Chapitre 23: Aerstaravitch

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Le jour se lève sur les contrées ténébreuses qui m'entourent.L'obscurité s'éclaircit peu à peu. C'est l'heure de reprendre la route. Traîner trop longtemps dans un endroit exposé au danger tel que cette forêt n'est pas recommandé si ont tient à la vie. Plus vite nous sortirons, mieux nous nous porterons. Je vois sur chacun des visages de mes compagnons que ce lieu leur est pénible. A longueur de temps, j'observe leur visage fermé que j'ai connu plus enjoué. J'observe la peur et la fatigue qui les étreint, qui les dévorent. Et nous ne sommes qu'au début du voyage. Cette pensée m'attriste considérablement mais me soulage en même temps. Qui sait ce que nous rencontrerons durant notre périple? Qui sait comment les choses se termineront. Est-ce que nous rentrerons tous à la maison? Des questions pour le moment sans réponses.

-Etes-vous prêts à prendre la route, camarades? lance Rajan d'un ton joyeux.

C'est bien le seul à respirer la joie de vivre ici. On voit facilement qu'il a l'habitude de ce monde dénué de couleurs. Qu'il a appris à se contenter de cela, qu'il a appris à vivre au milieu de cela. Après tout, il n'a jamais rien connu d'autre. Ce qui n'est pas le cas de mes compagnons, et de moi-même. Mon logis chaud et douillet me manque. La sérénité de mes romans me manquent. Mon étalon, Firestorm me manque. Je veux retrouver la sensation grisante qui me submerge lorsque je le chevauche dans les plaines. Il galope ventre à terre, je sens ses muscles ployer lorsqu'il enjambe des obstacles, la chaleur de son corps qui se propage jusque dans le mien. Le vent qui fouette mon visage et le tourbillon de verdure luxuriante qui m'entoure lors de nos promenades. Je veux retrouver tout ça. Tout comme je soupçonne fortement mes amis de vouloir en faire de même. 

Ceci est mon combat. Je blâmerais presque les dieux de m'avoir obligée à choisir des compagnons de route. Leur place n'est pas ici, ils devraient avoir droit à une vie heureuse où le danger encouru dans ces contrées n'aurait pas sa place. Grace devrait faire des cupcakes, Jake devrait entraîner les jeunes du camp au maniement des armes, Alex devrait faire de la musculation et Dayla devrait torturer des moineaux. Ils ne devraient pas être ici, dans cet océan de malheur. Mais sortir des flots est maintenant impossible. La tempête est trop avancée, trop impétueuse. Elle ne les laissera jamais partir, les condamnant définitivement. 

Dans le langage populaire des adolescents, on peut dire que Rajan s'est "prit un vent". Personne ne lui a répondu mais chacun commence à rassembler mes affaires, se préparant au départ imminent. 

Je m'approche de Rajan afin de le questionner et de le surveiller. Quelque chose cloche chez ce type. 

-Quand sortirons-nous de cette forêt? 

Sa réponse ne se fait pas attendre.

-La forêt de Saïman est très vaste, il faut environ une dizaine de jours pour la traverser. 

J'essaye de ne pas laisser paraître mon trouble, ni mon impatience de sortir de là. 

-Heureusement, nous sommes bien avancé. J'estime que nous devrions en atteindre le bout dans quelques petites heures seulement. 

Mes épaules se décrispent, le soulagement est intenable. Cet imbécile m'avait fichu une trouille monstre.

Mes camarades nous rejoignent finalement. 

Alex a finit par revenir, il était là à mon réveil. Cependant, il ne m'a pas jeté un regard. J'ai même l'impression qu'il m'évite. Autant en avoir le cœur net. Je le rejoins à l'arbre auquel il est adossé.Il ne bronche pas. Je brise le silence. 

-Pourquoi as-tu filé? Où étais-tu? 

Il garde le silence et regarde fixement le bout de ses chaussures comme si c'était la chose la plus intéressante sur l'univers. 

Intensité (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant