chapitre 4

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Il avait alors entendu le martèlement des bottes. Des hommes se rapprochaient. Ils étaient nombreux et semblaient se diriger vers son atelier. Situé au fond d’une petite ruelle étroite, Dieter ne percevait jamais, d’ordinaire, le bruit de la rue. Les seules personnes qui empruntaient la ruelle se dirigeaient en général vers sa boutique. Mais il doutait qu’il s’agisse de clients.

– Il faut que vous m’aidiez.

Dieter avait à nouveau fixé son attention sur elle. Le ton de sa voix demeurait calme mais il se faisait implorant. Le danger et l’urgence de la situation semblaient commencer à l’affecter.

– Cachez-moi ! reprit-elle. Il ne faut pas qu’ils me trouvent. Il a les pires intentions…

Dieter n’avait pas essayé de la questionner davantage. L’urgence de la situation avait précipité ses réactions. Déjà, le son des bottes martelant le sol se rapprochait. Sans réfléchir plus longuement, Dieter l’avait prise par le bras et l’avait conduite près de la porte de derrière. Suspendue à une patère de bois, sa cape de feutre noir ornée d’un fin ruban blanc l’attendait. Il l’avait attrapée au vol et lâchant le bras de la jeune femme, il l’avait revêtue sans plus tarder.

– Regardez-moi.

Ce qu’il projetait de faire nécessitait qu’elle le regarde dans les yeux. Il avait donc cherché son regard, et il avait été surpris par ce qu’il y avait lu. Calme, elle attendait à ses côtés, patiemment, comme certaine qu’ils sortiraient de cet endroit sans peine et qu’elle échapperait à ses poursuivants. Et une petite lueur de satisfaction brillait dans son regard. Dieter à cet instant, avait eu l’étrange sensation qu’elle se réjouissait à l’avance d’avoir obtenu ce qu’elle était venue chercher.

– Suivez-moi, lui dit-il, sans se poser plus de questions. Il entoura ses épaules d’un bras. De l’autre, il rabattit sa capuche sur sa tête et ils disparurent dans la pénombre de l’arrière-boutique.

Ils réapparurent quelques centaines de mètres plus loin, derrière un bosquet à la sortie du village. Dieter finit de défaire sa cape et se retourna vers la jeune femme à ses côtés. Nullement étonnée, celle-ci semblait considérer la situation sans surprise. Elle jetait des coups d’œil autour d’elle, sans cependant montrer le moindre signe d’inquiétude.

– Ils n’ont pas pu nous suivre, lui dit-il pour la rassurer.

La jeune femme le regarda droit dans les yeux et lui adressa un sourire de reconnaissance.

– Je sais. Nous avons pu sortir sans être vus.

– Mais… Qui êtes-vous ? finit-il pas demander. Est-ce qu’on se connaît ? Comment pouviez-vous savoir que…

Dieter était curieux de savoir qui pouvait être cette jeune femme qui semblait concevoir sans surprise le fait qu’ils puissent s’éclipser d’une boutique et déambuler invisibles jusqu’à un bosquet quelques centaines de mètres plus loin.

– Vous saviez que j’avais le pouvoir de vous cacher, constata-t-il sur un ton accusateur.

Il était maintenant sûr qu’elle savait qui il était. Lui, en revanche, ne savait rien d’elle.

– Comment vous appelez-vous ? lui demanda-t-elle doucement.

– Dieter, répondit-il simplement.

Il avait cru voir un petit éclair de malice dans ses yeux bleus.

– Eleann… enchantée.

Les Sorcier Des PlainesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant