Je cours. Sans m'arrêter. La moindre pause et ils me rattraperont. J'entends leurs hurlements au loin. Ils n'essaient plus de m'amadouer, ils ont compris qu'ils ne m'auraient jamais, alors ils se sont mis à courir. La rivière n'est plus très loin. Awash. C'est son nom, elle m'a toujours porté secours lorsque j'avais besoin d'elle. Lorsque j'avais chaud, lorsque j'avais soif. Elle m'aidera de nouveau. La corniche n'est plus très loin devant et j'entends le bruit de l'eau marteler les rochers. Plus que quelques pas. Je saute. L'eau est mouvementée, trop mouvementée. Elle m'emporte, sans que je puisse prendre le temps de respirer. Je ne vois plus rien. L'air commence à me manquer. Mon crâne heurte un rocher et mes mains l'agrippent aussitôt. La douleur se fait ressentir, mais elle est supportable. La rive n'est pas loin, elle est à portée de bras. J'agrippe une branche desséchée et me hisse au dehors. Je m'allonge quelques instants, je contemple le soleil. Ils ne m'auront pas. Je leur ai échappé. Ils n'oseront pas sauter. Ils n'oseront pas. Je me relève, et manque de m'évanouir. Des poils. Des poils bruns et épais recouvrent ma peau autrefois noire et lisse. Je me déshabille en vitesse. Je me mets entièrement nue et découvre alors que tout mon corps s'est transformé. Inexplicable. Les larmes me montent aux yeux. Je regarde autour de moi en essayant de ne pas paniquer. Je ne reconnais rien. La rivière est bien là, mais c'est tout. De l'autre côté, impossible d'apercevoir quoi que ce soit. Je remarque qu'une flaque d'eau s'est formée là où j'ai abandonné mes vêtements. Je les soulève et les essore. La flaque grandit, puis me renvoi mon reflet. Alors je hurle.
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TINSEA
Short StoryLorsque l'on perd tout ce que l'on a, tout ce que l'on est. C'est alors que l'on est enfin libre.