Il n'existe pas de mots pour décrire la saveur particulière de son premier chewing-gum. Au début, l'on mâche ardemment, mais le bon goût finit par s'estomper, ne laissant qu'une drôle d'impression, comme si quelque-chose d'important manquait. Thomas Adams était encore en train de s'interroger sur cette déconcertante découverte qu'était la gomme à mâcher lorsque les créatures furent lâchées dans l'arène, provoquant mort et destruction. En vérité, depuis son entrée sur les lieux, le grand blond n'avait pas prêté attention aux événements, focalisé sur le rythme de ses mastications. Il n'était pour ainsi dire pas très intelligent, et il le reconnaissait lui-même. Se poser des questions, ce n'était pas pour lui. Si il était simplet, Thomas n'était pas pour autant candide. Il n'avait écouté le discours de Shark que d'une oreille, mais il était sûr d'une chose: cet homme mentait affreusement mal. Quelque chose clochait dans ses mots, il y avait une part de mensonges. Cependant, même en sachant cela, il s'en fichait royalement.
–« Thomas!!! A ta gauche!!! » lui hurla un de ses coéquipiers, épouvanté.
Le blond resta où il était, ignorant l'avertissement, faisant fi du danger et de la face hideuse du gigantesque mastodonte qui rampait vers lui. La créature était énorme, respirant la puissance de part sa présence. Avec deux interminables lames en guise de défenses, de chaque coté de sa redoutable mâchoire aux crocs acérés, il ressemblait a un affreux croisement entre un éléphant et un crocodile préhistorique. Ses écailles dévoilaient avec exactitude ce que le monstre voyait, ainsi ses victimes pouvaient s'admirer hurler d'effroi avant de se faire dévorer. Ceux qui assistèrent à la scène virent que le visage pâle et pensif de Thomas demeurait impassible, juste avant l'attaque. Celle-ci fut violente, rapide et impitoyable. Le pauvre Thomas n'avait aucune chance. Le mastodonte le percuta avec la ferme intention de l'embrocher.
Un bruit de vaisselle brisée retentit alors. Le prédateur recula légèrement en émettant un gémissement sourd. Thomas le fixait avec curiosité de ses yeux bleus nuit, une image qui se réverbérait sur toutes les écailles du crocodile monstrueux. A ses pieds se trouvait ce qui restait de la défense droite de l'animal : des morceaux d'acier éparpillés sur le sable. La lame s'était brisée aussi facilement qu'un ballon de verre. Pourtant, le grand blond n'était pas indemne. Un fin filet de sang s'écoulait sur ses habits, s'échappant d'une légère blessure juste en-dessous de sa gorge. De plus, Thomas devenait de plus en plus pâle, son souffle s'accélérant brutalement, comme si il manquait d'air. Il suait à grosses gouttes, au bord de l'évanouissement. Il ne savait pas ce qui était en train de lui arriver et cela le perturba au point qu'il cracha son chewing-gum.
Le prédateur était plus perspicace que lui. Il fit rapidement le rapprochement entre l'échec de son premier assaut et l'épuisement soudain de sa proie, concluant que cela ne se reproduirait pas deux fois. Mais avant qu'il puisse attaquer sa victime désormais vulnérable, il fut repoussé par deux torrents de flammes vertes. L'équipe de Thomas venait a son secours !
-« Putain, cela ne lui fait rien du tout! C'est à peine si ont arrivent à le faire reculer! » cria l'un d'eux.
En effet, ils n'arriveraient pas à bout de la créature sans sacrifices. Partout dans l'arène, dans la pénombre provoquée par l'apparition de l'écran géant, les différents groupes tentaient en vain de s'en prendre aux monstres, sans succès pour la plupart. Certaines personnes avaient même complètement paniquées, oubliant par la même occasion qu'ils avaient des coéquipiers et s'enfuyant en hurlant. Celles qui perdaient leurs moyens n'allaient jamais bien loin : les prédateurs profitaient de leur manque de rigueur pour les cueillir un par un. D'autres, comprenant l'importance du travail d'équipe, faisaient front a plusieurs,contre leurs adversaires cauchemardesques. Il n'y avait pas deux bêtes semblables. Leur nombre réduit était un véritable avantage : si ils avaient été plus nombreux, toute l'assemblée aurait été exterminée.
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Ceux qui n'existaient pas
FantasiLe prologue n'a rien à voir avec le reste... ou pas ? Imaginez votre réveil dans une cellule froide et obscure. D'un seul coup, vous naissez à un certain âge, avec vos traits particuliers, vos tics, vos goûts, vos propres dons. Aucun choix ne vous...