Chapitre 13

4.8K 334 87
                                    

Adrien ouvrit la porte de chez lui, puis s' effaça pour laisser passer Marinette. Il portait la valise de la jeune femme, tandis que cette dernière tenait dans ses bras la caisse de transport et les affaires de son chat.

- « Merci encore de nous accueillir », lui lança-t-elle en déposant la cage au milieu du salon et en en laissant sortir un petit félin plus que méfiant.

Le jeune homme lui répondit d'un sourire, tout en se dirigeant vers sa chambre pour y déposer le bagage qu'il tenait encore à la main. La chaudière de Marinette avait rendu l'âme deux jours plus tôt, condamnant la jeune fille à vivre sans chauffage ni eau chaude alors qu'un rigoureux hiver s'était implacablement installé sur la ville. Les températures de son appartement avaient atteint un niveau polaire, et lorsque le réparateur avait soudainement annulé son rendez-vous en déclarant qu'il ne pourrait pas venir avant le mardi suivant, Adrien avait aussitôt proposé à la jeune femme de venir s'installer chez lui en attendant.

Elle avait accepté avec reconnaissance, heureuse d'échapper à la perspective d'un glacial week-end, et tous deux s'étaient mis en route en direction de l'immeuble d'Adrien à peine quelques dizaines de minutes plus tard.

Ce n'était pas la première fois qu'elle venait ici, mais le jeune homme préférait généralement qu'ils se retrouvent chez elle. Il n'aimait guère son appartement, qui lui avait été imposé par son père après d'âpres négociations. Lorsqu'à l'âge de dix-huit ans Adrien avait manifesté des velléités d'indépendance, son père s'était farouchement opposé à ce qu'il quitte le domicile familial. Devant l'insistance de son fils unique, il avait finalement cédé à la condition expresse de choisir lui-même l'appartement dans lequel allait devoir vivre son précieux héritier.

Gabriel Agreste lui avait ainsi sélectionné un logement selon ses goûts. Démesurément immense, impressionnant et austère, où les couleurs froides côtoyaient les meubles aux lignes épurées. Adrien n'avait jamais réellement compris pourquoi son père avait tenu à lui prendre un appartement aussi grand pour lui seul. Il était si vaste que celui de Marinette aurait pu y tenir trois fois sans problèmes, tandis que la moitié des pièces restaient inutilisées malgré le fait qu'il y vive maintenant depuis plusieurs années. Il ne pouvait même pas se permettre de remplir ce gigantesque logement d'un joyeux désordre, son père s'étant assuré que du personnel de ménage y passe plusieurs fois par semaine afin d'assurer de la propreté des lieux.

Non, décidément, il préférait de très loin la chaleureuse atmosphère de l'appartement de Marinette.

Il regagna le salon où le petit chat de de la jeune femme poursuivait ses précautionneuses explorations, ses pattes de velours ne produisant pas le moindre bruit sur le carrelage tandis qu'il reniflait les moindres recoins de la pièce avec circonspection.

Adrien se désintéressa rapidement du minuscule animal pour porter son attention sur Marinette, un sourire amusé se dessinant sur ses lèvres alors qu'il la voyait se débattre avec l'impressionnante quantité de vêtements qu'elle avait empilé sur elle afin de rester au chaud. Elle avait déjà ôté son manteau ainsi qu'un pull en laine épaisse. A présent, elle défaisait laborieusement sa longue écharpe, la faisant tourner encore et encore autour de sa tête, avant de la laisser sur une chaise voisine. Elle se débarrassa ensuite d'un fin foulard, avant de retirer un second pull. Ses doigts fin s'attardèrent ensuite un instant sur sa ceinture, la jeune femme semblant soudain hésiter à poursuivre sur sa lancée tandis qu'elle jetait un regard d'envie à la porte de la salle de bain.

Deux jours.

Cela faisait deux longs jours qu'elle n'avait pas pu s'offrir le plaisir d'une bonne douche, se contentant de rapides toilettes à l'aide d'eau réchauffée dans des casseroles.

- « Vas-y », l'encouragea Adrien avec un petit rire. « Je m'occupe de ranger tes affaires. »




Marinette lui adressa un sourire reconnaissant puis, sans perdre une minute de plus, acheva de se déshabiller aussi vite que possible. Sous-pull, T-shirt, collants, multiples paires de chaussettes faisaient pester la jeune femme tandis qu'elle luttait fébrilement pour se débarrasser des multiples couches de tissus qui recouvraient sa peau. Un soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres lorsqu'elle atteint enfin son but et elle se hâta de rassembler ses vêtements pour les abandonner sur la table du salon, avant de s'engouffrer dans la pièce voisine sous le regard admiratif d'Adrien qui n'avait pas perdu une miette de ce charmant spectacle.

La salle de bain d'Adrien était grande, indécemment grande, surtout au vu des critères parisiens. Néanmoins, il ne fallut que quelques instants à Marinette pour remplir intégralement cet immense espace de vapeur, donnant ainsi l'impression que la pièce avait été soudainement envahie par un brouillard chaud et humide.

La jeune femme savourait avec délice cette douche bouillante, laissant l'eau brûlante courir sur sa peau tandis qu'elle avait l'impression de se réchauffer enfin. Tendant la main vers le robinet, elle augmenta encore la température. Plus chaud, plus chaud, encore plus chaud. Ces derniers jours, son appartement avait été si glacial le froid lui semblait s'être insinué jusqu'au plus profond de ses os, la glaçant jusqu'à la moelle. Il fallait qu'elle se réchauffe.

L'épiderme de Marinette se marbrait à présent distinctement de rouge sous l'effet de la chaleur, mais elle n'en avait que faire. Elle se rinçait à présent les cheveux, laissant le jet d'eau bouillante éclabousser le sommet de son crâne et de ses épaules, levant paresseusement les bras vers la pomme de douche pour ne pas perdre une goutte du brûlant liquide.

Un courant d'air frais caressant délicatement sa chute de rein la fit soudain frémir, tandis que le son d'une porte qui s'ouvre puis se referme parvint distinctement à ses oreilles en dépit du jet d'eau qui clapotait violement dans l'espace confiné de la douche.

Elle sentit une paire de main se poser délicatement sur ses omoplates et un violent frisson parcouru de nouveau sa colonne vertébrale.

Mais cette fois, un frisson de plaisir.

En débit des folles températures que devait certainement avoir déjà atteint son épiderme, elle avait l'impression que sa peau s'était embrasée là où les paumes d'Adrien la touchaient. Les doigts du jeune homme poursuivirent leur brûlant chemin vers son cou, dégageant amoureusement de brunes mèches plaquées par l'eau pour déposer un ardent baiser sur sa nuque.

- « Princesse... », murmura-t-il ensuite au creux de son oreille, d'une voix rauque qui envoya aussitôt une violente décharge électrique le long de l'épine dorsale de Marinette.

La jeune femme se retourna avec précaution, prenant garde à ne pas glisser sur le sol trempé de la douche. Levant la tête, elle réussit à plonger son regard d'un bleu intense dans les yeux verts de son compagnon en dépit de la cristalline cascade qui n'avait cessé de se déverser sur eux. Elle tendit les doigts vers Adrien pour dégager de son visage ses cheveux blonds qui avaient pris des allures d'or liquide, avant d'enrouler ses bras autour de sa nuque, l'attirant contre lui en un langoureux baiser.




Ce ne fut que de longues minutes et une seconde douche plus tard que Marinette sortit finalement de la salle de bain, un doux sourire flottant sur son visage. Tandis qu'Adrien finissait de sécher sa blonde chevelure, elle se dirigea d'un pas légèrement chancelant vers la chambre, avant de se laisser tomber sur le lit.

Roulant sur elle-même, Marinette s'emmitoufla douillettement dans la couette en laissant échapper un petit soupir satisfait.

Sa semaine avait été particulièrement désagréable, mais son week-end commençait extraordinairement bien.



Un soir d'étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant