Chapitre 11 : Nos cicatrices en sont témoins.

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« C'est une danse. Une danse que je n'ai jamais eu besoin d'apprendre. Une danse que je maîtrise depuis la première fois où j'ai aperçu mon image dans les yeux de mon père. J'ai eu pour partenaires des princes et des artistes affamés, des dieux grecs et des clowns. Chacun d'eux était persuadé que je me laissais conduire, mais cette danse est toujours la mienne. C'est toujours moi qui fais le premier pas, sans même devoir bouger. J'ai compris depuis longtemps que les hommes finissaient immanquablement par se retrouver devant moi. Ces animaux aussi primitifs que majestueux, leurs corps conditionnés à répondre, toute volonté cédant face à l'inévitable.
Cette danse est la mienne et je l'ai exécutée avec finesse et abandon, dans les bras d'innombrables partenaires, seuls les visages changent. Et pendant toutes ces années, je ne me suis jamais doutée qu'un soir viendrait où la danse prendrait fin. »

La tête soutenue par sa main gauche, Luna Lovegood contemplait rêveusement la Grande Salle, décorée à l'occasion du banquet d'Halloween. D'immenses citrouilles évidées et remplies de chandelles parsemaient la pièce, projetant sur le mur les ombres inquiétantes des centaines de chauves-souris qui virevoltaient entre le plafond magique et les tables. À la table des professeurs, Pomona Chourave et Hagrid avaient engagé une vive discussion qui semblait concerner l'entretien des citrouilles. Horace Slughorn parlait, lui aussi, en faisant de grands gestes en direction de Minerva McGonagall, qui l'écoutait d'une oreille distraite. À en croire ses doigts qui tapotaient nerveusement la place vide à sa gauche, elle avait l'air passablement agacée.

Les portes de la Grande Salle s'ouvrirent dans un bruit sourd qui sortit Luna de ses pensées. Elisabeth Lewellyn remonta l'allée d'un pas vif et jeta un bref coup d'oeil à la table des Serpentards, avant de rejoindre l'estrade des professeurs et de se laisser tomber sur sa chaise, à côté de la Directrice, d'un air maussade.

- Elle est effrayante parfois, commenta Neville en se resservant du poulet. Vous avez vu ses yeux ? On dirait qu'elle a envie d'assassiner quelqu'un.

Luna reporta son attention sur la professeur de Défense Contre les Forces du Mal. Elle se tenait très raide sur son siège, comme si tous les muscles de son corps étaient tendus. Ses doigts étaient crispés autour d'un verre de vin de sureau, tandis qu'elle fusillait du regard une poignée de chauves-souris qui volaient près d'elle.

- Je crois qu'elle ne les aime pas beaucoup, avança Luna en désignant les créatures ailées. Pourquoi Harry et Ginny ne sont pas là ?

Hermione et Ron échangèrent un léger sourire.

- Autorisation spéciale de McGo, annonça sobrement le Gryffondor, en terminant son assiette.



Harry Potter s'accrocha au portillon qui se trouvait devant lui et inspira une grande bouffée d'air pour chasser les désastreux effets secondaires qu'il ressentait à chaque fois qu'il devait transplaner. Une main sur le ventre, il se redressa lentement et balaya les alentours du regard. Avec une étrange impression, il regarda courir le long du trottoir un petit groupe d'enfants déguisés qui riaient bruyamment. Harry sentit les doigts de Ginny se refermer autour des siens et aussitôt, la chaleur dégagée par sa paume lui apporta la sérénité dont il avait besoin.

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