Chapitre 4: Plongeon sanglant

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À peine entrée dans le réfectoire, Grace me saute dessus, me demandant si je souhaite aller me baigner durant l'après midi avec elle et ses amis.
-Nous partons à 14h au lac des damnés! Dis oui, ça va être génial! Et puis ce sera l'occasion de faire de nouvelles connaissances!
Devant son air joyeux, je ne me sentais pas la force de dire non.
-Très bien, je viendrai.
-Super!
Sur ce, elle me laisse en plant à l'entrée de la vaste pièce.
-Ne te laisse pas attendrir par Grace. Les anges sont tous des démons dans le fond.
Je fais volte face afin de savoir qui m'a adressé la parole et me retrouve nez à nez avec Dayla.
-N'aie pas peur de t'imposer, si tu es faible, tu te feras bouffer tout cru dans ce camp.
Dayla s'éloigne me laissant dans ma perplexité. Serais-ce une menace?
J'essaye de repérer Jake, pensant que peut être il voudrait déjeuner avec moi comme ce matin mais peine perdue. Après un rapide coup d'œil dans la pièce, je le repère en compagnie d'une grande blonde élancée qui le tient en otage au stand du rose-beaf. Même de là où je suis je peux voir qu'elle le drague ouvertement. La main sur son torse et la bouche à son oreille, elle lui murmure des je-ne-sais-quoi à l'oreille. Lui, ne fais rien pour la repousser. Bien entendu, qu'est-ce que tu croyais Meredith? C'est un mec et il ne s'intéressera jamais à toi point barre. Même si ça fait mal de se dire ça, c'est la vie.
Je garnie une assiette avec quelques carottes râpées, du taboulé, du pain et une saucisse et me dirige vers la sortie. Avant de passer la porte je me retourne une dernière fois dans la direction où se trouvait Jake auparavant, mais ne l'y voyant pas, je sors et me dirige vers mon arbre du matin. La blonde a sûrement eu ce qu'elle voulait.

Je mange lentement, méditant les événements de la matinée.
Comment se fait-il que je me débrouille ainsi à l'épée alors que je n'en ai jamais fais?
Quelle est cette histoire d'excalibur? C'est un mythe, rien d'autre. N'est-ce pas? C'est sûrement un fan de Merlin, une espèce de maniaque, qui a été planter cette épée au milieu de nul part, qui d'autre?
Pourquoi les gens disent-ils des choses si étranges ici? Entre Dayla qui me parle d'anges et de démons ou encore Jake qui me sors cette réplique bizarre "chez les humains" je ne sais que penser.
Il y a aussi le fait que je ne lise pas les pensées des membres du camp.
Aurais-je atterri chez les fous? Peut être ces jeunes sont-ils dans la même situation que moi?
Je ne sais combien de temps je reste assise, là à me retourner la cervelle.

Un groupe de jeunes duquel fait partie Grace arrive à ma hauteur, si bien que celle-ci me demande où sont mes affaires de baignade. Je lui répond que je n'ai pas vu le temps passer et cours enfiler mon maillot de bain et attrape une serviette dans mon bungalow pour les rejoindre en un temps record.

Nous empruntons un sentier en pleine forêt. Ce n'est pas la direction que j'ai prise ce matin alors je m'interroge si il n'y a pas plusieurs lacs. Mes soupçons se confirment lorsque nous arrivons au lieu dit. Ce n'est effectivement pas mon lac. Un sentiment de déception mêlé de soulagement m'envahit. J'avais envie de revoir ce lac magnifique mais d'un autre côté je suis heureuse de pouvoir le garder pour moi.
-Grace? Combien y a-t-il de lacs dans cette forêt? je demande.
Elle se tourne vers moi et répond l'air mystérieux:
-On dit qu'il y en a deux. Seulement personne n'a encore réussi à trouver le lac des élénides. C'est un lieu sacré, rempli de magie et accessible seulement à un nombre restreint de personne. Ici nous sommes au lac des damnés qui est un lac tout ce qu'il y a de plus ordinaire.
- Comment ce "nombre restreint" est-il déterminé? Que faut-il faire pour accéder à ce lac?
-La question n'est pas Que faire? mais Quoi être?
Puis elle s'éloigne, se déshabillant afin de se jeter à l'eau. Je décide de suivre son exemple et enlève mes vêtements que je dispose en un tas compact sur ma serviette de bain. Les autres jeunes sont les amis de Grace, ceux avec qui elle mange. Ne connaissant personne et étant de nature timide, je décide de faire profil bas et d'aller nager seule. Heureusement pour moi, j'ai toujours été une bonne athlète si bien que je nage jusque le centre du lac et me repose en faisant la planche. Mes cheveux flottes autour de mon visage et l'eau caresse doucement ma peau. Une légère brise se lève et atténue ainsi la chaleur torride du soleil haut dans le ciel qui tape sur ma peau immergée.

