2 ~ L'entretien

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"Voilà ! Nous y sommes ! Il est 9h03, j'espère que le Patron ne vous en tiendra pas rigueur...

James jette un regard angoissé à la porte dorée -oui, dorée ! Ce ministre ne se prend pas pour rien...- que je surprends, malheureusement pour lui.

- Et hm... Il est comment ce... Patron ? lui demandais-je, contaminée par sa crainte et par la curiosité je dois bien l'avouer.

- Il a des goûts... particuliers, murmure le jeune homme.

Prise d'une soudaine impression de déjà vu, je l'interroge subitement :

- Ne... Ne me dites pas qu'il a une pièce rouge dans lequel il fait des choses... bizarres ?

Le jeune homme explose littéralement de rire :

- Ça, je n'en sais rien, c'est sa vie personnelle et je ne préfère pas la connaître ! Non, je parlais juste du fait qu'il ne soit pas vraiment celui qu'on croit. Il engage quelqu'un qui se fait passer pour lui lors de discours publics. Enfin, vous verrez ça par vous même en rentrant... Je vous préviens juste qu'il adore l'informatique et déteste les retardataires.

Il me fait un clin d'œil et, voyant que je ne bouge pas, ouvre la porte en me poussant dans la pièce avant même que je j'ai pu lui dire au revoir...

"Bienvenue dans le bureau du Ministre, veuillez me suivre et vous déshabiller s'il vous plaît !

La secrétaire personnelle sourit en prononçant cette phrase tandis que je réagis enfin au sens de ses paroles...

- COMMENT ?! Me... Déshabiller ?! Il est nympho ce ministre ou quoi ? hurlais-je alors que pour la deuxième fois de la journée, je rougis comme une tomate.

Ne perdant ni son sang froid, ni son sourire, Mlle Joyeuse -vous m'excuserez pour ce nouveau surnom, mais cette femme me tape sur les nerfs- reprend :

- Oui hihi ! Mais je ne vous demande pas de le faire devant moi (son sourire s'agrandit) : dans la petite cabine là bas, vous trouverez des vêtements stérilisés ! Monsieur a la santé fragile, ajoute-t-elle comme si ça m'intéresse.

Bon, après tout... Vu que c'est le protocole... J'imagine que je n'ai pas le choix si je veux rencontrer Monsieur. Vraiment, j'aurais mieux fait de laisser mon amour propre chez moi. Enfiler les vêtements d'hôpitaux hideux ne fait que confirmer mon observation. Lesdits vêtements sont orange turquoise, jurant affreusement avec mes cheveux et sont d'une finesse à faire pâlir un fantôme.

Le pire reste encore le moment où la secrétaire -Mlle Joyeuse- est partie dans une crise de fou rire lorsque je lui ai demandé si je pouvais garder mes sous vêtements...

C'est donc humiliée et exténuée que je me présente devant le Ministre, après quelques minutes de paperasse stipulant mon interdiction formelle de parler de la véritable identité du ministre. Cool. C'est parti ! pensais-je avec un entrain un peu exagéré.

La porte s'ouvre sur... Un enfant. Oui oui, un adolescent qui ne doit pas dépasser 16 ans. Ainsi, voilà pourquoi le pays ne doit en aucun cas connaître sa véritable identité : savoir que la Société est gouvernée par un enfant pourrait donner quelques sueurs froides au peuple...

Le gamin est assis comme un roi, dernière son bureau -vous l'avez deviné : doré-. Autour de lui, ses probables serviteurs s'agitent et entreprennent de décliner mon nom, mon prénom, mon groupe sanguin et ma marque de céréales préférée, tout en profitant de l'occasion pour glisser un reproche à propos de mon retard.

Bande de poissons panés, ce n'est pas vous qui avez dû parcourir le ministère d'un bout à l'autre pour trouver cette salle...

Le ministre prend la parole, avec une voix assez instable, me signifiant qu'il n'a pas encore mué. Tu m'étonnes qu'il n'ose pas prendre la parole en public !

"Je vous écoute. Mais j'ai peu de temps alors faites vite.

Vraiment, je ne m'habituerai jamais à cette voix fluette ! Je retiens un gloussement qui menace d'éclater avant de mettre de l'ordre dans mes idées. Il faut l'impressionner.

- 010011010010111010101101011-

- Plaît-il ?!

Un peu déçue, je lui rétorque :

- J'avais ouï dire que vous étiez le meilleur dans l'domaine informatique alors je me disais qu'on aurait pu communiquer en binaire... Enfin peu importe ! Voici la raison de ma présence.

Je laisse passer un temps, pour faire monter la tension, le suspens...

- Oui ?

Oups, visiblement, ça fait déjà pas mal de temps qu'il dure, ce blanc. Je crois que je lui fais perdre mon temps, vu sa mine d'enfant contrarié.

- J'ai trouvé LE moyen de relancer l'économie du pays.

Le gamin se redresse. Aaah, quand ça parle argent, ça devient intéressant n'est-ce pas ? Il m'invite à poursuivre, avide de plus d'informations croustillantes.

- Bon alors, mon principe est simple : il s'agit d'offrir à la population un moyen d'échapper à leur quotidien disons... deux heures par jours en échange d'un impôt : l'impôt du Plaisir.

À ces mots, le jeune ministre se renfrogne, tandis que son conseiller se penche vers lui pour lui prodiguer un conseil (c'est un peu le but d'un conseiller, mais je préférais préciser...).

- Je dois dire, Mademoiselle Desbois que l'idée de procurer du plaisir à mes concitoyens n'est pas vraiment sur la liste de mes priorités.

C'en est trop. J'allais lui crier qu'il était un enfant méchant et un très mauvais ministre, mais je me retiens -de justesse- et me contente de lui opposer mon contre argument :

- Certes, votre grandeur, mais n'est-il pas jouissif de prélever des impôts qui profitent de la notion de plaisir ? Tous les humains de cette planète se plaignent de payer des impôts, mais imaginez que leur argent puisse acheter leur bonheur... Vous pourriez en tirer un profit immense, mon enfant...

Zut, encore une gaffe. Mon discours m'a tellement transcendée que j'ai malencontreusement laissé échapper ce que je pensais réellement de ce garçon. Il n'a pas relevé. Tant mieux.

- Mais dites-moi, jeune fille : qu'attendez vous de moi ? Quels sont vos véritables motivations ?

Il a vu clair dans mon jeu le vilain. Nullement décontenancée, je me décide à lui répondre la stricte vérité.

- Je suis au chômage. Mon projet demande des fonds... plus ou moins conséquents...

- Expliquez moi d'abord votre projet, dit-il d'un air à peine dédaigneux. Vous avez quatre heures."

Seiiiigneur ! Il a enfin été intéressé. À moi de jouer ! Hihihi...

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Bonjour ~
J'avance doucement mais sûrement dans la rédaction de l'histoire !

Comme tout est dans ma tête, il est possible que ce soit... Brouillon/incompréhensible/insensé/(...). Alors je vous invite encore une fois à me faire part de vos impressions hihihi ;3

En publiant l'histoire, j'ai vu que la couverture -réalisée par mes soins- rendait floue... Ouin. À l'occasion, je la referai (ou la changerai on verra) ~

Ps : le portrait de Romi est joint au chapitre ;3

Vala'

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