Chapitre 7 : Larme du crime

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"Tu as tout ce dont tu as besoin ? Demanda Tristan à Ombelline
- Normalement oui.
- Alors, en voiture !
- Tu as le permis !?
- Et oui, j'ai dix-neuf ans ma petite ! Rigola-t-il"
Son amie lui tira la langue et monta dans la petite Citroën grise. Les sièges étaient en cuir et la voiture paraissait neuve. 
Leurs maigres bagages dans le coffre et sur la banquette arrière, Tristan au volant, Ombelline à côté, ils purent partir pour une destination qui était encore inconnue pour son amie.
"Je suis sur la place du mort... ironisa la jeune fille
- Très amusant ! Fit-il en lui lançant un regard noir
- Au fait, où allons nous ?
- Je ne sais pas... rigola le brun
- Très amusant ! Rétorqua son amie, employant le même ton que lui.
- C'est vrai je ne sais pas où l'on va, je te rappelle que l'on fait quelque chose de fou en partant avec une tente et deux sacs de couchage en allant dans un endroit inconnu.
- Alors c'est plus fou de ne pas savoir, tu as raison ! L'aventure est dangereuse mais la routine est mortelle... souffla-t-elle
- Exactement ! Ça va être dément !"
Ombelline acquiesça et posa sa tête contre l'épaule de son ami se fichant éperdument du fait qu'il conduisait et que cela pourrait le gêner.
Ils arrivèrent dans une clairière, située à deux heures de leur village. Un lac se situait à gauche et un cabanon se dressait fièrement au fond de la clairière.
"On plante la tente !
- Ici ? S'écria Ombelline
- Bah oui, ici c'est bien non ?
- Ouais..."
Tristan planta la tente et lorsqu'il eut fini, ils allèrent inspecter le cabanon.
Il était en bois et le toit était recouvert de tuiles, et très affaissé, il ne tarderait pas à s'effondrer. l'intérieur était rempli de foin et d'aliments pour bovins.
"Atchoum !
- Ça va Ombelline ?
- Oui c'est la poussière !
- Sortons. Tu en penses quoi ?
- C'est... Atchoum... joli... Atchoum. C'est joli ! Sourit-elle"
Ils passèrent le reste de l'après-midi allongés dans l'herbe à discuter de leur vie.
Le soir arriva et Tristan rassembla des grosses pierres pour faire un foyer et allumer un feu en son centre. Il fit griller des légumes et prépara des pâtes.
"C'est très bon, mais tu l'as trouvée où ton eau ? Demanda la jeune fille
- J'ai pris des bouteilles d'eau et une casserole et j'ai fais bouillir l'eau puis j'ai mis les pâtes et voilà ! Rigola le brun
- Ah ah... se força-t-elle à dire
- On va se baigner ?
- Attend je mange tes délicieuses pâtes. Ironisa son amie"
Ombelline finit son plat et ils enfilèrent leur maillot de bain.
"Le dernier à l'eau est une poule mouillée ! Cria le jeune homme."
Il courut en direction du lac et son amie s'élança à sa poursuite.
Elle sauta sur son dos et le fit tomber au sol. Elle en profita pour courir mais fut rattrapée par Tristan. Elle lui fit un croche-patte et ce dernier trébucha et réussit à attraper la jambe de son amie. Ils se retrouvèrent tous les deux à terre. Ils se remirent à courir et Ombelline sauta dans l'eau la première.
"J'ai gagné ! Espèce de poule mouillée !
- C'est très joli une poule mouillée ! Grogna le concerné
- Ah ah ! Pouffa son amie."
Tristan et la merveilleuse idée de couler la jeune fille plusieurs fois. Lorsqu'elle sortit sa tête de l'eau, elle riait tant qu'elle n'arrivait plus à respirer. Elle dit se forcer à se calmer et elle rejoignit la rive suivie de son ami.
Ils se séchèrent et contemplèrent les étoiles pendant quelques instants.
Ils allèrent ensuite se blottir dans leur sac de couchage, au fin fond de leur petite tente bleue nuit.
Le lendemain matin, ils furent réveillés par le soleil et le chant des oiseaux.
"Debout ! Va te préparer ! Je t'emmène quelque part tout à l'heure ! S'exclama le jeune brun
- Mmh... j'arrive. Grogna la jeune fille"
Ils s'habillèrent et prirent leur petit déjeuner au bord de l'eau.
Ombelline portait un short en jean, un t-shirt blanc et une paire de tennis. Elle avait coiffé ses cheveux en une queue de cheval haute et son ami était vêtu d'un bermuda kaki et d'un t-shirt blanc.
"Tristan ? T'es où ?
- Viens pas je fais pipi ! Cria le concerné au loin
- Va le plus loin possible hein !
- Ouais c'est bon j'arrive ! Rigola-t-il
- On va où ?
- Prend tes affaires on remballe tout !
- Déjà ? S'étonna-t-elle
- Oui, on va autre part !"
Ombelline acquiesça et rangea les sacs de couchage pendant que son ami s'occupait de la tente. Ils ramassèrent leurs affaires et chargèrent le coffre.
Une fois prêts, ils partirent pour une destination inconnue. Encore.
"On va où cette fois ?
- On va rendre visite à un ami, tu voulais quelque chose de fou, tu vas l'avoir... fit le brun, d'une voix mystérieuse
- Tu me fais peur...
- Mais non, il n'y a pas de quoi avoir peur... Simplement mon ami a fait de la prison...
- Pourquoi ? Cria la jeune fille
- Il... Il à commis un meurtre...
- Quoi ?! Crie-t-elle encore plus fort
- Oui, tu lui demanderas... On arrive dans dix minutes !
- Ça me rassure beaucoup ! Ironisa son amie."
Ils arrivèrent dans une cour et Tristan se gara sur le côté. Le bâtiment qui se tenait devant eux était ancien et gris. Des petites fenêtres munies de barreaux ornaient la façade du mur.
"C'est un hôtel ?
- En quelque sorte... murmurra le jeune homme
- C'est moche...
- Suis moi. Ordonna le brun
- Je comptais pas m'échapper pour aller me droguer au fond d'une prison, t'inquiète pas ! Ironisa la jeune fille."
Ils passèrent une porte et le jeune homme présenta une lettre à la femme qui se tenait dernière le comptoir à l'accueil.
"C'est au premier étage. Dit la femme
- Merci, au revoir. Répondit Tristan"
Ils montèrent dans un ascenseur étroit et marchèrent dans un long couloir gris.
"C'est quoi ce truc Tristan ? Demanda Ombelline d'une voix ferme
- Une prison...
- Super blague ! Sérieusement !
- Une prison...
- Quoi ?!
- Une prison ! Merde !
- Je... Comment c'est possible qu'on soit là ?
- J'ai expliqué à mon ami, qui est en prison, que toi et moi on faisait des choses folles pendant un mois et je lui ai demandé si c'était possible de lui rendre visite... Et on a organisé ça avec la prison...
- C'est fou !
- C'est le but !"
Ils marchèrent jusqu'à une cellule, et un garde leur ouvrit la porte puis les suivit à l'intérieur. La pièce des visites était grise et une petite fenêtre éclairait la pièce meublée d'un table et de quatre fauteuils. Un tapis était placé sous la table et décorait un minimum. Un pot de fleurs était vulgairement posé sur la table en bois sombre.
"Salut Will ! Lança Tristan
- Hey pote ! Ça va ? Ça faisait un bail !
- Ouais, voilà Ombelline, et Ombelline voilà Will !
- Salut... lâcha la concernée, timide
- Hey ! Approche je vais pas te manger.
Ombelline regarda Tristan comme pour être sûre des paroles de Will, et avança vers ce dernier. Il était grand et très musclé, il avait les yeux bruns et les cheveux blonds, avec des mèches rouges.
- Non, juste me tuer... ironisa la jeune fille"
Un blanc s'installa. Ils se dévisagèrent et Ombelline poussa un petit cri.
" Oh. Mon. Dieu. Will de l'école St Paul ? Articula-t-elle
- Ouais... tu te rappelles de moi ?
- Ouais, tu étais dans les premiers de la classe ! Je pensais que tu allais devenir médecin et avoir une grande carrière...
- Comme quoi les apparences sont trompeuses, et très clichées ! Rétorqua Will
- Vous vous connaissez de l'école ? Interrogea Tristan qui n'avait toujours pas parlé
- Oui, il a deux ans de plus que moi. Confirma-t-elle
Tristan hocha la tête
- Comment tu t'es retrouvé là ? Se risqua la jeune fille
- Je... j'ai tué Marcus, tu te souviens ? La brute de CM2, il m'a harcelé jusqu'en seconde par rapport à mes notes et mon physique d'intello. Alors, en première j'ai arrêté de travailler et je le suis mis à faire de la boxe et de la muscu, puis j'ai mis des lentilles à la place de mes lunettes. J'ai teint mes cheveux et en terminale j'ai eu mon bac, parce que je m'étais remis un peu au travail. Ensuite, l'année d'après j'ai attendu que Marcus sorte de chez lui et je l'ai suivi, c'était un soir où il allait en boîte. Je l'ai attrapé et on s'est battu. J'étais plus fort et je lui ai rendu tout ce qu'il m'avait fait subir du collège jusqu'en seconde... mais en un soir. Il est mort de ses blessures. Et il m'a dénoncé avant de crever...
- Oh. Mon. Dieu... Marcus était une ordure avec tout le monde mais avec toi c'était vraiment un monstre ! Mais je ne pensais pas que tu l'aurais tué ! S'étonna-t-elle
- Au moins je me suis vengé..."
La discussion s'arrêta là. Ombelline trouvait la vengeance de Will mesquine et tout aussi monstrueuse que ce que son harceleur lui avait fait subir, mais au moins, Marcus ne brutalisera plus personne.
"Viens, on sort les visites sont terminées... annonça Tristan, salut Will !
- Derien, prenez soin de vous... répliqua ce dernier
- Ah, j'arrive. Salut Will ! Répondit la jeune fille.
- Salut !"
Ils sortirent de la prison et s'installèrent dans la voiture.
Ils mangèrent des sandwichs composés de pain un peu humide et d'une tranche de jambon ainsi que du fromage à l'aspect plastique. C'était mieux que rien pensa Ombelline.
Ils marchèrent jusqu'à un endroit situé à dix minutes de marche de la prison. Tristan sortit une couverture de son sac et l'étendit sur le sol. Ils s'allongèrent et écoutèrent les bruits alentours. Les oiseaux, le vent contre les feuilles, les grillons, un ruisseau qui coulait non loin de là et se cassait contre des rochers vaseux.
Ils prirent le temps d'admirer, au clair de lune, la nuit étant tombée, l'endroit désert. Une vieille maison laissée à l'abandon se dressait fièrement telle une épave émergeant de l'obscurité. Autour, quelques arbres et deux maisons sûrement habitées à cause des lumières allumées. Ils s'approchèrent de la maison abandonnée.
"Et ? Demanda Ombelline
- Attend, fit le brun en sortant des bombes de peinture de son sac, tiens prend celle-ci !
- C'est quoi ? De la peinture argentée ?
- Pour faire des tags !
- Tu veux dégrader la maison ?
- De un, elle est abandonnée, de deux, c'est de l'embellissement, pas de la dégradation... souffla Tristan
- Mmh, Okay, je suis partante !"
Ombelline appuya sur la bombe de peinture et un liquide argent, en sortit. Elle essaya de tracer les contours d'une forme pour le moment impossible à deviner sur le mur de la maison. Le jeune homme, plus expérimenté, travaillait avec de la peinture bleue, il en appliquant une fine couche sur le mur et attendit quelques minutes que cela sèche. Il se munit en suite d'une bombe jaune et pulvérisa des étoiles sur le mur.
Il prit la bombe argentée que son amie avait posée, et dessina l'astre de la nuit. La lune. Il fit ensuite une chouette dans l'ombre du ciel, une chouette argentée.
Ombelline avait écrit "Tristelline" sur le mur, en bleu, et avait entouré ces mots, d'une étoile argentée. Elle était heureuse.
"Tristelline ? Questionna-t-il
- C'est nous, dans une étoile. Parce que les étoiles sont unique, et elles risquent de disparaître un jour. Nous, c'est la même chose. Notre amitié est unique, et l'on va disparaître un jour... souffla la jeune fille
- Nous, on va disparaître, mais notre amitié, jamais. Nous, c'est physique, notre amitié, c'est quelque chose d'invincible et de fragile à la fois, que l'on ne peut pas toucher. Nous, c'est éphémère, notre amitié, éternelle.
Ombelline pleurait, émue, devant les mots de Tristan. Elle pleurait de joie, et de tristesse à la fois. Ses larmes creusaient des sillons sur ses joues parsemées de tâches de rousseur.
Tristan la prit dans ces bras et lui montra son dessin. Des étoiles et la lune dans un ciel bleu nuit.
- Tu te rappelles le jour où tu m'as dit que les étoiles seront englouties par la pollution et bien j'ai dessiné des étoiles et la lune pour qu'on se souvienne de leur beauté le jour où ça arrivera. Et là, c'est une chouette, c'est toi, pour qu'on se souvienne de toi aussi, le jour où tu ne seras plus là... Expliqua le jeune brun
- C'est beau... très beau. Répondit la jeune fille, une larme roula sur sa joue.
- Larme du crime... chuchota Tristan
- Non, larme de l'embellissement, rectifia son amie."
Ils contemplèrent leurs oeuvres jusqu'au au milieu de la nuit, puis décidèrent de rentrer dans la voiture et de partir pour une destination encore inconnue.

NDA :
Coucou ! C'est bientôt la fin 😭 J'espère que ce chapitre vous a plu ! Je voulais inclure le personnage de Will même si il n'est pas vraiment important... Bye, NinaGarance ❤

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