Chapitre 1 (partie 1)

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Mes pas résonnent contre le bitume alors que j'accélère pour éviter la pluie qui menace de se déverser. Je lève les yeux et la première goutte me tombe sur le nez. Le ciel se fend d'un éclair majestueux et le tonnerre gronde, me faisant sursauter au passage.

J'aime la pluie. Je sais, c'est étrange, mais je la trouve rassurante. La douceur de l'eau contre ma peau me fait frissonner et l'odeur m'enivre - ne vous moquez pas.

La pluie en été a cette odeur, cette saveur unique qui m'imprègne malgré moi. C'est l'odeur de la terre mouillée, l'odeur de l'herbe fraîchement coupée. C'est l'odeur des soirées sans fin et des fraises des bois. C'est l'odeur de mon enfance, avec ses jours heureux et ses ombres.

Bref. Là ce n'est pas le moment. Ce soir, j'ai rangé les mouchoirs et sorti le grand jeu.

Cheveux remontés en un chignon lâche qui dénude ma nuque, mini jupe d'une longueur indécente, maquillage - léger tout de même - et hauts talons.

Merde. En parlant de hauts talons, le mien vient de se coincer dans un pavé. C'est bien ma veine. Alex doit déjà m'attendre depuis plus d'une demi heure. Je l'imagine déjà jurer dans sa barbe, lui qui n'a aucune patience !

Alex, c'est mon meilleur ami d'enfance. Grand, corps d'athlète, cheveux d'ébène assortis à ses yeux, peau basané, est-ce que je continue ?

Alex est le stéréotype même de l'homme parfait pour qui toutes les filles se damneraient. Il a un charme fou et il en est parfaitement conscient. Bien sur il en profite, mais ce gars est un véritable amour. Il faut dire que je suis de parti prit. Je l'ai rencontré au jardin d'enfant, lorsque le passe temps favori de Sébastien Tanier était de me tirer les cheveux.

Alex est arrivé alors que je reniflais dans mon coin, la larme à l'oeil. Il s'est approché, les mains dans les poches. Il n'avait que deux ans de plus que moi, pourtant déjà à cette époque il dégageait un charisme de folie. Il s'est posté face à Sébastien, et a déclaré, la mine sérieuse: Tu sais ce que c'est qu'un loup garou ? Dans ma famille on l'est de père en fils depuis des générations. A chaque pleine lune, on se transforme en loup et on dévore tout ce qu'il y a sur notre passage. Après, on oublie tout, c'est assez marrant. Si tu touches encore un de ses cheveux, je te jure que tu seras la première chose sur mon passage à la prochaine pleine lune. Compris ?

Sébastien n'a pas demandé son reste et s'est enfui en courant. Je me suis toujours demandé s'il avait fini par faire pipi dans sa culotte. Quant à Alex, du haut de ses huit ans, il m'a tendu la main avec un petit sourire devant les deux soucoupes qui me servaient d'oeil.

Il y a vraiment cru n'est-ce pas ce crétin ?

Depuis, on a toujours été inséparables, comme les deux aiguilles d'une boussole. Sans lui, je ne sais pas ce que je serais devenu...

D'ailleurs, on s'est même embrassé une fois, peut être même deux, lorsqu'on était au collège. Mais Monsieur s'est vexé parce que je me suis mise à rire. Il faut dire que pour moi l'embrasser équivalait à rouler une pelle à mon frère! On est vite repasser par la case "amis" qu'on n'a plus quitté depuis.

Toujours est-il qu'Alex n'a aucune patience. Je le vois déjà faire de grands gestes en levant les mains au ciel, résultat du flux un peu trop sanguin de ses racines italiennes.

Je me masse la cheville et soupire. Zut pour la coiffure. Heureusement, j'ai eu le nez creux, j'ai passé l'offensive avec du maquillage waterproof.

Finalement je décide d'y aller à mon rythme. J'enlève mes chaussures à trois cents euros tout en pouffant de rire devant l'air ahuri des passants. C'est sur qu'une femme marchant pied nu place Saint Michel ne passe pas inaperçu ! Qu'à cela ne tienne, je profite de la candeur induite par la pluie qui se faufile entre mes orteils, sans omettre l'inspection en règle du sol pour éviter les déjections intempestives - pour le sentiment de liberté, on repassera !

J'arrive enfin devant l'établissement où m'attend mon ami. Le nom du pub - le O'Connor - clignote en rouge clinquant, et contraste avec la sobriété du lieu. Un client sort du bar et l'entraînante musique irlandaise s'échappe le temps de quelques secondes, collant un sourire nostalgique sur mes traits. J'aime l'Irlande, j'y ai passé une année entière durant mes études, sans regrets. Non content de posséder de somptueux paysages, les irlandais peuvent également se vanter de détenir un sens de l'accueil hors norme. Sans oublier les incontournables soirées irlandaises où la bière coule à flot au rythme trépidant de la cornemuse et du violon. Des souvenirs à jamais gravés dans mon coeur.

J'inspire profondément et je me tamponne le visage avec un kleenex pour me débarrasser des gouttes de pluie, puis je pousse la porte.

Je me suis laissée convaincre par Alex. Cet étudiant en médecine - oui vous avez bien raison, c'est la cerise sur le gâteau - m'a prescrit, je cite, une soirée de débauche . Le but étant d'oublier ne serait-ce que momentanément, les déboires de ma vie sentimentale.

Il est vrai que ces derniers temps, je tendance à me morfondre comme une âme en peine au fond du trou. C'est simple, j'oscille entre crises de larmes et cris de rage. Et j'exagère à peine.

Mais pour ma défense, Vincent, mon petit ami depuis plus de quatre ans, s'est malencontreusement retrouvé chez sa collègue de boulot pour lui ramoner la cheminée, si vous voyez ce que j'entends par là.

Il paraît qu'après une rupture, il y a différentes phases, comme pour un deuil.

La première après le choc, c'est l'anéantissement, la phase où on se sent tellement dévasté, qu'on passe son temps à pleurer dans son oreiller. Perso, je me suis contentée de la jouer à la Bridget Jones, pyjama toute la journée et congélateur rempli d'Haagen Dazs. Diablement efficace, surtout pour les bourrelets ! Ensuite vient le sevrage, où il faut réapprendre à vivre seule. Après plusieurs semaines, je m'étonne toujours de retrouver la lunette des toilettes rabaissée, il faut bien se contenter d'un avantage après tout.

Ensuite on s'autoflagelle. Mouais, cette phase là elle m'est vite passée. Comme si je l'avais poussé dans les bras de cette pouf.... mmmhhh. Bref. Viens la colère. j'avoue, c'est ma préférée. J'aime tellement le traiter de tous les noms d'oiseaux possible et imaginable qu'en fait, je suis restée bloquée au beau milieu de cette phase, plutôt que de passer à la suivante, la reconstruction. C'est bien ma veine.

Alors Alex a décidé de prendre le taureau par les cornes. D'où la soirée débauche. Il se donne une soirée pour que je finisse dans les bras d'un parfait inconnu pour un coup d'une nuit.

Sauf que d'une part, je n'ai eu en tout et pour tout qu'un seul partenaire avant Vincent, que les coups d'une nuit, j'ai toujours trouvé ça glauque, et d'autre part, ce n'est juste pas mon style. Je suis la gentille fille un peu timide, incapable de se laisser aller en quelques heures.

Donc j'ai accepté la soirée, mais juste pour m'amuser, sans contrainte.

L'atmosphère joyeuse du pub me détend instantanément. Je cherche Alex en plissant des yeux sans le trouver et m'apprête à prendre la direction du bar quand un grand brun se met au travers de ma route. Enfin ça, je ne m'en rends compte qu'après avoir relevé la tête. Il doit bien faire vingt centimètres de plus que moi, qui fait pourtant près d'un mètre soixante dix.

Je croise ses yeux dont je ne peux pas vraiment déterminer la couleur. Peut être gris, où alors bleu foncé ? La pénombre ne m'aide pas. Par contre, ce dont je suis certaine, c'est de son charme, clairement mis en valeur par la petite fossette qui creuse son menton.

Ses yeux semblent me transpercer l'espace d'un instant, comme pour sonder mon âme, et je me sens étrangement mise à nue, au point de détourner le regard. Il va se bouger de ma route, non ?

- Est-ce que je peux vous embrasser ?

Sa voix est grave et suave et sexy et...qu'est-ce qu'il a dit bon sang ?


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Voilà pour le  début, histoire de se mettre dans l'ambiance !

Je suis ouverte à toute critique, j'écris cette histoire pour me détendre entre les chapitres de Déviants donc si c'est trop loufoque pour vous, (enfin dans les prochains chapitres) n'hésitez pas à me le dire !

Merci à tous d'avoir lu, et n'oubliez pas de tapoter la petite étoile si vous aimez !

La suite Mercredi !

Bisous !!

Perfect Obsession (Publiée aux Editions Addictives)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant