Le Chien

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Les enfants s’amusaient un jour sous un grand chêne qui était près de la grand-route ; les uns descendaient en courant une pente rapide qui se trouvait à côté ; d’autres cherchaient à grimper sur les branches du chêne ; Jacques et Louis étaient montés très haut et disaient qu’ils voyaient au-delà du bois des choses charmantes et très éloignées.
« Un monsieur qui arrive à cheval, s’écria Jacques.
— Suivi d’un beau chien blanc et d’un chien noir, dit Louis.
VALENTINE. — Où donc ? où est le monsieur ? où est le chien ?
MADELEINE. — Tu vois bien qu’ils inventent et qu’il n’y a ni monsieur ni chien.
JACQUES. — Tiens, le chien blanc a l’air de vouloir venir de notre côté.
LOUIS. — Certainement ! le voilà qui entre dans le bois. »
Valentine court au bois pour mieux voir.
MADELEINE. — C’est pour t’attraper qu’ils disent cela ; ils veulent s’amuser de nous, mais nous ne les croyons pas. »
À peine avait-elle dit ces mots, qu’un beau chien épagneul blanc sortit du bois et s’approcha des enfants.
« C’est pourtant vrai, dit Madeleine ; voilà le chien blanc.
ÉLISABETH. — Pourquoi donc reste-t-il à nous regarder, au lieu de suivre son maître ? »
Le chien se coucha à leurs pieds.
MADELEINE. — Qu’est-ce qu’il fait donc ? Le voilà qui se couche, au lieu de rejoindre son maître, qui va s’éloigner.
VALENTINE. — Jacques, vois-tu le maître du chien ?
JACQUES. — Oui, je le vois, mais à peine ; il est déjà très loin avec son autre chien tout noir.
ÉLISABETH. — C’est drôle, cela. Mais ce pauvre chien va être perdu.
LÉONCE. — Oh ! que non ! les chiens retrouvent la trace de leurs maîtres à dix et vingt lieues. »
Le chien restait toujours couché ; quand les enfants s’approchaient et le caressaient, il remuait la queue, leur léchait la main et avait l’air content.
Quand les enfants voulurent s’en aller pour rentrer à la maison, le chien se leva et les suivit à leur grande joie. Ils l’amenèrent ainsi jusqu’à la maison, et ils demandèrent à leurs parents la permission de le garder.
« Gardez-le tant que vous voudrez, mes enfants, dirent les parents, puisque c’est lui-même qui vous a choisis pour ses maîtres. C’est un beau chien ! Quelle belle queue !
CAMILLE. — Et quelles oreilles soyeuses, et quels beaux poils !
MADAME DE ROUVILLE. — C’est singulier qu’il ait ainsi quitté son maître.
JACQUES. — Et je ne comprends pas comment il a su que nous étions là, et pourquoi il est venu près de nous. Je l’ai aperçu quand je suis monté au haut du grand chêne. Il suivait le cheval de son maître, qui a caressé un autre chien noir : alors le blanc s’est arrêté, a levé le nez comme s’il voulait sentir quelque chose dans l’air, puis il est entré dans le bois et il est venu à nous.
PIERRE. — Comment l’appellerons-nous ?
ÉLISABETH. — Ce ne sera toujours pas Fidèle, puisqu’il a été infidèle à son maître.
LÉONCE. — Ah ! tu fais des calembours ! appelons-le Caprice, car c’est vraiment par caprice qu’il est venu avec nous.
— Très bien ! s’écrièrent les enfants ; Caprice est son nom. »
Le chien, malgré son nouveau nom, restait fidèle à ses jeunes maîtres, et ne permettait à aucun autre chien de les approcher. Les enfants remarquaient avec surprise la haine qu’il témoignait à tous les chiens ; quand il en voyait un qui paraissait vouloir faire connaissance avec lui, ses yeux flamboyaient, ses poils se hérissaient, il était prêt à se jeter sur le nouveau venu, qui s’enfuyait prudemment pour éviter les dents de Caprice.
Il y avait près d’un mois qu’il vivait paisiblement au milieu des enfants, lorsque, dans une promenade qu’ils faisaient sur la grand-route, ils virent arriver un monsieur à cheval suivi d’un chien noir. Le monsieur s’arrêta à quelque distance des enfants, descendit de cheval et s’approcha d’eux.
« C’est le maître de Caprice ! s’écria Jacques.
VALENTINE. — Ah ! mon Dieu, il va nous le prendre !
HENRI. — Tâchons de nous sauver.
PIERRE. — C’est impossible ! Il nous a vus ; le voici qui avance.
— Messieurs et Mesdemoiselles, dit le monsieur en saluant très poliment, pardon si je vous dérange, mais je crois que vous avez un chien qui est à moi et que j’avais perdu depuis quelque temps ; je viens demander la permission de le reprendre.
VALENTINE. — Oh non ! non, monsieur ; je vous en prie, laissez-nous Caprice ; il nous aime tant ! il est si bon !
— Ah ! vous l’avez appelé Caprice, reprit le monsieur en souriant ; c’est bien nommé ; je regrette de vous chagriner, ma gentille demoiselle, mais il faut que je remmène mon chien ; j’en ai besoin pour les chasses qui vont commencer. Ici, Brillant ! ici ! » cria le monsieur d’une voix impérieuse et dure.
Brillant ne bougeait pas ; il restait effrayé et tremblant derrière Camille et Madeleine, en les regardant avec tendresse et chagrin. Il avait l’air de leur dire :
« Mes chères petites maîtresses que j’ai choisies, protégez-moi contre ce méchant maître, qui me traite mal et que je n’aime pas. »
Camille, attendrie par le regard suppliant du pauvre chien, avança vers le monsieur et se hasarda à lui dire :
« Monsieur, nous savons que vous avez le droit d’emmener Caprice, puisqu’il est à vous ; mais nous vous prions tous de ne pas nous en séparer, car il nous a choisis pour maîtres, il nous aime et nous l’aimons ; ce sera un grand chagrin pour nous de ne plus l’avoir.
— Ma chère demoiselle, reprit le monsieur après quelques instants d’hésitation, ce chien n’a pas son pareil pour chasser ; sans lui je n’ai plus de plaisir à la chasse ; il faut que je l’emmène à quinze lieues d’ici, chez mon frère qui m’attend. »
En finissant ces mots, le monsieur salua poliment, s’approcha de Brillant, lui attacha une corde au cou et voulut l’emmener. Mais le chien résista de toutes ses forces ; il ne voulait pas avancer, il se faisait traîner, il se débattait en hurlant plaintivement et en regardant les enfants comme pour implorer leur secours. Les enfants, obligés de céder, étaient très affligés de perdre Caprice : les uns se détournaient pour ne pas voir la lutte du chien et du maître ; les autres regardaient avec les yeux pleins de larmes. Le maître, voyant ses efforts inutiles pour se faire suivre de Brillant, tira de sa poche un fouet de chasse et lui en donna plusieurs coups ; le pauvre Brillant hurla, gémit, jeta sur les enfants un dernier regard d’adieu et suivit son ancien maître, non sans se faire tirer assez fortement ; quelques coups de fouet le firent marcher plus vite. Le monsieur remonta à cheval et partit au trot ; les enfants restèrent consternés.
« Méchant homme ! s’écria Valentine.
SOPHIE. — Vous auriez tous dû vous jeter sur lui et le chasser.
PIERRE. — Nous ne le pouvions pas. Il avait le droit de reprendre un chien qui lui appartenait ; d’ailleurs il était le plus fort et nous n’aurions réussi qu’à faire maltraiter ce pauvre Caprice, qui ne se souciait pas du tout de retourner avec son ancien maître.
JACQUES. — Pauvre Caprice ! comme il va être malheureux avec ce méchant homme ! »
Les enfants eurent beau se lamenter, il fallut bien qu’ils se résignassent à perdre ce chien auquel ils s’étaient attachés et qui avait l’air de tant les aimer.
Ils apprirent par un garde voisin que le maître, qui s’appelait M. Fonnebot, avait enchaîné Caprice, qu’il le menait promener en laisse et lui faisait une vie très malheureuse.
Il y avait trois semaines que Caprice leur avait été enlevé, lorsqu’un ami de M. de Rouville offrit aux enfants un très joli chien caniche avec de belles soies blanches. Ils l’acceptèrent avec plaisir, et dès le lendemain le caniche Follet fut installé dans la maison ; il ne remplaçait pas Caprice, dont il n’avait pas les rares qualités, mais il suivait les enfants partout, et les amusait par ses mouvements lourds et maladroits.
Un jour on était à table ; Follet jappait, s’impatientait pour avoir à manger, lorsque la porte fut poussée, et Caprice se précipita joyeusement vers les enfants. Il avait encore au cou un morceau de sa chaîne qu’il avait réussi à casser, et sa maigreur prouvait combien il avait souffert depuis trois semaines ou un mois. Il avait l’air heureux de se retrouver avec ses amis ; il allait de l’un à l’autre, leur faisait mille caresses, lorsque tout à coup il aperçoit Follet. Il s’arrête comme frappé de stupeur ; il regarde les enfants d’un air de reproche ; toute sa joie disparaît ; il pousse un hurlement plaintif, va lécher la main de chacun des enfants et, sans rien écouter, il reprend le chemin de la porte, laissée ouverte. Les enfants le suivent, l’appellent, Caprice se retourne, s’arrête, paraît indécis, lorsque le gros pataud de Follet accourt également et saute autour des enfants. À l’aspect de son rival, Caprice reprend sa course et disparaît pour ne plus revenir. Il avait fait en courant dix lieues pour rejoindre ses chers petits maîtres. En arrivant, il avait trouvé un autre chien installé à sa place. Son caractère jaloux ne lui permit pas de supporter un rival ; il s’affligea de ce qu’il croyait être l’ingratitude de ses maîtres et il retourna prendre sa chaîne et sa triste existence. Les enfants apprirent qu’il était mort peu de temps après ; il passait son temps à hurler lamentablement, et il mourut dans un état de maigreur effrayant. Il fut très regretté et pleuré par les enfants, qui ne voulurent plus garder Follet.
« C’est lui, disaient-ils, qui est la cause de la fuite et du chagrin de notre pauvre Caprice. Va-t’en ; nous ne voulons pas de toi. »
Follet, un peu bête, ne comprenait pas bien ce que lui disait Léonce et voulait rentrer dans la maison ; mais quelques coups de baguette lui firent comprendre qu’il ferait sagement de s’en aller.
Le beau temps était fini, l’hiver approchait : la campagne n’était plus agréable à habiter ; chacun se préparait à retourner à Paris. Mme de Rouville faisait ses visites d’adieu dans le voisinage ; Camille l’accompagnait. Elles arrivèrent chez une voisine de campagne qui avait un fils et une fille. Pendant que la mère causait avec Mme de Rouville, Camille s’amusait comme elle pouvait avec la fille et le garçon, âgés de douze et quatorze ans.
« Que je voudrais aller à Paris ! s’écria Innocent ; maman n’y va jamais.
— Et moi donc ! que ne donnerais-je pas pour passer un hiver à Paris ! dit sa sœur Simplicie.
CAMILLE. — Paris n’est pas si amusant que vous le pensez ! vous y regretteriez souvent la campagne. Quant à moi, j’aimerais mieux passer toute l’année à la campagne qu’à Paris.
INNOCENT. — Oh ! mademoiselle ! est-il possible ! Comment pouvez-vous dire cela ? Ce n’est pas croyable.
CAMILLE. — Je vous assure que si vous passiez un hiver à Paris, vous ne le trouveriez pas si agréable.
SIMPLICIE. — Et moi, mademoiselle, je vous assure que si vous passiez un hiver à la campagne, vous la trouveriez insupportable.
CAMILLE. — J’y en ai passé plusieurs, et je m’y suis trouvée très heureuse.
INNOCENT. — Vous, mademoiselle, vous qui paraissez avoir tant d’esprit, vous vous plaisez à la campagne !
CAMILLE. — Beaucoup, monsieur ; j’ai sans doute l’esprit trop borné pour en sentir les ennuis ; mais je répète que je me trouve toujours plus agréablement à la campagne qu’à Paris.
SIMPLICIE. — Mais on dit qu’on s’amuse tant à Paris ! L’Hippodrome, le Jardin des Plantes, le bois de Boulogne, les boulevards garnis de boutiques éclairées toute la nuit, les faiseurs de tours de force, les chevaux tournants et tant d’autres choses qu’on ne trouve qu’à Paris !
CAMILLE. — Et la boue, et les voitures qui vous éclaboussent, qui vous écrasent, et les gens qui vous coudoient, et les brouillards qui vous aveuglent, et l’ennui de ne pas voir les personnes qu’on aime le plus, et tant d’autres désagréments qu’on ne trouve pas à la campagne.
INNOCENT. — On peut toujours voir ceux qu’on aime en allant chez eux.
CAMILLE. — On y va, mais on ne les trouve pas ; ils viennent chez vous, vous êtes sorti.
INNOCENT. — Malgré tout, mademoiselle, j’espère, si nous allons cet hiver à Paris, avoir le plaisir de vous voir chez vous et chez nous.
CAMILLE. — Vous pouvez toujours essayer ; ce sera une manière comme une autre de vous promener et de passer le temps.
SIMPLICIE. — Je voudrais bien, Camille, que vous me donnassiez l’adresse de vos cousins et cousines à Paris ; nous irons les voir.
— Très volontiers : je vous la donnerai la première fois que nous nous rencontrerons à Paris. »
La conversation continua ainsi pendant tout le temps que dura la visite de Mme de Rouville, ce qui ennuya beaucoup Camille ; mais elle était trop bonne pour le laisser paraître, et quand elle partit, Innocent et Simplicie trouvèrent qu’elle avait été charmante.
« Comme elle a l’air bon et aimable ! dit Simplicie.
INNOCENT. — Oui ; ce n’est pas comme toi, avec ton air maussade et pimbêche.
SIMPLICIE. — Maussade toi-même, avec ta tournure de grand vaurien et tes manières de singe.
INNOCENT. — Mlle Camille n’aurait jamais dit les sottises que tu dis, toi, à la journée.
SIMPLICIE. — Je n’en dis pas ; et si j’en disais, ce serait pour faire comme toi, mon aîné de deux ans.
INNOCENT. — Tu oublies qu’en qualité d’aîné je suis aussi le plus fort, et que, si je voulais te donner une gifle, elle serait bonne.
SIMPLICIE. — Une gifle ! Comme c’est parlé, ça !
INNOCENT. — Et comment dirais-tu, toi, fille prétentieuse et bête ?
SIMPLICIE. — Je ne dirais pas, mais je ferais. Tiens, comme cela, vois-tu ? »
Et Simplicie, joignant l’action à la parole, donna à son frère un soufflet qui retentit comme une batte sur du linge mouillé. Innocent riposta par un coup de poing qui jeta Simplicie par terre. Pendant qu’elle se relevait, Innocent disparut majestueusement, mais promptement, pour éviter une seconde démonstration de la force et de l’agilité de sa sœur.
Pendant qu’ils se disputaient et se battaient, Camille racontait à sa maman la conversation qu’elle avait eue avec Innocent et Simplicie.
« J’étais si ennuyée de ce qu’ils me disaient, maman, que j’avais toujours peur de leur répondre quelque chose de pas bien, de pas aimable. J’ai été bien contente quand vous vous êtes levée pour partir.
— J’espère bien qu’ils ne viendront pas à Paris et que nous ne les verrons pas ; je n’aime pas à voir des gens prétentieux et qui ne pensent qu’à s’amuser. Comme si l’on n’avait pas à faire autre chose que de s’amuser ! »
Quand tout le monde fut rentré, les enfants se racontèrent ce qu’ils avaient vu dans leurs visites. Camille ne disait pas grand-chose et répondait avec hésitation aux questions que lui adressaient ses cousins et cousines.
SOPHIE. — Mais parle donc, Camille ; tu ne nous racontes rien.
CAMILLE. — C’est que je n’ai rien à dire, c’est pour cela que je me tais.
SOPHIE. — Ce qui signifie que tu n’as rien de bon à dire, et que, pour ne pas dire de mal, tu aimes mieux être ennuyeuse.
JACQUES. — Camille n’est pas du tout ennuyeuse ; je ne vois pas où tu prends cela.
SOPHIE. — Je prends cela dans ma sagesse, car tu sauras que Sophie veut dire « sagesse ».
VALENTINE. — Dans quelle langue, donc ?
SOPHIE. — En grec, mademoiselle l’ignorante.
VALENTINE. — Je ne suis pas obligée de savoir le grec, mademoiselle la savante.
LÉONCE. — Ne vas-tu pas faire la pédante, maintenant, et nous faire croire que tu sais le grec ?
SOPHIE. — J’en sais toujours plus que toi, imbécile.
LÉONCE. — Pas si imbécile que je ne puisse voir que tu es une sotte.
CAMILLE. — Mes amis, ne vous disputez pas, je vous en prie. Si Mlle Simplicie et M. Innocent vous entendaient, ils perdraient leur haute opinion des gens de Paris.
ÉLISABETH. — Ah ! que croient-ils de nous autres Parisiens ?
CAMILLE. — Ils croient que nous sommes les plus heureuses gens du monde…
PIERRE. — Hem ! ils ne se trompent pas de beaucoup.
CAMILLE. — C’est vrai ; mais ils trouvent que notre bonheur est de passer l’hiver à Paris.
ÉLISABETH. — J’aimerais bien mieux le passer à la campagne, tous ensemble comme nous sommes ici.
LÉONCE. — Moi aussi, à la condition qu’on attacherait la langue de Sophie.
SOPHIE. — Celui qui attachera ma langue sera bien habile.
PIERRE. — Aussi ne se présentera-t-il personne pour l’essayer.
SOPHIE. — Et l’on fera bien, car je ne me laisserais pas faire ; je ne suis pas un agneau.
LÉONCE. — Oh ! tu n’as pas besoin de le dire ; cela se voit sans lunettes.
SOPHIE. — Comme tes défauts… et tes bonnes qualités, ajouta-t-elle après un instant de réflexion.
MADELEINE. — Bien, Sophie ! Tu as bien fini après avoir mal commencé. N’est-ce pas, Léonce ?
LÉONCE. — C’est vrai. Je suis battu par la fin de la phrase, qui est agréable et généreuse. Elle a du bon tout de même, cette Sophie !
SOPHIE. — Parce que je t’ai dit quelque chose de flatteur ?
LÉONCE. — Mais non ; c’est la vérité.
CAMILLE. — En résumé, mes chers amis, vous ferez connaissance cet hiver, avec Mlle Simplicie et M. Innocent Gargilier ; ils m’ont demandé vos adresses à tous.
MADELEINE. — J’espère que tu ne les as pas données ?
CAMILLE. — Non, non ! Seulement je les ai promises à notre première rencontre à Paris.
ÉLISABETH. — Qui n’arrivera jamais, j’espère.
CAMILLE. — Peut-être ! et peut-être aussi nos voisins de campagne gagneront-ils à un hiver passé à Paris.
ÉLISABETH. — Que veux-tu qu’ils gagnent ?
CAMILLE. — Du bon sens, de la sagesse, pour être semblables à Sophie.
SOPHIE. — Ah ! toi aussi, ma bonne Camille, tu te moques de moi ! Mais je te prie de remarquer que j’ai parlé de mon nom et pas de ma personne.
CAMILLE. — Je croyais les deux fondus dans un. »
Les enfants continuèrent à se faire part de leurs observations pendant leurs visites de la matinée. Peu de jours après, ils quittèrent tous la campagne et se dispersèrent dans Paris, chacun chez soi. Malgré la difficulté de s’y rencontrer, il n’est pas dit que nous ne puissions les retrouver en nous mettant de la suite de Simplicie et d’Innocent. Ils partent aussi pour Paris. Fermons le livre et partons avec eux. Nous nous amuserons peut-être plus qu’ils ne le voudraient des aventures dont ils seront victimes et dont je vous raconterai tout ce que je pourrai découvrir.

FIN

Les Bons EnfantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant