Epilogue

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-Vous allez-vous marier !? s'exclamèrent les invités.

Main dans la main avec le Marquis d'Aresac, Léopldine rougit comme une pivoine. Face à toute cette noblesse, aux yeux ronds comme des soucoupes, elle se sentait mal. Non seulement ils étaient surpris, mais en plus ils ne semblaient pas comprendre comment la chose était possible.

Tous assemblés dans la salle de bal, ils contemplaient le couple avec hébétude.

-Effectivement, répondit Florentin. Et pour votre gouverne, c'est un mariage d'amour.

-Nous n'en doutons pas, rit monsieur Erik en lui donnant une tape dans le dos.

-Ouvrirez-vous le bal ? demanda doucement Aurore de Millicent.

-Avec plaisir.

Entrainée au centre du parquet, sous le regard attentif des Millicent et des invités, Léopoldine avait le cœur qui battait la chamade. Le nez presque collé à la chemise de son époux et futur époux pour les ignorants, elle hésitait entre une envie de défaillir et une certaine jubilation.

Car elle, ancienne prostituée humiliée dans cette même pièce quelques jours plus tôt, était désormais enviée par toutes ces femmes. Comme madame de Crisance, toujours inconsciente. Néanmoins, elles la jalousaient pour le titre qu'elle allait avoir, celui de Marquise d'Aresac. Elle, elle était simplement heureuse d'être avec l'homme qu'elle aimait.

Florentin passa un bras autour de sa taille, se saisit de sa main pour une valse. Levant les yeux vers les siens, aujourd'hui d'un gris soutenu, elle sentit une douce chaleur l'envahir. Il lui sourit doucement, en l'attirant un peu plus contre lui.

Il était là. Bien vivant, en bonne santé. Il n'avait plus consommé de potion depuis le matin, or sa taille n'avait pas réduit. C'était fini. Le sortilège d'Arioch était levé.

-Je t'aime, murmura-t-il en faisant le premier pas de la valse.

Incapable de se retenir, elle lui fit son plus beau sourire.

-Je t'aime, répondit-elle.

Sous l'attention générale, ils s'embrassèrent le plus tendrement du monde. Des exclamations ravies retentirent, les tirant brusquement de leur petite bulle enchantée. Le Marquis émit un grondement mécontent, avant de reprendre la valse.

Le reste de la soirée se passa en congratulations, regards envieux, et autres félicitations. Ce n'est qu'au bout de trois heures que l'attention se reporta sur Aurore de Millicent et le Duc de Lucassi, dont le mariage se tiendrait dans deux jours.

-Madame la Marquise, murmura Florentin à l'oreille de son épouse.

-Monsieur le Marquis ? chuchota-t-elle en quittant des yeux le buffet.

Au milieu de la foule, elle se sentit soudain seule au monde avec lui. Le sourire mutin de son époux semblait promettre quelque chose.

-Pensez-vous que la bienséance nous permette de nous éclipser dans les jardins ?

-La bienséance n'a jamais interdit les promenades nocturnes, monsieur le Marquis...

-Oh, madame la Marquise... la bienséance interdit certainement ce que je prévois de vous faire dans ces jardins...

Ils rirent tout bas en s'esquivant du bal.

En disparaissant dans les jardins, ils oublièrent tout de leurs soucis, de la menace de l'oncle Oscar planant au-dessus d'eux. Car à n'en pas douter, il n'en avait pas fini avec leur famille. Sans nul doute, il tenterait de tout détruire le jour du mariage d'Aurore. Tout le monde en avait conscience. Et Léopoldine, plus que toute autre chose, avait terriblement conscience du pacte passé entre le démon et mademoiselle Aliénor.

Pourtant, ils savouraient l'instant. Ils étaient tous deux vivants. Ils s'aimaient.

Et ils avaient tous deux envie de découvrir les jardins des Millicent.


3. La Cuisse DoréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant