Chapitre 12 : La Potion Magique

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Le lendemain matin, enveloppée dans le cocon protecteur des bras de son amant, Léopoldine ne se sentait pas le droit de paniquer. Pourtant, elle en avait une furieuse envie. Car, oh mon dieu ! Elle venait de nouveau de passer la nuit avec monsieur Florentin, et les choses avaient pris une tournure plus intense encore.

Et vaguement plus gênante.

Car à n'en pas douter, il allait à présent vouloir certaines explications sur sa situation. Pourquoi le Baron Catom la connaissait. Dans quelles circonstances elle s'était retrouvée à...

-Léopoldine, gronda-t-il à son oreille. Je t'interdis de fuir ce lit.

Elle se figea entre ses bras... Mais il ne tourna pas à sa minuscule forme. Il avait pris soin de boire une grande lampée de potion cette nuit, afin de ne pas avoir de mauvaise surprise au réveil.

-Je ne comptais pas le faire, mentit-elle.

-Bien. Car je ne sais pas toi, mais je suis très bien installé.

Sur quoi il se pressa un peu plus contre elle avec un soupir de bienêtre. Rouge pivoine, elle se mordilla la lèvre, avant de se tourner dans ses bras. Autant en finir au plus vite !

-Vous n'avez pas de questions à me poser ?

Il entrouvrit un œil. Aujourd'hui, ses iris étaient d'un vert pétillant surprenant.

-Si. Pourquoi retourner au vouvoiement ? Nous sommes toujours au lit, que je sache.

-Oh, heu... je suis sérieuse, Florentin !

-Bon. Une autre, alors ? rit-il en posant une main sur sa hanche. Comment fais-tu pour être aussi souple ?

Elle lui pinça le bras, ce qui lui fit pousser un glapissement surpris. Les yeux grands ouverts à présent, il grommela en se frottant la peau. Puis il la serra de nouveau contre lui.

-Bien. Raconte-moi ce que tu souhaites me révéler, ma petite sorcière. Je n'en demanderais pas plus. Pas pour le moment, tout du moins.

Son silence fut si long, qu'un instant il la crut endormie. Néanmoins, elle finit par reprendre la parole, son index traçant des cercles troublants sur le torse de son amant.

-Je... je suis réellement une ancienne prostituée.

-Je m'en doutais.

Elle releva la tête, pour surprendre l'intensité de ses iris verts.

-Tu travaillais à La Cuisse Dorée, et j'avais déjà découvert que tu n'étais plus vierge. Je sais additionner deux et deux, ma petite sorcière.

-Oh. Heu... je... oui.

Perturbée d'avoir été découverte à son insu, elle se concentra de nouveau sur son pectoral droit et son doigt qui traçait des cercles de plus en plus étroits.

-Je... quand j'ai perdu mes parents, monsieur Enguerrand m'a... on va dire, recueillit. J'avais droit à trois repas par jour et un lit uniquement si je devenais une de ses filles de joie.

Sa main arrêta son mouvement. Des larmes pointèrent à ses yeux tant elle fit un effort pour repousser les images du passé. Silencieux, Florentin se mit à lui caresser la hanche.

-La vie est dure à Paris. Surtout en hiver, surtout dans ma... condition. Je... j'aurais voulu refuser, Florentin, mais... je n'avais pas le choix...

-Il te faisait chanter ? demanda-t-il doucement.

-Oui. Il savait que j'étais d'une famille de sorciers. Alors il... si je refusais, il m'a juré de me faire condamner au bucher. Mes parents, ils... je ne pouvais pas... ils avaient tout fait pour me protéger des fous qui sont venus les prendre, avoua-t-elle d'une voix chevrotante. Je ne pouvais gaspiller ma vie alors qu'ils avaient sacrifié la leur pour moi. Je... je me suis donc retrouvée à travailler pour monsieur Enguerrand.

3. La Cuisse DoréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant