La vie est une aventure

Un moment d'adoration

Et bien voilà, la petite église de cinq ans d'âge était remplie de monde cette nuit là. Mes parents et moi occupions la première place. Le pianiste dont l'apparence supposait d'avoir aux environs dix-huit ans, ne me quittait pas des yeux. Je me suis sentie intimider, gêner même car je me trouvais assez craquante. Sans attirer l'attention de mes parents, j'essayai d'ignorer ce regard qui me déshabillait et aussi me déconcentrait sur ce moment d'adoration.

Contrairement à lui assit sur la scène face à moi en était loin de l'être. Ses notes étaient si correctes qu'à un moment donné, je me suis demandée si ce qu'il jouait était par hasard inscrit sur mon visage. Décidant à mon tour de le fixer, il détourna les yeux; ce qui m'a discrètement amusé. Par la suite, je jetai un coup d'œil dans mon livre de chant et poursuivis avec l'assemblée les paroles qu'elle entamait. Je n'en avais pas la moindre idée de qui était ce garçon, tout ce que je savais c'est qu'il était là, derrière ce piano qui mettait en chaleur toute l'église. A l'occasion où tous les révérends de chaque église qui s'y incluait, devraient avoir un petit moment de dialogue. Ce qui prolongeait le culte et semblait durer une éternité pour moi, car j'avais plus envie d'avoir mes fesses sur ce maudit bois qui servait de banc.

Le moment était venu pour que je monte sur scène, suivie de mon père qui allait m'accompagner du piano dans ma chanson. Le jeune garçon se retira pour céder sa place. De la scène jusqu'à l'assemblée, je pouvais toujours voir mon admirateur qui de son côté discutait apparemment à mon sujet. Une forte curiosité m'envahit à l'instant et m'empressa d'achever ma performance. Juste après laquelle, ce moment spirituel fut conclus. Des gens au passage me complimentaient, parmi lesquels lui; à ma grande surprise. Ce n'est pas quelque chose de première vécue mais cette sensation désaltérante était bien différente.
- Tu es de cette église? me demanda t'-il.
- Oui, répondis je.
Sans qu'il pût terminer sa phrase, j'accueillis avec douceur la main qu'il me tendait. J'avais des réponses brèves, tout simplement. Il se retira ensuite puis disparut comme un coup d'éclair. Je déborde de joie malgré tout. Un coup d'œil autour de moi, je ne me suis pas faite remarquer quand même. Je saluai ensuite quelques amis juste avant qu'on rentre.

Lors du souper, je continuai de penser à cette soirée. A lui, pour préciser. Selon les arguments de mes parents, cette dernière a été satisfaisante et ils se sentent même bénis. Non pas pour moi qui me trouve actuellement hors de leur univers. J'ai à peine goûté à ma bouillie d'avoine, j'en ai marre! J'ai seulement envie de grimper l'escalier et m'engouffrer dans ma chambre. Je regardai maman et papa se lancer ce sourire là comme à la coutumée lorsqu'ils comptent rentrer en rapport sexuel durant la nuit. Mdrr... Chose qui ne me concerne pas pour l'instant.

Je me contentai de me lever de table et filer dans mon coin. Je me changai puis me mis au lit. Les yeux tournés au plafond, je repasse ce moment dont je pense finalement être un moment béni pour moi également. Je fermai les yeux pour savourer ce silence et respirer profondément cette brise du soir. Si seulement je pouvais m'envoler à l'horizon et joindre ce paradis! J'attrapai mon téléphone puis branchai mes écouteurs. Je mets le son assez fort pour rentrer dans mon monde de rythme et de notes. Je persiste trop à penser à ce garçon. Et pourquoi? Pourtant il ne me plaît pas assez. Peut-être parce qu'il n'a pas arrêté de me regarder il y a quelques heures... Ou peut-être quelque chose d'autre cloche. Toute fois, je passerai la nuit avec des doutes en tête.