-il.
— Le monde non. C'est une certitude. Toi après.
Je haussais les épaules en laissant volontairement ma phrase en suspend. J'avais eu envie de voir sa réaction et celle-ci fut totalement à la hauteur de ce que j'attendais. Il grimaça puis grommela quelque chose d'incompréhensible. Des fois, je me demandais s'il avait pris des cours avec ma sœur. Elle avait toujours été connue pour être compliquée à comprendre dans les moments comme celui-ci. Je déposais ma main sur sa joue et la tapotais, un sourire en coin narquois aux lèvres.
— Ça va aller mon chou. Tu t'en remettras.
— Que l'enfer t'emporte Nina.
— Mais tu serais si triste sans moi !
— Il y a des jours où tu peux être sûre que je serais même l'homme le plus heureux du monde.
— Et le reste du temps ?
— Je m'accommoderai de ton absence. Peut-être pourrais-je même te remplacer.
J'écarquillais les yeux, choquée. Ce qui m'inquiétait le plus, c'est qu'il avait l'air sérieux. Son regard n'avait rien d'amusé à cet instant. Je fis une moue boudeuse qui étira un sourire sur ses lèvres. Je ne sais pas comment il fait pour toujours paraître aussi sérieux. J'aurais pensé, depuis le temps, qu'il serait plus détendu, mais, apparemment pas. Je soupirais, lui lançant un regard glacial. Il enfouit ses mains dans les poches de son jeans, ancrant son regard dans le mien.
— Tu voulais savoir. Remarqua-t-il.
— Je pensais que tu me souhaiterais tout l'amour du monde.
— À toi ? Jamais de la vie. Tu n'as jamais rien fait pour le mériter.
— Ça, c'est bien vrai. Ce n'est pourtant pas une raison pour me souhaiter l'enfer.
— Tu préfères errer sur cette terre ? Ça peut toujours s'arranger.
— Oui. Je préfère. Je pourrais continuer de te hanter !
Il grimaça, ce qui me fit ricaner. À croire qu'il ne s'attendait pas au retour du bâton. Nous avançâmes alors jusqu'à la pyramide du Louvre. Ce qui me fascina le plus ne fut pas la grande structure de verre, plutôt les pavillons qui l'entouraient. Il se dégageait d'eux une impression à couper le souffle. J'étais certaine que j'aurais pu me plaire à leur époque.
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Se Retrouver
EspiritualTout plaquer : son job, sa famille pour partir en vadrouille. C'est ce que décida Nina du jour au lendemain après s'être remise en question pour l'énième fois sous l'influence de son meilleur ami Nicolas. Faisant leurs sacs, ils décident de partir e...