1 ~ Sur le chemin de la victoire

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L'idiot. Le fouuurbe. Ce gars m'a fait une mauvaise blague, alors que j'étais en train de penser que c'était peut être injuste de donner des surnoms aux gens sans les connaître.
Croyez-moi, l'Ingrat mérite son surnom...

Ce plaisantin -en plus de critiquer mon apparence- m'a envoyée tout droit en direction des toilettes réservées aux visiteurs du ministère. Je peste en silence devant la bêtise humaine, puis décide de pénétrer, non pas dans les toilettes des femmes étant donné qu'il y a une queue folle, mais plutôt dans celles des hommes, désertes.
Me prenant par la même occasion tous les regards méprisants dont la gente féminine pressée est capable.

Même si je déteste l'avouer, Ingrat a raison : je dois mettre toutes les chances de mon côté. Ce que je m'apprête à présenter au Ministre nécessite un petit effort de présentation j'imagine...

Le miroir surplombant les lavabos est minuscule. Quelle ironie : la société actuelle demande aux femmes d'être toujours soignées, mais se regarder dans un miroir est considéré comme -je cite "un acte inutile, vaniteux". C'est une société bien contradictoire dans laquelle nous vivons...

Voyons maintenant le désastre. Enfin, désastre est un bien grand mot : tout ce que l'on pourrait me reprocher, ce sont mes boucles vertes désordonnées. Pour le reste, il va sans dire que je me trouve jolie -un mot presque interdit cela dit-, et que j'aime particulièrement mes yeux (verts, eux aussi : ça vous étonne ?) Pour me donner bonne confiance, je tente d'attacher mes cheveux en chignon.

Paaarfait, tout est paaarfait ! Il suffit que je me le répète pour y croire. Il ne me reste plus qu'à chercher ce fichu bureau par mes propres moyens. Il estt bien entendu impensable de retourner à l'accueil : ma fierté est en jeu, et revoir l'Ingrat me fait rager d'avance !

Bureau 346, bureau 533, bureau 701... Vraiment, qui a eu l'idée de ranger les bureaux de la sorte ? Déjà 3 étages que j'écume, et cet enchaînement illogique va me rendre folle. L'heure fatidique se rapproche sans que je n'ai ne serait-ce qu'une idée de l'emplacement approximatif de cette pièce. Je suis comme une tartine de beurre dans un palais géant...

Très bien. Je dois sortir les grands moyens : inspirer pitié pour obtenir gain de cause. Je ne vous en dit pas plus, au risque de gâcher l'effet de surprise.

Accélérant soudain le pas, je fonce brutalement dans la première personne venue.

"Aie !

- Oh je suis confuuuse ! Vous n'êtes pas blessé ? Acceptez mes plus plates excuses, Monsieur... ? lui dis-je avec un magnifique sourire innocent.

- Bond. James Bond. Il répond à mon sourire par un autre sourire, presque plus beau que le mien : Non, tout va bien, c'est plutôt à vous que je devrai poser cette question.

- Oh, vous êtes un rigolo ! J'ai failli marcher pour votre faux nom ! Tout va bien pour moi aussi, je suis juste un peu secouée, je fais, en simulant un mouvement d'éventail invisible.

Ce genre de mimiques fonctionne toujours... Et c'est une victoire pouuur Romiii ! Le garçon tombe complètement dans le panneau :

- J'en suis heureux ! Mais sachez que je m'appelle véritablement James Bond. C'est un troll de mes parents...

- Oh dur.

Que répondre de plus...

Il reprend -à mon plus grand plaisir- :

- Mais que faites-vous ici d'ailleurs ? Vous cherchez quelque chose, mademoiselle... ?

- Appelez-moi Romi ! Eh bien... En réalité, je m'apprêtais à vous demander si vous auriez l'amabilité de me conduire devant le bureau du Ministre... J'ai un rendez-vous avec lui dans moins d'une minute et je suis encore toute chamboulée par notre... Rencontre violente...

Et hop, un autre petit sourire contrit et c'est dans la poche !

- Aucun problème Romi. Suivez moi !

- Vous êtes A-DO-RABLE ! Merci !"

Nous prenons donc le chemin de ce bureau qui m'a donné tant de fil à retordre.
Sur le chemin de la victoooiiire !

"Que dites vous ?" demande James en se retournant.

Je crois bien que j'ai dit ça à voix haute. Heureusement qu'il m'a interrompue avant que je ne me mette à danser ma victoire...

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Je suis fière de dire que le chapitre -si on ne compte pas cette note- fait exactement 666 mots ! Merci à vous, je n'aurais jamais pu réussir cet objectif sans vous, vous êtes formidabl- *se prend une maison*

Vala'

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