Chapitre 5

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- Et là tu l'as repoussé ? s'exclama Amy. Non mais... T'as même pas couché avec lui !!

Le prof de maths toussota et lança un regard noir à Amy. Je rougis, morte de honte. Pourquoi lui avais-je raconté toute ma soirée de la veille déjà ? Je lui fis signe de se taire mais apparemment c'était au dessus de ses capacités.

- Franchement, des fois, je ne te comprends pas Calie. T'as plein de mecs à tes pieds et tu les repousses tous sans même avoir apprécié un seul baiser.

Je souris. Je ne lui avais pas dit, pour le baiser d'Aaron. Et je n'en avais pas envie. Ça resterait entre nous. Juste lui et moi. Après tout, on était seuls dans ce jeu.

- Moi, à ta place, je l'aurais maintenu en haleine jusqu'au matin, continuait Amy en faisant de grands gestes. Qu'est-ce qui t'a pris de le virer juste au moment où tu allais enfin pouvoir...

- Bon, Mademoiselle Fox, l'interrompit furieusement le prof, changez de place. Ce n'est pas que les histoires de coucheries de Mademoiselle Calie nous désintéresse mais l'heure est aux mathématiques, pas vraiment à la sexualité. Quoique, Calie, je vous félicite de ne pas l'avoir fait dans les couloirs, cette fois. Bon maintenant, reprenons. Qui peut résoudre ce problème ?

Amy pouffa tandis que je piquais un far. Il me semblait que tous les yeux étaient braqués sur moi. Il ne pouvait pas faire plus discret l'autre ! Je savais qu'il m'en voudrait pour mon infraction dans les couloirs mais franchement, il était sévère là ! Je m'avachis sur ma table et griffonnai tout ce qui me passait par la tête sur mon cahier. En plus, j'avais horreur des maths. Soudain, on toqua à la porte. Le prof pesta à voix basse puis ouvrit la porte. Aaron.

- Tiens, jeune homme, je ne pensais pas vous voir un jour dans mon cours, le railla-il.

- Moi non plus. Je pensais qu'après plus de mille ans de transmission culturelle, vous seriez mort avant que je n'arrive à franchir la porte.

Le prof sembla s'étrangler. Son teint vira au violet. Il explosa et se mit à crier tout et n'importe quoi sans que l'on ne comprenne rien à part « Vous êtes virés ! Vous êtes virés ! ». Mais Aron s'en moquait royalement.

- Juste... J'ai quelque chose à faire avant, Monsieur. Je n'ai pas fait le lourd effort de venir jusqu'ici pour rien ! plaisanta-t-il sur un ton sérieux.

Outré, le prof paraissait pétrifié. Il regarda Aaron traverser la salle jusqu'à moi et me tendre avec un sourire ultra craquant une rose rouge.

- Tiens, ma princesse, murmura Aaron à mon oreille.

Je saisis la fleur mécaniquement et le regardai, ébahie. Avoir autant de toupet à son âge...

- Merci... balbutiai-je d'une voix blanche.

- C'est toujours un plaisir de te servir, poulette.

Il effectua une révérence devant moi, comme si on était trois siècles en arrière. Je ne pus m'empêcher d'être émerveillée et même... conquise, par son attitude. On ne m'avait jamais témoigné autant de romantisme, d'attention. Aaron partit ensuite de la salle sans m'adresser du bout des doigts un baiser. Quand la porte claqua, le prof était toujours aussi violet et la salle entière me dévorait des yeux. Puis soudain, tout éclata. Le prof se mit à hurler et me vira de cours sans vraiment m'en expliquer la raison. Il se mit à injurier je ne savais trop qui tandis qu'un brouhaha monstre emplissait la pièce. Apparemment, ce qu'Aaron venait de faire constituait un scoop. Je rassemblai mes affaires et sortis de la salle. Au point où j'en étais, louper une heure de cours ne pouvait me faire que du bien.

Au lieu de me rendre à la vie scolaire –je préférais éviter l'interrogatoire et toutes les sanctions- je me rendis aux toilettes et m'enfermai dans une cabine. La musique à fond dans les oreilles, je laissai passer le temps. Je restai bien là une heure, une heure et demie, peut-être plus. Je m'en foutais, du moment que je ne sentais plus le regard des autres sur moi... Au bout d'un moment, une porte claqua et il me sembla entendre mon nom. J'enlevai mes écouteurs et tendis l'oreille.

- Oui... J'te jure, avec Aaron ! disait une voix féminine enjouée. Il lui a offert une rose.

- La salope... Calie, tu dis ? marmonna une autre.

- Ouais. Calie Jackson.

- OK. Renseigne-toi sur elle. Je veux tout savoir.

Un frisson me parcourut. C'était qui cette folle ? La porte claqua encore et le silence revint. Je balançai mon Ipod dans mon sac avec mes écouteurs et fonçai jusqu'à ma prochaine salle de cours.

Courant comme une dégénérée, je rentrai dans quelqu'un au tournant d'un couloir. Je tombai à la renverse et m'étalai piteusement.

- Ça va ? me demanda Léo en me tendant sa main.

- Ouais... On va dire ça.

Léo passa une main dans ses cheveux –signe qu'il était embarrassé- et me dit, hésitant :

- Il parait qu'Aaron Wolf t'a offert une rose.

Il avait dit ça comme un reproche, avec une expression totalement défaite. J'aurais voulu lui dire que c'était faux, qu'Aaron se moquait complètement de moi, mais je ne pouvais pas. J'acquiesçai d'un mouvement de tête et Léo soupira. Il semblait vraiment bouleversé.

- Alors ça y est, t'as enfin trouvé ton prince charmant.

C'était davantage une affirmation qu'une question.

- Tu te trompes, Léo. Ce n'est qu'un jeu, je te l'ai déjà dit.

- Mais ça te plait, n'est-ce pas ?

- Non. Enfin si... Un peu. Mais ça ne durera pas, juste le temps que l'un perde.

- Que tu tombes amoureuse de lui, tu veux dire. Ce gars est un sale type. Il sait très bien que tu n'as aucune chance de le séduire. Je le sais aussi.

- Parce que tu crois que je n'ai aucun charme ? m'offusquai-je.

- Je n'ai pas dit ça. Au contraire. Je l'ai appris à mes dépends.

- Léo... ?

- Ne te fais pas d'illusions. Ce mec te manipule. Dès qu'il t'aura mise dans son lit, il te jettera. Comme toutes les autres.

- Ce n'est pas ce que tu crois.

Léo esquissa un sourire mélancolique, agacé presque, puis me tourna le dos.

- Tu ne pourras pas dire que je ne t'avais pas prévenue, fit-il en partant dans un autre couloir.


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