Chapitre 11

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Assise sur son lit, les genoux recroquevillés contre sa poitrine, Marinette luttait pour retenir les larmes qui menaçaient à tout instant de déborder de l'océan de ses yeux bleus.

Une dispute.

Leur première dispute.

Et ce n'était parti de rien, de tellement rien que ça en était presque ridicule.

Marinette avait passé une semaine difficile, subissant énormément de pression au sujet d'un projet qu'elle devait rendre. Le stylisme avait beau être sa passion, elle avait clairement été au bord de la crise de nerfs ces derniers jours, consacrant tout son temps et son énergie à tenter de finir dans les temps.

La date de rendu de son projet n'était nulle autre qu'aujourd'hui même, et Adrien et elle avaient prévu de se retrouver le soir au restaurant pour fêter l'événement. Marinette avait attendu ce rendez-vous avec impatience, ayant autant hâte de pouvoir se changer les idées que de passer un moment en compagnie son charmant petit ami qu'elle n'avait pas pu voir depuis bien trop longtemps à son goût.

Et il avait eu du retard.

Énormément de retard.

Certes, alors qu'elle était attablée à l'attendre, il lui avait envoyé un message pour la prévenir qu'il n'arriverait certainement pas à l'heure. Étant elle-même d'ordinaire loin d'être irréprochable en matière de ponctualité, Marinette ne s'en était guère formalisé, lui répondant de bonne grâce qu'elle était déjà au restaurant et qu'elle l'attendait.

Et elle avait attendu.

Encore.

Et encore.

Sa soirée commencée dans la joyeuse impatience d'un agréable rendez-vous prenait des allures de naufrage, alors qu'elle était échouée seule à la table d'un des plus grands restaurants de Paris. Ces derniers jours avaient été absolument affreux et cette soirée avec Adrien avait été la seule attrayante perspective de son orageuse semaine. Elle s'y était raccrochée comme un naufragé à sa bouée de sauvetage pour conserver un semblant de bonne humeur, attendant avec une impatience presque douloureuse de pouvoir enfin passer un bon moment avec Adrien.

Et maintenant, vêtue d'une de ses plus belles robes, maquillée et coiffée avec soin, elle espérait en vain qu'il ne daigne la rejoindre.

Un serveur plein de compassion pour la jeune femme en détresse lui fit cadeau d'un verre de jus de fruit, mais cette délicate attention ne fut hélas guère suffisante pour remonter le moral de Marinette. Sa tristesse se mua rapidement en colère, toute l'exaspération et la tension qu'elle avait accumulé durant ces tumultueux derniers jours faisant de nouveau surface, déferlant sur elle comme une onde de tempête.

Elle avait laissé un message acerbe sur le répondeur d'Adrien avant de s'enfuir du restaurant, ignorant ensuite royalement les tentatives d'appels du jeune homme sur le trajet du retour. Mais comble de malchance, elle l'avait croisé juste en bas de chez elle, essoufflé et échevelé alors qu'il se précipitait vers son immeuble. Il l'avait suivie jusque dans son salon, et Marinette avait alors déversé sur lui toute sa rage et sa frustration, vibrant de colère tandis que stress dévorant qu'elle ressentait encore suite à son horrible semaine prenait le pas sur elle.

Puis, abandonnant dans l'entrée de son appartement le jeune homme abasourdi par ce virulent éclat, elle était partie se réfugier dans sa chambre.

Sa jolie robe avait rageusement volé dans les airs, rapidement suivie par ses chaussures. La jeune femme avait ensuite passé une main hargneuse dans ses cheveux, réduisant ainsi à néant le charmant arrangement de boucles brunes qu'elle s'était tant donné de peine à mettre en place et les faisant à présent anarchiquement cascader sur ses épaules.

Un soir d'étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant