- Chapitre 9 -

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Retournant calmement vers mon groupe, je ne cesse de me demander si je dois parler de mon petit tête à tête à Gabriel ou non... Je sais que je n'ai aucun compte à lui rendre, mais comment réagir quand le grand patron en personne vient me remettre en place ? Tout le monde sait que la relation entre père et fils chez les Forbes est des plus tendues, surtout depuis le tragique accident de Raphaël Forbes, alors je ne voudrais pas créer un énième conflit entre les deux hommes.

A l'époque, la presse française avait classé sa mort comme un simple coup du destin. Raphaël était là au mauvais moment et avec les mauvaises personnes... J'ai conscience que la perte d'un membre de la famille est quelque chose d'affreux, de douloureux, je le sais puisque je l'ai moi-même vécu avec ma mère. Les circonstances de leurs deux morts ne sont peut-être pas identiques, pourtant le poids de la souffrance est le même.

Si l'on en croit les petits bruits de couloir qui circulent, Gabriel aurait fait son deuil grâce aux nombreux alcools forts que l'on trouve dans le commerce ainsi qu'avec la généreuse contribution d'une pluie de jeunes mannequins qui venaient réchauffer la place vide dans son lit... Pourtant, même si tout le monde le catalogue comme n'étant qu'un sale môme arrogant, hypocrite, je n'arrive pas à aller dans leur sens.

Avant mon départ pour le pensionnat, Gabriel était quelqu'un de bon, d'attentionné. Il avait sa petite part de mystère et d'insolence bien évidemment, mais il n'était pas cet horrible personnage que l'on évoque dès qu'il apparaît dans une pièce. Le Gabriel d'avant était le genre de type que toutes les filles voulaient épouser dès qu'elles auraient atteint la majorité alors que maintenant, il est plutôt devenu celui qu'elles évitent toutes... Si on avait la chance de le connaître en dehors des cercles huppées de la bourgeoisie, on pouvait rapidement remarqué qu'il était un jeune homme normal, rien à voir avec tous les autres qui ne pensaient qu'à dilapider leur héritage ou bien qui prenaient plaisir à rabaisser les personnes qui leur étaient inférieures. Je ne dis pas que Gabriel a toujours été un saint, toutefois il était celui qui s'en approchait le plus parmi le groupe d'amis de mon frère...

Du moins, il l'était avant la perte de Raphaël...

J'ai aucune idée de ce qu'il s'est passé dans sa vie depuis ce jour-là, mais à notre première rencontre dans ce parc près du Pont Neuf, il n'avait plus rien à voir avec celui que je connaissais. Si je ferme les yeux, je peux facilement revoir sa tignasse noire mal coiffée, ses yeux rougis par le manque de fatigue évident. Cette nuit-là, il n'était que l'ombre de lui-même...

- Caroline, ici la terre ? lance brusquement Stuart en face de moi.

- Pardon, tu disais ? dis-je en sortant de mes pensées.

- On va boire un verre, tu te joins à nous ?

- Non, désolée, j'ai des projets pour ce soir, commençais-je en rassemblant les quelques feuilles devant moi, mais si vous voulez on peut y aller demain soir ?

Stuart et Sarah me fixent étrangement, un peu comme s'ils savaient ce que je m'apprêtais à faire en sortant de cet immeuble.

- Ah vrai dire, poursuivit Tom, légèrement hésitant, ça m'arrangerait que l'on se retrouve demain... J'ai euh... des choses à faire aussi.

Intriguée, je me tourne vers Tom, prête à le taquiner.

- La soirée de speed dating a finalement porté ces fruits ? le questionnais-je, toute souriante.

- Quoi ? s'étonne aussitôt Sarah. Tu as rencontré quelqu'un Tom ? Mais c'est super ! C'est qui ? Je la connais peut-être ? Oh ! Si ça se trouve elle est dans cette pièce en ce moment ! lance-t-elle en scrutant vivement la salle des yeux.

Together [ Caroline ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant