Chapitre 8 : Étern'aile

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Ombelline et Tristan étaient rentrés le jour qui avait suivi leur tag nocturne.
Ils avaient passé la nuit dans la voiture dans la forêt et étaient repartis le lendemain matin. Ils étaient retournés chacun chez eux et avaient rendez vous au parc deux jours après. En réalité, leur rendez-vous commençait à l'arrêt de bus, et non au parc...
Ombelline portait une robe fleurie et se dirigeait vers l'arrêt d'un pas rapide, son ami vit directement que quelque chose n'allait pas.
"Salut ! Lança-t-elle avec un sourire forcé à son ami
- Hey ! Ça va ? Tu t'es remise de notre petit voyage ? Répliqua-t-il, devinant que ce sourire était factice
- Oui oui, je suis juste fatiguée... J'ai rendez-vous avec le médecin demain.
- Laisse tomber ce sourire... Je sais que quelque chose te tracasse...
- Je... Je t'en parlerai plus tard... soupira-t-elle
- D'accord... Fit le jeune homme, ne voulant pas plus insister.
Le bus arriva et ils allèrent au parc.
"Tu veux une glace ? Questionna-t-il
- Oh oui ! Vanille, framboise et chocolat !
- Viens on va dire ça au glacier. Rigola Tristan"
Ils achetèrent leurs glaces qui fondèrent comme neige au soleil malgré le temps nuageux mais chaud.
"C'est bon pistache, menthe et chocolat ? Fit la jeune fille
- Délicieux ! Toi, tu as l'air de bien aimer la tienne, rigola son ami en voyant la moustache de chocolat qu'elle avait sur les lèvres. Tu en as partout !
- Oh..."
Ombelline prit la serviette en papier que le marchand de glace lui avait remise et s'essuya le contour des lèvres. Elle éclata de rire en voyant la crème chocolatée tâcher la serviette blanche.
"Quel gaspillage, dire que j'aurai pu en manger encore quelques grammes ! Soupira-t-elle
- Tu es trop gourmande ! Pouffa le jeune homme."
Ils finirent leur glace et allèrent s'asseoir dans l'herbe à l'ombre d'un saule plaureur. Ils sortirent leur livre et continuèrent leur lecture. Après un long silence, Ombelline devint soucieuse et perdit son sourire.
"Tristan...
- Tu as l'air troublée... Tu peux m'en parler si tu veux...
- Je... Je t'ai menti, je ne vais pas voir le médecin hier puisque je l'ai vu hier. Ma mère me trouvait fatiguée, je ne voulais pas t'inquiéter, mais puisque tu veux savoir, je vais mourir dans moins d'une semaine... la maladie m'a rattrapée.
Tristan réalisa que dans une semaine il ne serait plus avec elle, qu'il ne pourra plus lire avec, qil ne pourra plus rire avec elle, que le temps passe trop vite... tout simplement. D'abord choqué par cette révélation, il réussit à articuler quelques mots :
- Je profiterai d'être avec toi, et j'essaierai de ne pas penser à la fin même si c'est difficile.
- Je voulais te dire que j'ai été très heureuse de te rencontrer Tristan.
- Moi aussi Ombelline, je t'ai dit tout ce que je pensais de nous la nuit où l'on a tagué la maison...
- Moi aussi, nous, c'est pour l'éternité. Je ne dis pas "la vie" car je vais mourir, alors je dis l'éternité...
- À jamais. Chuchota son ami"
Comme un pacte scellé, ils collèrent leurs lèvres pour s'imprégner de l'autre une dernière fois, comme si c'était LA dernière fois... Ils se lancèrent un sourire et partirent en direction du bus. Ils se sourirent et rejoignirent leur maison.
Ce que Tristan ne savait pas c'est que son amie allait mourir plus tôt que prévu...
Ils repensèrent à cet étrange baiser, chacun de leur côté, ça ne signifiait pas rien, mais ça ne signifiait rien non plus
.. c'était un baiser d'adieu. Ils étaient de simples amis, bien que très proches, mais des amis seulement.
Le lendemain matin, les nuages tapissaient le ciel, pareil à du coton, que l'on rêverait de caresser du bout des doigts, dans la ligne 7, près de la fenêtre, la place était vide et devant, Tristan était assis. Ce dernier trouva les nuages ternes, les couleurs fades et l'air froid sans son amie pour lui réchauffer le coeur. Il remarqua une lettre scotchée sur le siège où la jeune fille s'asseyait normalement. Il eut un mauvais pressentiment. Il savait ce que la lettre contenait.
"Tristelline".
Il l'ouvrit.
"Cher Tristan avec deux T éloignés,
À l'heure où tu lis cette lettre je te regarde des étoiles, en espérant ne pas être engloutie par la pollution ! Je suis partie... Mais notre amitié, elle, est encore là. On ne peut pas rester ami avec un mort, c'est absurde mais on ne peut pas oublier une amitié comme la nôtre. Ce que je dis est un peu prétentieux mais regarde, un gay et une leucémique qui deviennent amis dans un bus grâce à un livre ! Comme quoi, tout est possible ! Je trouve d'ailleurs que cet arrêt porte bien son nom, "l'avenue du ciel", je suis descendu là tout à l'heure, j'avais pris mon ticket pour aller danser avec les nuages, ça doit être doux, non ? J'irai pieds nus pour pouvoir sentir leur douceur et j'ouvrirai bien mes yeux pour admirer la couleur du ciel, au dessus des nuages, ça doit être bleu ? J'essaierai de te voir et je pourrai enfin me dire "Je suis plus grande que toi ! Tu ressembles a une fourmi d'ici !" Et quand tu prendras l'avion, on se croisera peut-être ! J'irai voler avec les oiseaux, peut-être qu'entre temps des ailes m'auront poussées dans le dos et que j'aurai des plumes argentées, pour être assortie avec la lune le soir... Nos amis façonnent notre passé et toi, tu as façonné mon présent et mon futur...
Ce n'est pas par rapport à notre passé que l'on doit choisir ses amis, on ne les choisit pas vraiment d'ailleurs, regarde nous ! Ce sont nos amis qui nous aident à accepter notre passé, qui font partie du présent et certains restent dans le futur... Malheureusement, je n'étais qu'une étape dans ta vie, maintenant tu dois aller de l'avant et faire de nouvelles rencontres ! Je change totalement de sujet, le livre que tu m'as offert à la librairie, "la chouette aux ailes d'argent", je te l'ai mis dans ta boîte aux lettre, tu me feras le plaisir de le lire pour moi, je n'en suis qu'à la moitié ! C'est frustrant de ne pas connaître la fin ! Mais on ne peut pas connaître toutes les fins... regarde, la mienne était écrite, la tienne est encore modifiable... Je t'en prie, prend soin de toi... Je n'oublierai jamais ta magnifique personne ni notre amitié...
Ombelline avec deux ailes...
PS : Répond moi s'il te plaît ! Et mets la lettre dans le livre quand tu l'auras terminé !
Au revoir de là-haut..."
Une perle salée roula sur la joue du jeune homme, il la laissa tomber sur sa main, elle coula sur son pantalon et s'écrasa sur le tissu bleu, formant une tâche plus foncée. Il plia la lettre avant de la ranger précieusement dans sa poche.
Les meilleurs choses ont une fin.
Ombelline est partie.
Tristan est resté.
Tristelline flotte dans tous les endroits où les deux amis sont passés.
Le soir même, il finit le livre de son amie, qui était dans sa boîte aux lettres et répondit à Ombelline.
"Chère Ombelline avec deux ailes,
Tu as raison, toute ta lettre est juste. Si jamais tu te fais manger par la pollution alors j'irai près du mur que l'on a tagué et j'admirerai nos étoiles et notre lune aux côtés de la chouette d'argent peinte.
J'y vais ce soir d'ailleurs. J'espère te voir en rêvant sous les cailloux étincelants.
Je continuerai ma lettre là-bas.
Voilà je suis sous les astres, on dirait des billes de feu, c'est beau. Je viens de voir passer une magnifique chouette, on aurait dit qu'elle avait des ailes argentées.
C'est peut-être toi avec tes plumes aux couleurs de la Lune !? J'ai vérifié de peur que cela ne soit la nôtre en peinture qui ait prit vie... quoique cela aurait été joli de la voir danser avec la les astres. En parlant de danse, j'espère te voir danser avec la Lune ce soir, avec tes nouvelles ailes !
Je ne t'oublierai jamais. Merci de m'avoir aidé à propos du fait que je sois gay... Dans ta lettre tu sous-entends que ce sont les amis qui créent le passé, et bien toi, tu fais partie de mon passé et tu as fais partie de mon présent mais je garde un peu de toi dans un coin de mon coeur, pour le futur...
Je ne t'oublierai pas.
Tristelline pour l'éternité !
Au revoir, Tristan avec deux T éloignés.
PS : la fin du livre est géniale ! La chouette survit !
Au revoir du pays de la vie."

Voici comment ce soir là, Tristelline survécut et comment l'histoire de Tristan avec deux T éloignés et d'Ombelline avec deux ailes continuait. Elle ne se finissait pas, non, elle continuerai pour l'éternité.

Sous les cailloux brillant et aux côtés de la chouette aux ailes d'argent qui dansait sous la Lune en silence. Leur amitié était étern'aile.

NDA :

Voilà ! J'ai le plaisir de vous annoncer qu'il y aura un épilogue que je posterai bientôt, et je suis vraiment désolée pour l'attente assez longue de ce chapitre 8 ! J'espère que la fin vous plaît et que vous aimez toujours mon histoire ! N'hésitez pas à commenter et à voter, ça me ferait super plaisir ! Bye, Ninagarance <3

Étern'aile Où les histoires vivent. Découvrez maintenant