Des questions, toujours des questions. Pourquoi chaque dialogue avec une personne d'ici me laisse perplexe?
Je le laisse porter par l'eau pendant une dizaine de minutes lorsqu'un cri déchirant retenti au bord du lac. Déstabilisée et effrayée, je reviens sur la rive et rejoins le groupe qui s'est formé autour des roseaux. Je joue des pieds et des mains afin de m'approcher de l'horreur qui tétanise mes compatriotes.

Soudain, devant la vision terrifiante qui m'apparaît, mes yeux s'écarquillent et mon souffle se fait saccadé. Prise d'un haut le cœur, je rends mes tripes dans les roseaux.

Au milieu de ceux-ci se trouve l'impensable.

Un jeune d'une quinzaine d'année git, dans une marre ensanglanté. On ne voit pas son visage car il est tourné vers le fond de l'eau. Mais son dos lui est bien visible. Il est zébré de nombreuses coupures, longue et profondes. La victime doit être morte depuis plusieurs heures car le sang ne s'échappe plus des plaies.

Un garçon blondinet se dévoue afin d'aller chercher de l'aide pendant que le reste du groupe s'éloigne du cadavre. D'ailleurs les amis de Grace sont tous blonds. De vrais chérubins.

Nous n'attendons que peu de temps avant qu'arrivent Aria ainsi que 2 hommes en uniforme noir. Ces derniers arborent fièrement les initiales PSS sur le dos de leur blouson. De larges lunettes de soleil cachent leur visage.

- J'espère que ce n'est pas ce que je pense, dis une voix masculine à mon côté.
Je dévie vers l'endroit d'où provient la voix en question et me rend compte qu'il s'agit de Jake. Je ne l'avais ni vu, ni entendu arriver.
-Qu'est-ce que tu veux dire par là? je demande, curieuse.
Regardant vers le lieu du crime il commence:
-Il y a une vingtaine d'années une série de meurtre a eu lieu au camp. La cause de la mort a toujours été la même: de larges entailles ainsi que des morsures profondes. Des blessures si graves que le corps se vidait de son sang en 10 minutes seulement.
- Le ou les assassins ont bien été arrêtés?
- C'est bien ça le problème. On ne peut pas les arrêter.
Jake m'afflige d'un regard sérieux.
-Pour quelle raison? je réplique peu rassurée par ce que j'entends.
La mine sombre, il satisfait ma curiosité:
- On ne peut pas arrêter les Oonies. Tout ce qui on tenté cet acte sont morts.
-Que sont-ils?
-Des bêtes venant des enfers. Des espèces de chiens noirs énormes , avec des griffes acérés et des crocs dépassant de leur gueule pouvant avaler une tête humaine jusqu'aux épaules. Si tu te fais mordre ou griffer, tu es finis. Le poison coule dans tes veines et aucun remède n'existe dans ce monde.
Un frisson monte le long de mon échine.
-Et je suppose qu'aucune arme ne peut en venir à bout?
Il ferme les yeux et pousse un long soupir puis il poursuit:
-Une seule arme peut tuer un Oonie. L'arme suprême. Je pense que tu sais de quoi je veux parler. Malheureusement, personne n'a encore réussi à briser le sort empêchant quiconque de s'en servir.
Bien sûr que je vois de quoi il veut parler.

Devant ses bêtises je raille:
-Jake, c'est vraiment pas malin d'essayer de me faire peur. Je ne suis pas stupide tu sais. J'en ai marre de jouer à ton petit jeu. Ces énormes chiens n'existent pas. Pas plus que l'épée présente dans la forêt n'est la véritable excalibur pour la simple est bonne raison que ce n'est qu'un conte qu'on raconte aux enfants.
Il se tourne vers moi et plonge son regard au fond du mien.
-Au contraire Meredith. Je pense qu'au fond de toi tu sais parfaitement que j'ai raison. Tu ne veux simplement pas l'accepter. Mais tu sais, sortir de ta petite bulle est primordial si tu veux survivre. Arrête de te voiler la face.

Blessée par ses paroles empreintes d'une petite pointe de vérité, je décide de changer de sujet.
-Que signifie les initiales PSS présentes sur le blouson des hommes vêtus de noirs?
Sans hésitation, il répond:
-Police Spéciale Surnaturelle. Tu n'as pas remarqué que c'est ce que nous sommes dans ce camp? Des êtres surnaturels? Humains non admis ici.
Il m'adresse alors un clin d'œil et je comprends tout. Ma vie n'a finalement été qu'un tissu de mensonges.

Intensité (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant