LES HAUTES LUMIÈRES

Chapitre 1 : Mémoire.

Penser, imaginer... Ce n'est finalement qu'une question d'esprit. Montre-moi comment tu imagines les choses.

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Jimin reposa sa bouteille au sol, soupirant grandement. Son regard se perdait dehors, le temps était pluvieux. Terriblement pluvieux, ça ne lui donnait pas du tout envie de bouger. Il voulait seulement rester là, assit sur son parquet près de sa grande fenêtre en mirant sans cesse ce temps. Penser. Voilà ce qu'il faisait depuis plusieurs jours. Il pensait à ce qu'aurait pu être sa vie. S'il n'avait pas choisie cette voie, que serait-il advenu de lui ? Il n'aimait pas ressasser le passé, mais tout autour de lui l'y incitait. Son regard se déposa finalement sur une vielle photo mise en bazar sur une dizaine d'autres, toutes entassées grossièrement dans une boîte à chaussure gribouillée. Un long soupire lui échappa une nouvelle fois.

D'une main tremblante, il attrapa le petit paquet qui faisait remonter en lui bien des souvenirs. Joyeux ou triste, agréable ou faisant parti de ceux que l'on aurait voulu oublier à tout jamais. Son pouce passa sur un des visages souriants de l'image jaunie par le temps. Depuis quand ne les avait-il pas vu, ou bien même parler ? Finalement, tout passait par la mémoire et l'esprit. Le cerveau était-il un organe si important, avec de telles qualités ?

Le jeune brun n'arrivait pas à se convaincre. Pour lui, toute cette gymnastique merveilleuse de cet organe vital n'était que fioriture. Pourquoi n'avait-il pas eu le droit de pouvoir jouer à ce point avec ses souvenirs ? Ils venaient et repartaient à leurs envies. Pourtant, eux-seuls étaient toujours présents dans sa tête. L'adolescent avait bien essayé de les recontacter après, aucune réponse ne lui était parvenue. Il se sentait seul, délaissé.

Arrêtant de se torturer l'esprit, ce qu'il détestait le plus au monde –il détestait tout ce qui touchait aux souvenirs et à la mémoire- il se leva en délaissant sa bouteille d'eau à moitié vide et ses photos éparpillées nonchalamment au sol. Il attrapa une pomme et la croqua en mettant sa veste. Il avait besoin de prendre l'air pour penser. Le temps était toujours pluvieux. Il allait friser... Haussant les épaules, le jeune homme s'aventura dehors, prenant une grande inspiration de cet air pur et frais. Son regard se posa sur le ciel gris. N'étaient-ils pas censés être en été ? Où était passé cette saison si apaisante et bienfaitrice ?

Il déambula au hasard dans cette ville qu'il connaissait par cœur. Chacune de ses ruelles, chacun de ses parcs, de ses restaurants. Elle n'avait plus de secret pour le jeune homme. Ironique pour quelqu'un comme lui. Il n'avait pas vraiment besoin de regarder où il allait, connaissant la distance de chaque obstacle sur sa route. Il regardait sans vraiment être là, perdu dans son esprit. Le revoilà qui était là, tout était lié à l'esprit et à la mémoire. Il ne faisait pas attention où il marchait, réfléchissant à son passé, ou du moins ce dont il se souvenait de son passé.

Son regard se perdit sur le parc d'en face. Plusieurs fleurs de différentes couleurs, toutes aussi chatoyantes les unes que les autres, faisant tâche dans ce paysage pluvieux et sombre, mais il manquait quelque chose pour rendre vivant ce lieu de jeu. Les enfants n'étaient pas présent, comme d'accoutumée. Pourquoi la pluie ne plaisait-elle pas ? Le brun l'aimait bien, elle le rafraîchissait, et changeait de ce soleil d'été qui finissait par être trop pesant à la fin de la saison. Malgré ses cheveux qui frisaient, ce qui était clairement embêtant.

Il releva son regard sur les gens qui l'entouraient. Tous marchaient rapidement, certains même courraient, souhaitant éviter l'eau qui se faisait plus brutale dans sa chute. Il aurait presque pu les voir danser et passer entre les gouttes, mais les cheveux mouillés d'un jeune homme le rappela à l'ordre. L'eau mouillait bel et bien.

Ce sentiment aussi, il l'avait oublié pendant un certain temps. Un long soupir lui échappa pour la énième fois de la journée, alors qu'il continuait de détailler les gens autour de lui. Il avait l'impression d'être le seul calme, posé. Était-il au ralenti ? Ou était-ce les autres qui étaient en accéléré ? Il n'arrivait plus à comprendre les choses autours de lui. Un simple effet secondaire, se fit le jeune homme.