- Chapitre 8 -

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Suivant Gabriel jusqu'à son bureau, une certaine appréhension prend part de moi. Qu'est-ce qu'il a voulu dire tout à l'heure ? Lui et moi ? Vivre ensemble ? J'espère qu'il s'agit d'une plaisanterie de sa part.

Comment pourrais-je aller chez lui après hier soir ? Le simple fait d'être près de lui me procure tellement de sensation que je n'arrive même pas à y voir clair. Une partie de moi est séduite par la perspective de me retrouver à nouveau seule avec cet homme. Retrouver cette chaleur, cette fougue qui m'a brusquement envoûté la nuit dernière.

Seulement, il ne faut pas que je cède.

Il faut que je garde à l'esprit que Gabriel Forbes est mon patron et non un coup d'un soir que je ne reverrais plus jamais de ma vie. Il faut que je garde un minimum de stabilité dans cette vie chaotique. En revanche, je dois admettre qu'imaginer cet homme à l'esprit tellement torturé devenir mon ancre, ma constante est assez ironique.

Qui aurait cru que j'en arriverais là en revenant à Paris ?

Ouvrant la porte de son bureau, j'entre suivie de près par Gabriel. Je ne peux pas m'empêcher d'admirer les lieux. En général, entrer dans ce type de pièce c'est un peu comme pénétrer dans l'intimité d'une personne. On y découvre des photos de famille, voire pour certain de leur chien. Quelques plantes vertes pour se donner un petit côté écolo mais qui ne trompent plus personne de nos jours. Deux trois diplômes bien mis en avant sur le mur face à l'entrée pour que tout le monde puisse voir que la personne à qui l'on rend visite est bien plus compétente que nous...

Seulement, quand j'observe la pièce qui m'entoure je ne vois rien de tout cela. Les lieux ne sont pas aussi froids et sans vie qu'une chambre d'hôpital, mais presque. Aucune trace d'une potentielle petite amie fièrement posée sur son bureau, aucun diplôme mis en valeur pour rabaisser les autres. C'est comme si Gabriel n'avait pas encore investi les lieux. Il y a quelques dossiers qui traînent un peu partout mais c'est tout. C'est comme s'il naviguait ici tel un fantôme sans attache.

Est-ce que lui aussi subi la pression familiale ?

Le bruit de mes sacs posés sur le sol me tire de mes pensées. Je me tourne vers un Gabriel à la fois pensif mais prêt à parler.

- Il faut que l'on parle, Caroline, commence-t-il, nerveux. Que l'on parle d'hier. Je... Je ne sais pas ce qu'il s'est passé ou ce que j'ai fait mais... Excuse-moi. Je n'aurais pas dû. Nous n'aurions pas dû...

Gabriel penaud, se pince légèrement l'arrête de son nez.

Qu'il s'excuse ? Mais pourquoi ? C'est moi qui suit partie, pas lui.

- Non, Gabriel, tu...

- Laisse-moi finir, s'il te plait, me coupe-t-il en plongeant ses yeux bruns dans le vert des miens. J'ai commis une erreur en t'embrassant et je le regrette. Cela n'était pas professionnel et je te promets que je ne dépasserais plus les bornes à l'avenir.

Au moins, nous avons l'air d'être sur la même longueur d'onde.

- Je... Euh... Je peux rester ? bredouillai-je.

Gabriel me dévisage ne comprenant pas où je veux en venir.

- Dans le programme, je veux dire, l'éclairai-je.

- Bien sûr, Caroline, me sourit-il.

Merci, pensai-je en fermant les yeux le temps d'une fraction de seconde, soulagée par la nouvelle.

Pensant qu'il en a fini avec moi, je m'avance vers le canapé afin de reprendre mes sacs avant d'aller rejoindre mes amis. Seulement, Gabriel ne semble pas être du même avis...

Together [ Caroline ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant