Chapitre 4 : Faucheuse d'étoiles

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Ombelline avait oublié son parapluie en allant au lycée ce matin, la météo prévoyait du soleil. Encore une preuve que la météo n'est jamais fiable ! Lorsqu'elle passa le portail du lycée, elle sentit une goutte glacée, puis deux, puis trois, puis tous les nuages déversèrent leur chagrin sur la jeune fille, bientôt trempée.
Heureusement, c'était la fin de la journée, elle avait hâte de voir Tristan !
Ce dernier attendait son amie à l'arrêt de bus situé à quelques centaines de mètres du lycée.
Il la vit courir sous la pluie battante et fut prit d'un fou rire.
Ombelline se planta devant lui et remarqua qu'il se moquait d'elle.
Pour se venger elle le prit dans ses bras et essora ses cheveux sur son ami qui devint tout aussi mouillé qu'Ombelline.
Lorsque le bus arriva, les deux amis passèrent leur carte de bus devant le boitier qui émit un son strident.
Ils s'assirent sur leur sièges, trempés de la tête au pied. Les gens les dévisageaient comme s'ils venaient d'un autre monde.
"Alors, Ombelline, tes examens ?
- Tout va bien ! Et toi, tes partiels ?
- J'ai raté le premier... Mais je suis presque sûr d'avoir réussi les deux autres ! Rétorqua Tristan
- Ah...fit son amie, embarrassée
- Je voulais te proposer de venir manger à la maison ce soir !
- Et bien, je vais demander à mes parents."
Tristan se contenta d'hocher la tête et son amie appela son père.
"Allô papa ? Oui, c'était pour te demander si je peux manger chez Tristan, mon ami du bus, tu sais ?! Oui. Euh, je crois que je les aies amenés oui. D'accord ! Bisous !"
"Il est d'accord !
- Génial ! Amenés quoi ?
- Oh rien d'important...
- Ombelline ! Insista Tristan
- Okay, des médicaments pour mon asthme, ma mère m'a forcée à les prendre à cause de ma crise récente...
- Ah d'accord. C'était pas si compliqué que ça de me le dire... conclut le jeune homme"

Ombelline sourit, mais derrière ce masque de jeune fille heureuse, se cachait le visage d'une jeune fille angoissée, elle avait prit sa décision, elle allait dévoiler son secret à Tristan.
Elle craignait qu'il ne la regarde plus comme avant, elle craignait qu'il la plaigne, elle craignait qu'il ait pitié, elle craignait qu'il souffre...
La vérité éclaterait bientôt au grand jour, et cela marquerait un tournant dans leur amitié. Des travaux bloquaient la route et le bus ne desservait plus l'arrêt des deux amis. Ils descendirent donc et marchèrent sous la pluie qui ne s'était pas calmée. Ombelline était très silencieuse et Tristan respectait ce choix. Au bout de quelques minutes, la jeune fille se décida à prendre la parole.
"Tristan, j'ai bien réfléchi et...
- Ombelline, tu as l'air angoissée, si tu as un problème tu peux m'en parler !
- Je... je veux te dire mon secret. J'ai peur que ton regard ne sois plus que de la pitié ou de la tristesse, je veux pas que tu changes ta façon d'être avec moi, je veux pas que tu souffres à cause de moi... souffla son amie
- Je vais essayer de rester le même avec toi. Pourquoi est-ce que je souffrirais ? Ton secret est si terrible ?
- C'est un poids qui me traîne au fond un peu plus chaque jour. C'est un boulet accroché à mon pied et je suis enchaînée à ce destin depuis que j'ai quinze ans... Ça fait deux ans que je me bats, deux ans que je cache mon destin à mes amis, deux ans que je suis morte de l'intérieur, même si j'essaye de rester positive, c'est difficile, mon destin est difficile... sa voix se brisa à la fin de cette phrase, et une larme salée roula le long de sa joue, ce fut de courte durée et bientôt, elle pleurait plus que les nuages.
Les larmes dévalaient ses joues et cela brisait le coeur de son ami de la voir comme ça, il ne comprenait pas.

Ombelline se maudit d'avoir craqué, elle qui n'avait pas pleuré depuis le jour où elle avait appris ce qui l'attendait, elle essayait de rester forte, mais d'un autre côté, elle avait besoin d'extérioriser ses sentiments et cela la soulageait de pleurer. Elle se laissait aller dans les bras de Tristan. Il n'y avait aucune ambiguïté entre eux, sachant qu'il était gay.
"Tu veux m'en parler ?
- Oui... murmurra Ombelline
- Je t'écoute... souffla son ami."
La jeune fille se réfugia sous le porche d'une maison pour s'abriter un peu de la pluie malgré le fait qu'elle soit complètement trempée, elle fut bientôt imitée par Tristan et prit une grande inspiration.
"On m'a diagnostiqué une leucémie, il y a deux ans, les médecins ont dit qu'ils pouvaient faire quelque chose pour me guérir, des conneries ouais ! J'ai dû rester des semaines à l'hôpital, pour faire des examens et j'ai ingurgité plus de cachets que ma grand-mère en moins de deux mois, rien n'a fonctionné. Il y a un an, on a envisagé la greffe de moelle osseuse. Un donneur qui s'avère être mon cousin, nous a redonné un peu d'espoir. Trois mois après l'opération, les médecins ont annoncé que j'étais guérie.
Quelques semaines plus tard, j'ai fait un malaise et on a constaté que l'opération n'avait, en réalité, servie à rien et que ma leucémie s'était propagée. Depuis, je suis encore plus fatiguée, et au moindre effort je m'essoufle et je crache du sang...
- Tu m'as dit que tu ne voulais pas de pitié alors je te demande si il y a encore de l'espoir ? Fit son ami, troublé et choqué par ces révélations
- Tristan, l'espoir m'a quitté le jour où j'ai su que la greffe avait ratée... et... mon avenir est déjà tracé... je ne pourrai jamais être astronome...
- Ce n'est pas un métier très fatiguant, tu pourras le faire ! J'en suis sûr !
- Je ne serai pas chasseuse d'étoiles, c'est impossible... Je serai moi même dans les étoiles... souffla Ombelline
- Non, tu...
- Je vais mourir Tristan, j'ai appris cela il y a six mois, je vais mourir, inévitable n'est ce pas ? Personne n'échappe à la Grande Faucheuse ! Alors je ne vois pas comment moi je le pourrais ! C'est la vie on n'y peut rien... Enfin la mort en l'occurrence. Je n'étais qu'un épisode de ta vie, tu peux encore modifier ton avenir toi !
- Quand ? Demanda-t-il abasourdi
- Dans un mois... murmurra la jeune fille
- Alors je te ferai vivre le plus beau mois de toute ta vie. Je te ferai connaître l'éternité ! Décida Tristan
Ombelline sourit et se logea dans les bras réconfortants de son ami.
"Tu sais que je ne te juge en aucun cas ?! La rassura-t-il
- Oui... Je continue d'aller au lycée mais les professeurs sont au courant bien sûr... il me regardent tous avec pitié et j'ai horreur de ça, depuis, il ne m'envoie jamais au tableau de peur que "la petite Ombelline se fatigue en se levant !". C'est agaçant de ne plus rien faire ! Je ne suis pas handicapée physiquement, ni mentalement d'ailleurs, certes à l'intérieur je suis fichue, mais je peux encore me servir de mes bras et de mes jambes !

Tristan acquiesça et la regarda avec
un sourire amical.
Ils restèrent quelques minutes sous le porche, et se décidèrent enfin à rentrer chez le jeune homme.
Ils livrèrent un combat avec la pluie et abandonnèrent quelques secondes plus tard. Arrivés devant la maison du jeune homme, Tristan prit le visage d'Ombelline qui ruisselait de gouttes de pluie entre ses mains et la regarda pendant de longues minutes sans qu'aucun des deux amis n'osent briser le silence où seul le bruit de la pluie se faisait entendre contre la gouttière.
"Elle va venir te chercher... chuchota finalement son ami
- Qui ?
- La faucheuse des étoiles...".

Nda :
Coucou ! Alors, que pensez vous du secret d'Ombelline !? Ce chapitre vous a plu ? Si vous avez des conseils n'hésitez pas ! Bye <3

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