Assise sur le pallier du bistrot, désormais mon menton touche presque mes genoux. La fatigue m'envahit.
La rue n'est pas très vivante la nuit, mais pourtant; un son rythme les battements de mon coeur. Quelque chose de saccadé, non semblable au bruit d'un véhicule à moteur, comme des pulsions remontant des entrailles de la ruelle.
Je relève ma tête, je tends l'oreille pour parvenir à distinguer un rythme de blues différent de ceux de mes 33 tours.
Je cherche immédiatement à savoir de quel phonographe provient cette cadence endiablé.
Je me lève encore, je suis belle et bien réveillée, je me laisse guider, je me rapproche du son, me trouve à côté d'une bâtisse, peinte encore une fois de message qui n'ont pas encore été recouverts.
Je plaque mon oreille contre le vieux crépis, mais étonnamment le rythme m'envahit par les pieds, un frisson parcourt mon corps, mes talonnettes vibres sur les pavés ... Je suis curieuse.J'aperçois de la lumière à travers la porte de vieilles planches qui est du même état que le bâtiment que je qualifierai de délabré, vieux, moisit, ou bien même de miteux.
Je n'ose pas pousser la porte, malgré que je ne sois habituellement une fille qui ne fait jamais de manière. Mais cette fois si je ne suis pas prise de dégoût, la peur c'est emparée de moi, j'appréhende énormément ce qu'il va m'attendre derrière l'issue . Mes parents m'ont toujours appris à ne pas prendre de risques, à toujours être sure de moi et à ne pas m'embarquer dans des situations périlleuses. Mais ma curiosité est beaucoup plus forte que ma petite personne, alors...Alors je pousse l'ensemble de planches mouillées, je me trouve désormais face à un escalier qui m'emmènerait apparement dans les sous sols, ce qui expliquerai les vibrations dans mes bottines. Je descends en longeant le mur; plus je descends les marches, plus ma cervelle est secouée dans mon crâne.
Je suis soudain surprise par une fumée épaisse, je tousse encore et encore pour évacuer le brouillard toxique accumulé dans ma cage thoracique. Subitement l'ensemble de son grave se tu. Je ne parviens pas à distingué ce qui me fait face, ha si peut être trois ombres à travers le nuage épais. Trois ombres attisant chacune une braise.
Même sans pouvoir observer les visages triplés, je ressentais la frustration et la stupéfaction des individus.Je restais là, en attente d'une réaction ou d'un geste.
Lorsque la fumée commençait à se dissiper par la cage d'escalier, une voix qui par ma surprise n'était pas grave, pas grave comme celle des fumeurs de bistrots, surgit du fond de la pièce.Pas de phonographe, pas de 33 tours; juste un groupe de "chats maigres" fumeurs installés dans une cave humide.