Chapitre 2

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La sonnerie de mon portable, la fameuse chanson "I will survive" de circonstance depuis ma rupture, tambourine dans mon crâne alors que je me redresse le coeur battant. Je cherche le coupable à tâton sans le trouver et finis par ouvrir un oeil, puis l'autre. Aucun doute, les Mojitos, c'est terminé pour moi !

Le portable gît à l'autre bout de la pièce et l'effort surhumain qu'il me faut pour l'atteindre m'achève. Je me recouche immédiatement, le bras sur les yeux en lâchant un long soupir lorsque je sens Gigot, mon teckel nain à poils longs, se hisser sur le lit pour me léchouiller la figure.

- Pas question gigot !

Je le repousse en grognant, pas d'humeur ce matin, avant de sauter sur mes pieds, aggravant la migraine qui danse déjà la polka dans mon cerveau.

Des bribes de la soirée me reviennent en pleine face, images censurées qui me font frissonner, et je jette un coup d'oeil furtif dans la pièce mal éclairée.

Bien sur que Nathan n'est plus là. Pourtant je ne peux que subir la légère déception que cette constatation entraîne. Comme quoi, les coups d'un soir ne sont définitivement pas fait pour moi...

Parce que la nuit dernière restera une nuit mémorable à mes yeux. Oublié le Vincent, du moins le temps d'une nuit !

Je passe rapidement dans la salle de bain et me poste devant le miroir. Mon chignon s'est transformé en queue de cheval hirsute où mes longs cheveux bruns se sont emmêlés. Quant à mon maquillage, il a coulé le long de mes yeux dont le vert n'a jamais été aussi transparent. Waterproof ? Sans blague...

J'ai l'air d'avoir picolé à outrance et pourtant, mes joues rosées dénotent la fièvre de la nuit dernière et rien que cette pensée me fait soupirer à rendre l'âme.

J'attrape une petite robe fluette noire et blanche dont le décolleté descend jusqu'au milieu du dos alors que l'avant remonte assez haut. J'ai toujours trouvé ce genre de robe à la fois distinguée et plutôt sexy, même si aujourd'hui je n'ai personne à séduire.

Je repasse par la chambre et contemple mon teckel, les quatre fers en l'air sur mon oreiller. Je n'ai pas le courage de le déloger, alors je me dirige vers la cuisine de cet appartement devenu trop grand pour moi depuis le départ de Vincent.

Il faut dire qu'on l'avait choisi ensemble. Charmant trois pièces d'une soixantaine de mètres carrés, l'appartement avait cet avantage d'être situé à proximité de nos deux boulots, du moins grâce aux transports en commun, sans être trop proche de Paris. Vincent, trader, travaille en plein centre ville, quant à la maison d'édition pour laquelle je bosse, Edition Grinberg, elle se situe un peu plus en périphérie.

Je ne sais pas encore si je vais le vendre. Les souvenirs m'en empêchent, pourtant, je déteste vivre en appartement, cloisonnée entre la vieille pimbêche qui observent toutes les allées-venues du haut de son quatrième étage, et l'hystérique bon chic bon genre qui fait des crises de jalousies à son mari un soir sur deux. Concrètement, je rêvais, comme toute naïve qui se respecte, à une jolie maisonnette avec bout de jardin, en campagne. Mais Vincent avait besoin d'accéder rapidement à son boulot, et les maisons aussi proches de Paris semblaient clairement hors budget. Sans compter que l'effervescence de la ville le transcendait. Alors j'ai cédé...

De toute manière, dans un sens comme d'un autre, je ne pourrais pas assumer seule les remboursements du prêt bien longtemps.

Je m'arrête à hauteur d'une photo encadrée. Mes cheveux détachés volent au gré du vent, j'ai ce sourire qui sied si bien aux femmes amoureuses, et il me tient langoureusement dans ses bras. Foutaises. Je la sors du cadre et la déchire en deux. Puis en quatre. Puis en miettes. C'est la première fois que je m'attaque aux photos, par peur des regrets, mais là tout de suite, je m'en moque et ... ça fait un bien fou !

Perfect Obsession (Publiée aux Editions Addictives)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant