À la croisée des Mondes ( EN RÉÉCRITURE )

Chapitre 8

Diane, en voyant les mines déconfites de ses coéquipières, ne pût s'empêcher de sourire. Elle tapa sur le clavier, entra le mot de passe ( #TeamIronMan ), une longue liste d'élèves et leurs dossiers scolaires s'affichaient à l'écran. Elle regarda le visage des deux filles avec un grand sourire fier. Elle haussa les sourcils, comme si elle voulait dire : " Vous avez vu ça ? C'est qui la meilleure, maintenant ? ", ce qui amusa les deux autres filles.

Se relayant à de nombreuses reprises, les trois jeunes filles répertorièrent l'identité de chaque garçon absent fréquemment et leurs absences respectives. Eliminant différent nom de leur liste d'hypothèses, elles réussirent au bout de quelques heures à se constituer une dizaine de prénoms valables. La feuille imprimée, Phoebe en fît la lecture à haute voix, afin de débattre sur chaque personne susceptible d'être un protecteur.

" Kol Hathaway,
Alec Murdrek,
Lucien Padilla,
Lèon Comello,
Mikael Doyle
Eliot Fields,
Nyko Valdrik,
Jace Atkins,
Kyle Cohen
Luke Sheperd et
Noah Belwa.
- Je peux l'affirmer d'entrer de jeu : Eliot n'est pas un protecteur. Affirma Lyra.
- Comment peux-tu en être aussi sûre ? Questionna Diane.
- C'est mon meilleur ami, je le connais par cœur, ses absences sont justifiées par de réelles raisons. En plus, s'il avait un quelconque air de chevalier protecteur de magiciennes, je le saurais. Dit Lyra d'un air déterminé.
- D'accord, alors Eliot Fields éliminé. Il n'en reste plus que dix sur la liste, il faut en écarter encore six. On se répartit pour une observation sur le terrain ? Demanda Phoebe, motivée par son plan établi avec soin. Elle raya le prénom de Eliot de la liste, à la demande de Lyra.
- Oui ! Ça a dû bon le travail d'équipe. Dit Lyra, souriante.
- On est pas une équipe. Je vous ais aidé pour l'entrée par effraction au lycée; car vous en aviez besoin, mais pour moi, ça s'arrête là. Affirma Diane.
- Quoi ? C'est une plaisanterie ?
- Non. À ce que je vois vous n'avez pas encore compris : je ne veux pas faire équipe avec vous, toute cette histoire de magie ne m'intéresse pas, et je ne vois pas pourquoi je vous aiderai davantage.
- Mais Diane... On faisait un bon travail d'équipe à trois. Pourquoi es-tu comme cela ? Demanda Phoebe d'un air triste."

Diane affichait une expression étrange, comme si, elle devait se convaincre elle-même de ce qu'elle disait. Elle se voilait la face. Phoebe observa son attitude sans dire un mot, contrairement à Lyra, qui s'énerva une fois de plus face à de tels propos.

" On est pas assez bien pour toi, n'est-ce pas ? C'est ce que tu te répètes devant ton miroir chaque matin, que personne n'est assez bien pour sa majesté ? Ne t'inquiète pas, on l'avait compris que nous étions "invisibles". Redis le, je m'en fiche royalement. Mais, redescends sur terre, on a un réel problème maintenant et tout de suite. Et que tu le veuilles ou non, il faudra que tu y participes.
- Penses ce que tu veux, cela ne m'intéresse pas. Je n'ai besoin de rien ni de personne pour m'enlever mes pseudo "pouvoirs". Affirma-t-elle en levant le ton, en se dirigeant vers la sortie. "

Lyra rumina sa colère en elle, lors du trajet pour retourner à son appartement. Elle monta les escaliers de bois en injuriant cette diva dans sa tête. Elle avait un grand besoin de se défouler. A peine rentrée dans son appartement, elle balança son sac dans l'entrée, et attrapa ses gants qui traînés en vrac sur le canapé du séjour. Dégageant le gros punching ball caché derrière une porte, elle le mît au milieu de la pièce, et le frappa à mainte reprises. En enchaînant les mouvements de charp-chui, de chap-jeong et autres, appris par son oncle, Lyra s'entraîna jusqu'au petit matin.

Soudain, une personne frappa à sa porte. Lyra attrapa une serviette au passage. Elle ouvrit la porte, en s'essuyant les gouttes de sueur qui perlées sur son visage.
" Pourquoi es-tu énervée si tôt, ma petite ?
- Tante Hay Lin, ne vous inquiétez pas. J'avais juste du mal à dormir.
- J'ai un remède miracle contre le manque de sommeil : un mélange de camomille et de lavande. Je t'en fais ?
- Merci; mais je dois me préparer pour aller au lycée, et je ne suis pas en avance. Remercia Lyra en lui administrant un léger bisou sur la joue, avant de filer dans la salle de bain. "

Hay Lin, assez préoccupée par l'état de sa nièce depuis quelques jours, ne pût s'empêcher de fouiller dans ses affaires, afin de trouver un quelconque indice sur son étrange comportement. Elle chercha dans les placards du dressing, dans les tiroirs de sa chambre, sans grande découverte. En se dirigeant vers la cuisine; elle fît tomber un sac en cuir à la renverse. Des feuilles et des cahiers jonchèrent le sol. En tentant de réparer sa bétise, la tante de Lyra regarda plus attentivement une feuille qui ne semblait pas être d'une matière particulière. Une liste de prénoms se trouvait sur cette feuille de papier. Ne reconnaissant que le prénom de Eliot, à côté duquel il y avait les inscriptions "rejetté", Hay Lin remit la feuille dans son sac, sans s'y attarder.

Elle les cherche. J'espère qu'elle les trouvera vite.

Lyra sortît subitement de sa douche, et surprit sa tante en plein rangement. L'appartement n'était pas des plus ordonnés, elle en convenait bien, et cela faisait toujours plaisir, quand sa tante venait l'aider un peu. Elle sourit à la vue de cette dernière regardant l'appartement comme si c'était une porcherie. Elle lui fît 'au revoir' de la main, dévala les escaliers et prît la direction du lycée.

Épuisée et encore énervée de son entraînement imprévu de cette nuit, Lyra n'avait pas prêté attention au nouveau mal de crâne qui s'emparait d'elle. Elle subissa les premières heures de cours, avant de demander à l'infirmière du paracétamol pour faire passer la douleur. En vain, la douleur redoubla l'heure d'après.

Effondrée sur sa table de cours, elle agonisait en pensant au reste de la journée qu'elle allait devoir endurer. Son regard perdu vers la fenêtre de classe, elle tenta de penser à autre chose que le mal qui la rongeait. Faisant rouler son stylo sur sa table en plastique blanc, Lyra ne prêta plus attention au cours.

Elle fût réveillée de sa agonie par la voix criarde de sa professeur de langue. D'un ton dédaigneux, elle avait demandé à Lyra d'aller lui chercher des craies dans la classe suivante. Mettant son humeur massacrante de côté, Lyra alla exécuter son ordre. Sur le court trajet entre les deux classes, Lyra se prît la tête entre les mains. De douleur, elle s'agenouilla sur le parquet de bois brut. S'agrippant d'une main au bord de la fenêtre, Lyra eut du mal à respirer. Elle s'éffondra le long du mur. La douleur grandissait en elle, elle allait tout simplement exploser.

Subitement la douleur disparaissa, laissant Lyra au sol, complètement perdue. Elle se releva, et remplit sa mission avec l'appréhension que la douleur revienne. En entrant dans la classe, tous les élèves la regardèrent étrangement.
Elle connaissait ce regard, l'homme qui l'avait bousculé au marché nocturne avait le même.

Pas encore... Pensa Lyra, épuisée.

Ne sachant quoi faire, elle s'assît par terre en attendant qu'elle redevienne visible aux yeux de tous. Elle alla chercher son sac à sa place pour patienter en musique. Le regard de son voisin de classe fût troublant. Il avait regardé le sac, puis s'était frotté les yeux comme pour faire disparaître un doute. Lyra constata alors que ce n'était pas simplement son corps qui disparaissait, mais aussi les objects qu'elle touchait. Après cette découverte des plus étranges, elle s'assît alors calmement en prenant soin de ne rien toucher. 

Son regard se posa sur Phoebe, elle aussi était en bien mauvaise posture. Elle était courbée, la tête entre ses bras, et se tordait de douleur. Son maux de crâne n'avait pas dû encore s'arrêter. Lyra compatît envers sa coéquipière, cette douleur était atroce et elle ne la souhaiterait même pas à son pire ennemi. Phoebe commença à se balancer en avant et en arrière, elle devait essayer de contrer la douleur.

Soudain, un vent violent souffla dans la classe. Les fenêtres s'ouvrirent en grand, les feuilles volèrent, les élèves étaient tombés à la renverse. Seule Phoebe resta en place, toujours en position de protection. Une sorte de tornade mélant feuilles et stylos se déclara dans la salle de classe. Les élèves sortirent en panique. Lyra resta là, assise au pied du mur, regardant ce spectacle impressionnant. La tempête s'arrêta d'un coup, puis Phoebe posa sa tête sur son bureau, complètement épuisée, tournée vers les grandes fenêtres donnant sur la cour.
Elle regarda ensuite en direction de Lyra, et prononça d'une voix faible : "Diane...".