chapitre 8

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Il avait alors perçu le tressaillement de sa mâchoire, à la lueur provenant de la cheminée, avant qu’il n’entende le grondement de sa voix.

– Le sang de l’hérésie circule dans ses veines, se contenta de dire le roi.

Le Saint homme avait aussitôt voulu dégager la chemise brune qui descendait jusqu’aux poignets de la jeune femme. De larges plaies encore sanguinolentes étaient visibles sur tout l’intérieur de son bras droit. Elle avait été saignée en plusieurs endroits.

– Seule l’essence purificatrice pourra en venir à bout.

Le Saint homme s’était levé d’un bond pour aller se poster devant le roi. La colère déformait ses traits et il luttait pour recouvrer son sang-froid. Après un long affrontement silencieux, il avait fini par demander :

– Qu’est-ce que c’est ? Montrez-moi ce que vous lui avez instillé. Sinon, je ne donne pas cher de sa vie. Je suis là pour lui sauver la vie, n’est-ce pas ? Sinon vous ne m’auriez pas appelé…

Le roi avait conservé un visage de marbre. Puis d’un coup, il avait semblé se résigner. Monseigneur Alban avait surpris son regard vers la silhouette allongée, lorsqu’il était allé chercher une petite fiole sur une de ses étagères. Il lui avait alors dit dans un tremblement maîtrisé :

– Il faut la sauver.

Et ce que le Saint homme avait surpris dans le coup d’œil qu’il avait jeté à la jeune femme, était aussi improbable que le traitement qu’il lui avait fait subir. Sans qu’il lui soit permis le moindre doute, il devait sauver la femme que le roi séquestrait dans une pièce cachée du palais. Une femme qu’il aimait et qu’il torturait.

Il n’avait pas pu la sauver.

Le lendemain, la jeune femme avait disparu. Il était revenu pour voir comment elle allait, mais la paillasse était déserte. Sans une explication, le roi n’avait plus eu besoin de ses services pendant plusieurs jours. Ils n’avaient plus abordé le sujet. La jeune femme s’était échappée, et le serviteur avait disparu également.

Peu de temps après, le roi avait eu besoin d’adouber d’autres gardiens royaux, parmi ses serviteurs et ses soldats les plus braves et fidèles. La traque avait recommencé.

_ Dieter !

Le ton est désespéré. C’est comme un cri ultime qui le tire de la somnolence. Il se redresse et s’interroge un instant sur le lieu dans lequel il se trouve en ce moment. C’est l’hésitation de trop.

– Dieter ! Diet…

Le sorcier entend le choc sourd que fait la tête d’Alaya quand elle va cogner contre le sol, à quelques pas de lui. Son corps s’affaisse et ses cheveux non tressés s’étalent par terre, lui recouvrant la tête et lui cachant son visage.

– Alaya ! crie-t-il, complètement réveillé. Ils sont restés une nuit de trop dans cette grange. La colère et l’adrénaline montent en lui comme une vague qui menace de tout emporter. Mais il n’a pas de cape à côté de lui. Il n’a que ses chausses et sa chemise de coton, rempart inutile contre les coups qui commencent à pleuvoir sur lui et contre lesquels il ne peut rapidement plus rien. Avant de sombrer dans l’inconscience, les boucles rousses de sa compagne couchée dans la paille sont la dernière chose qu’il voit avant que sa tête ne touche le sol.

Au palais royal, le roi quitte soudain son Conseil. Il se hâte dans les couloirs et congédie ses messagers qui tentent de le suivre pour lui délivrer le reste du message. Mais il sait tout ce qu’il a besoin de savoir. La garde royale a capturé deux sorciers des Plaines. Elle les ramène avec eux. Le roi attrape fébrilement entre ses doigts glacés la clé de sa pièce secrète, puis franchit la petite porte basse qu’il claque derrière lui. Il a quelque chose à faire avant de se faire amener les deux prisonniers.

À la chapelle, l’un des messagers est venu chercher un onguent pour ses cuisses. La course a été difficile. Son cheval au galop l’a porté sur le trajet du retour en moins de temps qu’il ne lui avait fallu pour partir. Mais ses cuisses et son postérieur sont en feu. Le Saint homme aura sûrement quelque chose à lui donner. Il a besoin de soulager tout ce que cette bonne nouvelle lui aura coûté.

– Venez par là. Personne d’autre n’a besoin de voir vos érythèmes.

Le Saint homme l’invite à se débarrasser du haut de ses chausses avant de s’allonger face contre la paillasse inconfortable qui lui sert entre deux offices, derrière la nef. Le messager soupire de soulagement quand il s’allonge sur le ventre. Il frémit lorsqu’il sent l’onguent étalé par les mains froides de l’homme de médecine.

– Vous sentirez bientôt un grand soulagement, le rassure-t-il.

Il hoche la tête, la bouche écrasée sur la paillasse.

– D’où revenez-vous ? Vous semblez avoir chevauché longtemps pour une fois, déclare-t-il.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 21, 2016 ⏰

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