Clove : Une Survivante ?

Le feu

Je suis réveillée par quelqu'un qui me secoue doucement. J'ouvre les yeux. Comme je m'y attendais, c'est Cato. Les autres sont tous levés. Je l'interroge d'un froncement de sourcils. Il me désigne la forêt d'un signe de tête. Je perçois une petite lumière. Un feu. Quel est l'idiot qui a bien pût allumer un feu en pleine nuit ? Je me lève, comme Cato, et nous guidons les autres jusqu'au feu. C'est la pleurnicharde de tout à l'heure.

-Je m'en occupe, chuchote Errah.

Elle sort des buissons. Après quelques secondes, des cris d'agonie se font entendre. Errah revient quand la victime se tait enfin.

-Et de douze ! Plus que onze ! Dit-elle.

Marvel et Glimmer vont fouiller son corps mais elle n'a pas grand chose.

-Mieux vaut se tirer, qu'ils puissent emporter le corps avant qu'il se mette à puer, dit Cato.

Glimmer se met à rire comme si il avait dit quelque chose de drôle. Quel débile ! On se remet en route, sauf que Marvel nous arrête.

-On aurait déjà dût entendre le canon, non ?

-Oui, je ne vois pas ce qui les empêche de descendre la chercher, réponds-je.

-À moins qu'elle soit encore en vie.

-Elle est morte. Je l'ai plantée moi-même, se défend Errah.

-Alors, qu'attendent-ils pour faire tirer le canon ? Ajoute Glimmer.

-L'un de nous devrai retourner là-bas. S'assurer que le travail est bien fait, dis-je.

-Oui, ce serait bête de devoir la pister une deuxième fois, renchérit Marvel.

-Puisque que je vous dis qu'elle est morte ! Crie Errah.

Et on commence à se disputer, quand Joli Cœur nous coupe.

-On perd du temps ! Je vais retourner l'achever. Et ensuite, on bouge.

Il part. Vu la tête de Cato, il n'a pas apprécié le fait que Joli Coeur s'impose. Une fois que ce dernier s'est éloigné, je dis :

-Pourquoi ne pas nous débarrasser de lui tout de suite et qu'on en parle plus ?

-Bah, gardons-le avec nous pour l'instant. Où est le mal ? Et puis, il se débrouille bien avec ce glaive. Sans compter qu'il représente notre meilleure chance de la trouver, répond Marvel.

-Pourquoi ? Tu ne crois quand même pas qu'elle a marché dans cette histoire à l'eau de rose ?

-C'est possible. Elle m'a paru assez bête pour ça. Chaque fois que je me la rappelle en train de tournoyer dans cette robe, j'ai envie de vomir.

-J'aimerai bien savoir d'où elle a pu sortir ce onze, dit Cato.

-Je te parie que Joli Cœur le sait, lui, dit Glimmer d'un ton dédaigneux.

Joli Cœur revient, ce qui nous fait taire.

-Alors, elle était morte ? Demande Cato.

-Non. Mais maintenant, oui.

Le canon retentit.

-On y va ? Propose Joli Coeur.

Sur ce, nous repartons à notre campement. La journée du lendemain se passe sans action, aucun mort. Le soir, nous refaisons des tours de garde. Je prends le dernier tour, juste après Cato. Je m'endors tranquillement, calée contre un arbre.

Je suis réveillée en pleine nuit par une quinte de toux. J'ouvre les yeux, qui se mettent aussitôt à me piquer. Il y a de la fumée partout et il faudrait être aveugle pour ne pas voir le feu consummer la forêt à ma droite. Je n'arrive plus à respirer. Je tente de me lever mais je titube et tombe.

-CLOVE ! CLOVE ! Crie une voix rauque.

-Cato ... Appelé-je d'une voix à peine audible.

Malgré ça, il m'entends et déboule de derrière les arbres. Il a une brûlure au bras. Il me relève et prend mon visage entre ses mains.

-Ça va ?! Tu es blessée ?! Demande-t-il.

-Ton bras ...

-Je vais bien, viens !

On part en courant. Je ne vois pas où je vais, guidée par la main de Cato fermement accrochée à mon poignet. Ma gorge et mes poumons me brûlent. Enfin, nous arrivons à la rivière. Je bois tant que je peux. Les autres sont rassemblés sur la berge. Quand ma gorge cesse de me faire souffrir, je reprends mon souffle. Une fois que tout le monde est soulagé nous décidons de retourner chercher nos sacs que nous avons laissé au camp. Heureusement, le feu ne semble pas les avoir touché. Même si le feu s'est arrêté, nous repartons en direction de la corne. Sauf que je la vois, elle, perchée dans un arbre en nous observant.

Katniss Everdeen.