Colorful ( y.j )

V

31/10/16 :

Octobre avait été un mois ingrat.

Je ne suivais plus, je n'y arrivais plus, je me traînais à présent. Le lycée ne me réussissait pas, le sommeil et la lucidité me manquaient cruellement et tout le monde commençaient en s'en apercevoir.

Je me suis isolée avant que tout ça n'aillent trop loin. Je devenais agressive et violente faisant ressortir par ailleurs ma vraie couleur. Maintenant je passais mes nuits et mes jours recroquevillée dans mon lit en pensant à lui. Comment si prenait-il pour avoir un effet aussi néfaste sur moi ? Comment arrivait-il à posséder chaque parcelle de cet esprit tout étriqué ? Toutes ces questions sont restées sans réponse, Yoon Jeonghan ne me le dira jamais, jamais il ne m'apaisera.

Nous étions actuellement lundi et il ne restait plus rien dans mon frigo, faire les courses était devenue une urgence et vivant seule, personne d'autre ne pouvait les faire à ma place. Je m'étais alors couverte le plus possible et étais sortie pour aller à la supérette du coin. Sur le chemin tout était si calme. Je savais qu'il n'était que sept heure du matin et que le soleil se levait à peine mais c'était étrange et soulageant de ne croiser personne.

La porte de la supérette qui n'était pas automatique émit un bruit de cristal brisé quand j'entrai. Cela fit retourner le caissier. Il me sourit et je fis de même de façon plus hésitante. Les néons qui clignotaient légèrement à cause de leur mauvais état me faisaient mal aux yeux. Je détournai le regard vers les vitres qui me laissaient voir le ciel violet taché de rose. Je pris un panier en plastique et commençai à faire le tour des rayons prenant ce qui m'était nécessaire.

Quelques minutes plus tard tout était déjà terminé. Je me dirigeai vers la caisse et posai mon panier dessus. Le regard insistant du caissier me rendait mal à l'aise, je venais souvent ici et à chaque fois le même manège : il me fixait toujours avec ce sourire en coin que je lui aurais fait avaler depuis longtemps si je n'avais pas une image à garder.

Un silence de mort planait dans le magasin jusqu'à ce que la porte s'ouvre laissant entendre le bruit de cristal brisé qui m'agaçais tant. Le caissier détourna son regard si insistant et sourit au nouveau client en lui lâchant un « Bonjour ». J'aurais voulu moi aussi sourire au client mais c'était lui, la dernière personne que je voulais voir . Lui, il le fit. Il me sourit sans hésitation :

« Bonjour Mary, tu es toute pâle ! Tu vas bien ?» dit il en se rapprochant de moi.

J'étais pétrifiée, il venait de passer sa main sur ma joue, notre premier contacte physique.

« Ça n'a vraiment pas l'air d'aller » continua-t-il devant le regard intéressé du caissier

Non effectivement ça n'allait pas, j'avais mal. Plus sa peau était en contact avec la mienne plus j'avais mal au crâne. Je le regardais avec détresse, j'avais tellement mal mais il me sourit de nouveau, pas ce sourire innocent qu'il avait affiché quand il était entré. Non. L'autre celui qui m'était réservé. Ce sourire malsain qui m'avait persuadé qu'il n'était pas un ange malgré son apparence. Touchée. Soudainement quelque chose avait éclaté dans ma tête, j'étais tombée au sol. Le caissier était parti dans l'arrière boutique en m'ignorant et lui était resté là à me regarder avec ce rictus effrayant sur le visage. Mon corps avait commencé à convulser. C'était atroce. J'étais clouée au sol avec des convulsions, toutes plus douloureuses que les autres. Mais que m'arrivait-il !?

Ma vue devient trouble jusqu'à ce qu'elle me soit complètement enlevée.

L'obscurité était tout ce que je voyais maintenant et seul sa voix me faisait garder conscience.

« Pauvre petite Mary, je t'avais dit que ça n'avait pas l'air d'aller... »