— Eh, Gavin. Pourquoi elle continue d'essayer de nous prendre dans ses bras, maman, alors qu'elle a un couteau dans le cœur ?
— Parce qu'elle est déjà morte, maman.
Il ébouriffe la tignasse bouclée et mal peignée de sa petite sœur en raffermissant la prise de ses doigts autour d'un couteau de cuisine. Ils se ressemblent. Les mêmes cheveux bruns, les mêmes yeux verts pétillants, la même façon de sourire.
Et la même façon de le perdre, alors qu'ils se serrent l'un contre l'autre en observant le corps mort s'avancer, encore, encore et encore jusqu'à effleurer la petite fille du bout des doigts. Il n'y a plus d'amour, dans ses pupilles maternelles opalescentes. Il n'y a plus de mots doux, dans sa bouche déformée par les borborygmes de son estomac. Gavin pousse la gamine dans son dos. Cette fois-ci, le couteau s'enfonce dans la tempe. Le sang ne gicle pas. Et Gavin ne tremble pas.
Le cadavre ambulant s'affaisse. Apaisé, peut-être. Ou juste définitivement mort.
— De toute façon, c'était une salope, maman.
Les larmes ne pleuvent pas, dans les yeux verts. Ils sont trop secs, trop injectés de sang. Et Gavin enlace les épaules de sa petite sœur, s'accroupissant pour se mettre à sa hauteur.
Il sourit, mais ses lèvres craquent, n'offrant que des perles carmines à la petite fille.
— Ne fais confiance à personne, d'accord ? Pas même aux visages familiers.
— Pas même à toi ?
— Pas même à moi.
Encore moins à lui. Il caresse doucement du pouce la jolie joue rebondie et enfantine de Cassie, avant de lui flanquer le couteau entre les doigts.
Gavin gravit les marches de l'escalier de la maison quatre à quatre, s'engouffrant dans la chambre maternelle pour y débusquer un vieux pistolet. Il marche encore. Quelques balles garnissent sa crosse. Suffisamment pour lui permettre de faire le ménage.
Suffisamment longtemps pour permettre à Cassie de s'enfuir.
Mais à peine a-t-il atteint la porte d'entrée qu'il hésite. Il perd de sa détermination, le garçon. Parce qu'il sait que derrière cette planche de bois, quatre autres l'attendent.
Gavin serre les dents. Dans son dos, le regard innocent de sa petite sœur lui transperce les tripes. Il sort le premier. Et il tire. Il tire sur tous les corps putrides des environs, sans se soucier d'en rameuter d'autres. Il n'a pas le temps d'être discret, encore moins consciencieux. De toute façon, ils sont déjà une quinzaine à le suivre dans les rues sales.
Il croise les doigts, en tirant son ultime balle entre les deux yeux d'un zombie.
Et il espère que Cassie a filé, loin, très loin d'ici tandis qu'il ramasse le couvercle d'une poubelle en acier pour le fracasser sur le crâne d'un mort qui marche. Il espère aussi qu'il ne crèvera pas aujourd'hui.
Mais il doute déjà de survivre dans les prochaines minutes.
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dead men
Horror"Dead men tale no tells." Mais ils marchent, les hommes morts. Ils marchent et ils dévorent les vivants.