— Tu crois qu'il nous voit, Dieu ?
— Pourquoi tu demandes ça, Shizu ?, grogne Jinbei en balançant sa batte de baseball avec tant de violence dans le crâne dans zombie que des bouts de cervelle giclent sur son visage.
— Je sais pas, p'têtre bien qu'il nous juge, de là-haut. J'veux dire, on tue quand même des choses qui étaient humaines, avant.
Elle est vive comme un serpent, Shizuren. Elle tranche net la tête d'un cadavre ambulant avant de l'envoyer valser d'un coup de pied entre deux poubelles renversées.
— Des conneries. Ils sont déjà morts.
— T'as raison. Ça n'a plus d'importance, maintenant.
Elle détonne, avec sa tignasse électrique. Ce n'est pas vraiment discret, mais elle s'en fout. De toute façon, il n'y a plus d'humains pour remarquer son originalité capillaire. Elle balaye du regard la rue, à la recherche d'une baraque - ou même d'une quelconque bâtisse ou s'installer pour la nuit. Droit devant, à droite, une grange. De grands portes en bois intactes. Et peu de zombies à l'horizon. Mais elle ne sourit pas, Shizuren. Elle ne sourit plus depuis longtemps. Depuis que ça a commencé. Il n'y a plus de raison de le faire. Chaque jour peut être son dernier. Et jusque là, elle ne fait qu'obliger les moires à continuer un peu plus longtemps à filer sa vie. Alors, elle tapote le biceps de Jinbei, désignant de la tête leur repère pour la nuit.
— Là. T'es prêt à faire le ménage ?
Jinbei a déjà commencé. Il piétine la gueule d'un mort avant d'éclater la tête d'un second. Il est fort, son frère. Enfin, son demi-frère. Ses gênes à lui, ils sont entremêlés avec ceux d'un coréen. Ses gênes à elle, ils sont entièrement et totalement japonais. Mais ça ne la dérange pas. Les disputes entre les nations, ça n'a plus d'importance, maintenant. De toute façon, ils se baladent dans des rues américaines, bien loin des terres natales. Ici, les portes ne coulissent pas, elles s'ouvrent. Et ce n'est pas plus mal. Au moins, les zombies ont plus de difficulté à les traverser.
En un quart d'heure, le quartier est nettoyé. D'innombrables cadavres - enfin, de corps déjà morts - jonchent le sol. Shizuren raffermit sa prise sur la bandoulière de son sac, se faufilant dans la grange. Jinbei la suit de près.
Il referme la porte, et fait glisser le rondin de bois censé les maintenir closes. Heureusement - même si ça ne leur aurait causé aucun problème - la grande est vide. Ils s'autorisent néanmoins tous les deux un soupir de contentement en s'affalant dans la paille.
— Je prends le premier tour de garde.
Shizuren hoche la tête en calant sa tête sur ses bras croisés. Un oreiller de fortune comme un autre. Pourtant, elle met plus d'une heure à rêver.

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dead men
Terror"Dead men tale no tells." Mais ils marchent, les hommes morts. Ils marchent et ils dévorent les vivants.