03.

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Mohammed.

Deux semaines c'étaient écoulées depuis la soirée sur la plage. Cette jeune fille ne quittait plus mon esprit, elle était ancrée, gravée, tellement différente, un peu folle me diriez-vous, moi, décalée je dirais.
Après son long monologue a mon plus grand étonnement, elle était partis, elle c'était volatilisée, elle aussi.
A mon âge, je devrais prendre ça pour une folie de jeunesse mais non, là, j'étais vraiment concentré, j'avais savouré chaque minutes de son monologue, écouté chaque douleur dont elle témoignait, et encore et encore scruté chaque parcelle de son corps.
En cette matinée, ce qui me reste en tête sont ses yeux, foncés, intenses, j'avais cette impression d'y lire toute la peine, toute la douleur du monde.

Un message me sortit de mes pensées.

Sharōon 📱
Shalom, j'espère que tu vas bien, ça fait un bails qu'on sait pas vue, viens faire un tour a la maison avec Raza, ça fera plaisirs aux enfants et a ma femme puis ça te changera un peu de l'appartement.

Moi 📲
Shalom, je passerait ce soir si Dieu le veut, c'est moi qui apporte le dessert.
Bis.

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Moi : Bijou ! Je sors acheter des desserts, on mange chez tonton ce soir, pas de bêtise ! Si il y a un problème tu m'appelles je t'ai laissé mon numéro sur le frigo.

Raza : Apportes moi des bonbons en revenant s'il te plaît.

Moi : C'est toi qui payes le dentiste ? Si oui il y a pas de soucis.

Raza : Une blague qui ne fait pas rire les autres n'est pas une blague papa.

Sale race ! Bon, je vous avouerai que j'ai pas beaucoup d'humour il a pas tord mon bijou, moi, je suis plus psychologie, études de la vie, du paysage, je sais rigoler bien-sûr mais disons que ce n'est pas ce que je préfère.

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Moi : Excusez moi

Il a suffit d'une rotation rapide pour que je la reconnaisse.
Qu'est ce qu'elle est belle, j'ai l'impression de parlé comme un gamin émerveillé face a un héro comme spider-man, mais si vous la verriez vous comprendriez, elle est tellement banale aux yeux de tous, qu'elle en devient si unique pour moi.
Une jeune femme resplendissante même dans cette tenue de boulangère.

Nooūr : Jamais je n'aurais crue vous recroiser un jour.

Moi : Le destin fait bien les choses apparemment.

Nooūr : Si vous le dites, je veux bien vous croire. Que puis-je pour vous ?

Moi : J'aimerais une mousse trois chocolats et un framboisier s'il te plait. Et si ce n'est pas trop te demander je voudrais que tu acceptes de me revoir.

Nooūr : Pour les pâtisseries, je vous emballe ça tout de suite, quant a votre proposition de rendez-vous, j'aurais aimer jouer les princesses inaccessible et vous dire " Je suis prise, ou je ne vais pas voir d'inconnu" mais je me vois plus comme une reine, et par politesse je me dois de ne pas décliner.
Disons demain vingt heures devant le stade du centre ?

Moi : Demain vingt heures, ma reine.

Voila ! Voilà exactement ce qui fait pour moi toute la différence, ses réponses, sa façon de parler, elle est tellement différente de toutes les autres. Jamais, au grand jamais une femme, et encore plus une jeune femme de son âge n'aurait accepter de me suivre comme ça, mais elle si. Elle, elle saute dans l'inconnu, elle ne craint pas le monde qui l'entoure.

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Sharōon : Merci encore pour les gâteaux Mohammed, puis ne t'inquiètes pas pour Raza il va bien s'amuser avec les enfants, je te le déposerai a la maison dans deux jours. Il faut qu'on réorganise des soirées celle-ci plus souvent !

Moi : C'est gentil vraiment, puis je vois que ça le change un peu alors super.
On se refera ça au plus vite si Dieu le veut. Bonne nuit.

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C'est alors seul dans l'appartement, au alentour de vingt-trois heures que je m'autorise la lecture de quelques vers.

Je n'ai que moi
En chaque jour
Pour accueillir l'aube nouvelle
Mais dès qu'au songe je m'attèle
Je n'ai que toi

Je n'ai que moi
Pour encaisser
De toute la vie les escarres
Mais dès qu'en rêve je m'égare
Je n'ai que toi

Je n'ai que moi
Lorsque j'épie
De l'avenir l'heure qui chante
Mais dans mes prières ardentes
Je n'ai que toi

Je n'ai que toi
Pour m'éblouir
Et pour embellir les images
Mais dès que j'ai tourné les pages
Je n'ai que moi

Esther Granek, Je cours après mon ombre, 1981

Ce soir, ce n'est que vers cinq heure du matin que je suis parvenu a trouver le sommeil, l'esprit apaisé, ma reine et mon bijou en tête.

On m'a souvent dit "Vies",ce soir je leur crie "Je n'attends que ça !"

MOHAMED : VIS. [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant