Chapitre 3:

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PDV LORENZO

Nous sommes le deuxième jour. Hier, j'ai eu quelques élèves, mais pas Sally. Au début, je me sentais mal. C'est après l'avoir croisée dans les couloirs qu'elle m'a expliqué que le lundi, elle se consacrait à la photographie le matin et à son temps d'écriture libre l'après-midi. C'est pour ça que j'aime travailler ici, il n'y a aucune contrainte. Les personnes présentes suivent leur propre rythme et finissent par se spécialiser dans l'une des filières que nous proposons. Je me demande ce qu'elle choisira, peu importe si ce n'est pas dans la mienne, tant qu'elle trouve ce qu'elle veut faire. Oui... J'avoue l'apprécier... Énormément. Je ne la connais pas mais... Il y a quelque chose qui me lie à elle... C'est inexplicable. Nous mangeons dans une petite demi-heure, mais j'ai déjà envie de la voir. C'est d'ailleurs pour cette raison que j'arpente les couloirs comme un chien fou. Enzo, ton obsession pour elle en devient ridicule parfois. Mais je m'en contre fous. Je passe devant l'atelier danse de Stella. Je regarde par la fenêtre, et la vois, debout, devant les grands miroirs. Elle marche lentement, sur une musique que je peine à entendre de là où je me trouve. J'ouvre doucement la porte pour ne pas me faire repérer, et me cale dans un coin. Stella m'a remarqué elle, mais je n'y fais même pas attention. Je suis absorbé... Par elle. Elle danse sur "Sail" de Awolnation. C'est une chanson que j'ai toujours apprécié... D'autant plus maintenant. Sally m'impressionne. A-t-elle vraiment tout pour plaire ? J'en ai de plus en plus l'impression. Mes yeux courent sur sa tenue de sport. Un jogging bouffant, une brassière noire, pieds nus, les cheveux noués en une queue de cheval. Wouaw... Son corps effectue des gestes parfaits et totalement en accord avec la musique. Je suis comme... hypnotisé. Stella la regarde d'un mauvais œil. Je connais ce regard... Elle est jalouse. En même temps, il y a de quoi ! La chanson se termine, et je reste interdis. Mon dieu...

-" Bien... Pas mal pour une improvisation Sal " s'étrangle Stella.

Une impro ?? Un niveau pareil en improvisation ?? Ce n'est même pas du talent cela relève du don ! C'est alors que j'entends la douce voix de Sally.

-" La discrétion n'est pas vraiment ton point fort, pas vrai ? "

Je me crispe et presque aussitôt, un sourire pousse sur mes lèvres, réalisant l'ironie de la situation. Je me retrouve à sa place, comme lorsque je l'ai surprise à m'écouter chanter. Je décide de pousser la symétrie des deux scènes à son extrême.

-" Non je le reconnais... Mais la danse est le tien "

Elle se tourne vers moi, et d'un même mouvement, nous explosons de rire. La situation est bien trop risible. J'aime son rire. Il est doux, mélodieux. Je sens mon cœur se serrer un peu, un sentiment nouveau m'envahit, un sentiment que j'avais oublié depuis bien longtemps. Mais je n'en suis pas sûr...
L'énervement de Stella est encore plus drôle. Je sais qu'elle a des vues sur moi, et même si, il y a seulement deux jours, j'envisageais la possibilité de sortir avec elle, je n'en ai plus aucunes intentions. Si je dois sortir avec quelqu'un, c'est avec celle qui me regarde avec une expression que je suis incapable de déchiffrer en ce moment même.

***

Il est 14h00, ma session va bientôt commencer. Durant l'heure du repas, nous n'avons fait que nous chercher du regard. C'était assez troublant pour moi... Le sentiment qui me tordait la poitrine ne faisait que croître au fur et à mesure que nos regards se prolongeaient. Je crois que... Non non, c'est impossible. Penses à autre chose Enzo !
Les élèves qui arrivent forment un petit groupe de cinq. Et parmi eux... Il y a Sally. La voilà enfin... Elle s'est changée. Un jean taille basse, un débardeur moulant gris légèrement relevé et des vans de la même couleur. Un détail m'interpelle soudain, au niveau de sa hanche gauche. Un tatouage. Son débardeur laisse apparaître de fines lignes noires sur sa peau, mais je suis incapable de dire ce qu'elles représentent. Cela m'intrigue... J'ai envie de lui retirer ses vêtements pour le voir, et bien plus encore... Mon dieu je m'égare.
Ils prennent tous place sur les chaises disposées devant moi, mais je n'ai d'yeux que pour elle. Elle est... Comme une lumière qui illumine la pièce. Il faut que je me concentre. Je salue les jeunes gens en face de moi et appuie mon regard sur cette dernière de l'air de dire "Salut toi".
Elle m'adresse un joli sourire et baisse les yeux, gênée. J'aime voir quel effet je lui fais... Cela me rassure, en quelque sorte.

More than two weeks...Where stories live. Discover now