Chapitre 19: Le penseur

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Je tousse violemment. Mes poumons remplis de poussière me brûlent et m'apportent les larmes aux yeux. Je regarde autour de moi mais ne distingue presque rien à cause de la poussière opaque.

-Alex? Est-ce que ça va? je demande difficilement entre deux toussotements,  la voix rauque.

J'entends un petit éboulement à ma gauche et tend l'oreille. Je retiens ma respiration, essayant de distinguer quelque chose, un signe me prouvant qu'Alex est toujours vivant, ou conscient. Après quelques secondes d'attente, il me répond finalement.

-Oui, je crois bien. Et toi, Meredith? Tu n'es pas blessée?

Je pousse un soupir de soulagement et essuie brutalement les larmes qui perlent au coin de mes yeux. L'irritation est presque insoutenable. Je m'inspecte rapidement avant de rendre mon bilan à Alex.

-Je vais bien. Alex, où es-tu? Je ne te vois pas.

-Ne bouge pas, je vais te rejoindre.

-Où veux-tu que j'aille de toute façon? je réponds le ton légèrement sarcastique.

Un bruit se fait entendre cette fois à ma droite. Puis derrière moi. Soudain, je sens quelque chose de visqueux me frôler, puis s'enrouler autour de ma jambe.

-Alex, je crois qu'il y a quelque chose d'étrange qui me grimpe dessus, je lance, essayant de masquer ma panique. 

Je n'ose pas baisser les yeux pour regarder. Ma panique grandit au fur et à mesure que la bestiole s'avance vers ma cuisse.

-Ne bouge surtout pas, me dit-il en murmurant.

Etant donné la netteté de sa voix, je conclus qu'il n'est plus très loin de moi. Je lui obéis, pensant qu'il sait ce qu'il fait. Espérant de toutes mes forces qu'il le sache. Mon compagnon émerge brutalement de l'opacité ambiante, muni d'un bâton. Avant que j'ai le temps de le voir agir, il se sert de son bâton pour arracher l'animal de ma jambe. Je baisse le regard afin de déterminer la nature de la chose gluante. 

Je n'ai jamais rien vu de pareil. La bête ressemble à un serpent, mais ça n'en ai pas un. Son corps noir est luisant et sa tête est munie de trois yeux rouges. Elle ouvre la bouche et émet une espèce de gargouillement sordide. Contrairement aux serpents, elle ne possède pas de crochets. 

Cette vision me noue l'estomac et un goût de bile remonte dans ma gorge.

Avant que je réalise ce qu'il se passe, l'animal bondit vers nous et Alex se jette aussitôt sur lui, le frappant avec son bâton, puis l'écrabouillant de son pied. La créature gémit longuement, puis elle finit par se taire, définitivement. Plus jamais elle ne poussera ses horribles gargouillis.

Je regarde horrifiée la chose qui s'offre à mes yeux, puis me retourne violemment. Mon estomac se contracte et je suis prise d'un haut le cœur. Alex me rejoint et attrape mes cheveux pendant que je tombe à genoux. Mon coeur bat à cent à l'heure et je sens mes entrailles se tordre. 

Quelques instants plus tard, je me relève avec l'aide d'Alex, puis me tourne vers lui.

-Est-ce que... Est-ce que tu sais qu'elle était cette chose? je demande, esquissant un geste du menton vers le tas amorphe sur le sol à quelques pas de nous. 

Il secoue la tête. Très bien. Peut être un jour trouverons nous la réponse à cette question, mais pour le moment, nous avons un autre problème.

J'analyse rapidement la situation. Nous sommes perdus au fond d'un trou dont nous ne pouvons remonter seuls étant donnés la hauteur. Comment faire? Les autres ne peuvent pas nous venir en aide et nous n'avons aucuns moyeux de les contacter. Il nous faut une solution. Et tout est ma faute. C'est moi qui ai été trouver la chaussette, moi, et moi seule. Le proverbe "la curiosité est un vilain défaut" ne m'a jamais paru aussi compréhensible.

Intensité (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant