- Chapitre 3 -

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En me réveillant quelques heures plus tard, je suis d'abord un peu déboussolée. Je regarde rapidement autour de moi, mais ne reconnais pas tout de suite où je me trouve. Ce qui est assez compréhensible, étant donné que j'ai passé quatre ans dans la même chambre à la décoration plus que douteuse. Alors, ouvrir les yeux sur une chambre magnifique est quelque peu dépaysement. Enfin, cela l'était jusqu'à ce que je tombe sur une photo de mon frère et moi posée sur la table de nuit.

J'ignorais totalement qu'Arthur avait sauvé cette photo du remue-ménage qu'a fait Julia après son emménagement chez mon père. Je me rappelle qu'il m'avait dit que cette vieille garce avait jeté absolument toutes les affaires de notre mère à la décharge. Je ne sais pas comment il s'y ait pris pour garder celle-ci, mais je dois bien reconnaître que je suis heureuse de la revoir.

Si ma mémoire est bonne, cette photo date du jour où nous sommes venus à Paris. Papa était, comme toujours, au travail. Avec maman, nous avons passé notre journée à décharger les cartons du camion. Je me souviens aussi que notre voisine n'arrêtait pas de nous dévisager. Sur le moment, je n'ai pas compris pourquoi madame Lecompte faisait cela. Mais en grandissant, j'ai vite appris qu'en appartenant à la haute société, nous devons nous contenter de laisser les autres faire à notre place... Un peu comme si l'esclavage était toujours d'actualité en faite. Seulement, maman n'était pas une de ces femmes qui se tournent les pouces toute la journée. Parfois, j'ai l'impression que j'ai hérité de ce trait de caractère... Enfin, bref.

Avant de prendre cette photo, Arthur et moi nous chamaillons pour une raison totalement absurde. Une histoire de gâteau volé, il me semble. Comme à chacune de nos petites disputes, Arthur a fini par me chatouiller. Evidemment, lorsqu'il fait cela je suis incapable de ne pas rire aux éclats. Parfois, il m'arrivait même de pleurer tellement la pression était intenable.

C'est durant l'un de ces moments que maman a pris cette photo. Arthur me tient dans ses bras pendant que je me tortille, les larmes aux yeux, le sourire jusqu'aux oreilles. Qu'est-ce qu'on pouvait être heureux à cette époque...

- Caroline bouge tes fesses de mon lit, lance soudainement Arthur de l'autre côté de la porte. Sinon je viens personnellement t'en sortir...

Merde.

- Pas besoin, j'arrive. 

Je regarde l'horloge et me rends compte qu'il est bientôt huit heures. Si je ne me dépêche pas, je vais être en retard pour mon premier jour... Rapidement, je file sous la douche et cours m'habiller. Je m'inspecte à la hâte dans le miroir de la salle de bain. L'avantage avec les affaires de luxe c'est qu'ils sont toujours parfaits. Je lisse ma petite jupe crayon que je viens d'enfiler et me bat avec le dernier bouton de mon chemisier qui ne cesse de se défaire à cause de ma poitrine... Je boucle très vite mes cheveux que je rassemble en une sorte de chignon avant de rejoindre mon frère au salon.

- Bien dormi Cendrillon ? dit-il en me voyant.

- Oui, assez bien d'ailleurs, dis-je en m'installant à la table. Pourquoi tu es en costume, Arthur ?

- Figures-toi qu'aujourd'hui je bosse...

- Pardon ? dis-je en m'étranglant avec un morceau de croissant.

- Ne te fous pas de moi, Caroline. Tu as parfaitement compris.

- Mais enfin, comment ça se fait ? Enfin, ne le prends pas mal, Art, mais je croyais que ton côté je-me-fous-de-tout était encore d'actualité...

- Il l'est. Sauf aujourd'hui. Bon, sinon, tu as des choses de prévus aujourd'hui ?

- Euh... Oui, dis-je en évitant son regard.

Together [ Caroline ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant