IV - Neige

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Benjamin est assis à une table, il boit du café. Jean entre, s'assoit aux côtés de Benjamin et observe le public.

JEAN – Tiens, il neige.

BENJAMIN – N'est-il pas ?

JEAN – Comment allez-vous, cher ami ?

BENJAMIN – Que dire ? Ah je sais ! Que ce charmant endroit m'a manqué !

JEAN – J'avais osé espéré que je serais la cause d'un certain manque pour votre personne, mais si ce café atteint plus vos pensées que moi...

BENJAMIN – Ne soyez pas ridicule, Jean. Nous nous sommes vus il y a à peine un mois.

JEAN – À votre mariage, n'est-ce-pas ?

BENJAMIN – Pas depuis ?

JEAN – Vous oubliez votre nuit de noce. Vous deviez vous réchauffer. Nul besoin d'un ami dans ces moments.

BENJAMIN – Je comprends votre rage, mon ami. Mais vous souvenez-vous de notre dernier rendez-vous ici même ?

JEAN – Comme si c'était hier. Bien que cela date d'un an jour pour jour.

BENJAMIN – Vous avez compté ?

JEAN – Que faire d'autre ?

BENJAMIN – Vous occuper de Justine.

JEAN – Ah ma belle petite Juju... Brigitte en a obtenue la garde.

BENJAMIN – Pardonnez-moi. Je n'étais pas au courant.

JEAN – Je n'avais pas voulu vous déranger durant votre mariage avec cela. Quant à après... C'est aujourd'hui notre première rencontre depuis.

BENJAMIN – Vous auriez dû. Je n'ose imaginer la peine que mon bonheur a dû vous inspirer en ce jour béni.

JEAN – Ne vous en faites pas, mon ami. Justine sera mieux sans moi.

BENJAMIN – Pauvre enfant ! À peine trois mois et voilà qu'elle est privée de père.

JEAN – Elle ne le sera pas. Je lui rendrai visite.

BENJAMIN – Bien sage décision, mon ami.

JEAN – Mais parlons donc de vous et de Marion. Se porte-t-elle bien ?

BENJAMIN – Non, mon ami, hélas. Voyez-vous, elle est sujet à de nombreux maux de ventre. Je crains qu'elle ne soit malade. Après notre voyage de noce en Pyrénées, elle aura dû souffrir des décalages thermiques.

JEAN – De toute évidence.

BENJAMIN – Elle s'en remettra. C'est une coriace, ma petite Marion.

JEAN – Le trajet s'est-il bien passé ?

BENJAMIN – Excellemment, cher ami. Grâce à ma subite augmentation, je nous ai offert des billets en première classe. Champagne à tous les repas.

JEAN – Vous n'avez pas dû en avoir tant.

BENJAMIN – De champagne ?

JEAN – Non, de repas. Les Pyrénées, ce n'est pas si loin.

BENJAMIN – Mais très certainement, mais ce fut pourtant divin.

JEAN – Vous m'en voyez ravi.

BENJAMIN – Marion et moi même vivons nos plus beaux moments. Vous aviez raison. Le ciel me comble et j'ai décidément pris goût à la vie que Marion m'offre aujourd'hui. Je suis prêt maintenant à affronter la vraie vie, cher ami. Et ce grâce à vous.

JEAN – Il n'y a pas de quoi me remercier, voyons. Entre amis, c'est normal.

BENJAMIN – Je tiens d'ailleurs à vous inviter ce Vendredi à une soirée mondaine où je me rendrai avec ma petite Marion. Notre hôte sera ravi de votre présence. Je lui ai longtemps parlé de vos talents de conseiller. C'est un bon ami, croyez-moi. J'ai ouï dire qu'il était d'ailleurs célibataire et à la recherche d'une femme. Peut-être pourriez-vous jouer les entremetteurs ?

JEAN – C'est là une bonne proposition, cher ami. Je ne me vois pas la refuser.

BENJAMIN – À la bonne heure !

JEAN – Néanmoins, j'ai déjà quelque-chose en prévision ce Vendredi.

BENJAMIN – C'est-à-dire ?

JEAN – Brigitte m'a accordé un week-end, Vendredi compris, avec ma petite Juju.

BENJAMIN – Oh mais ne vous en faites pas, c'est tout-à-fait compréhensible, cher ami. Disons que c'est partie remise ! Je tâcherai de vous inviter, vous et mon ami, chez moi d'ici peu. Je prétendrai un problème en cuisine et m'y cacherai avec Marion le temps que vous parliez affaires.

JEAN – Vous me rendrez là un fier service, cher ami !

BENJAMIN - Il n'y a pas de quoi me remercier, comme vous dites. Entre amis, c'est normal.

JEAN – Je revois en vous le fier ami que j'avais rencontré au lycée.

BENJAMIN – Les années passent mais nous restons les mêmes.

JEAN – Non, bien sûr que non.

BENJAMIN – Plaît-il ?

JEAN – Vous êtes plus matures et responsables que vous le fussiez à l'époque. Vous avez aujourd'hui toutes les raisons d'être fier de votre personne.

Un téléphone sonne. Benjamin prend le sien et décroche.

BENJAMIN – Oui, allô ? Ah c'est toi... Calmes-toi, je... Comment ça ? Oui, je... Non, bien sûr mais... Bon, tout-à-fait. J'arrive.

Benjamin raccroche et range son téléphone.

JEAN – Qui était-ce ?

BENJAMIN – Marion.

JEAN – Et que voulait-elle ?

BENJAMIN – Elle attend un enfant.

Benjamin se lève et sort.

Cher AmiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant