J'accueillis la pause de midi avec une joie non dissimulée. Mon ventre criait famine et mon cerveau demandait désespérément une pause. En quelques heures, j'avais été inondés d'informations au point que j'en avais presque oublié que j'étais nouvelle. Et puis, le silence complaisant des premiers jours et un ventre bruyant ne faisaient vraiment pas bon ménage. En plus de cela, ma matinée ne s'était pas exactement passée comme prévu. Il y avait eu ce moment embarrassant en histoire où je dus aller devant la classe me présenter et répondre aux questions des curieux. Cet exercice, particulièrement désagréable quand on ne l'avait pas prévu, m'avait fait la même sensation qu'une interrogation surprise. Et puis, toutes ses questions... On aurait cru que je devais connaître par cœur la vie de toutes les célébrités qui avaient élus domiciles à New York. Ensuite, il y avait eu ce léger cafouillage de plan et je n'avais pas trouvé la salle de français à l'heure prévue. Une matinée forte en émotion, dirons-nous.
La cafétéria avait été la salle la plus simple à trouver puisque c'était là que se dirigeait la majeure partie des élèves. Elle se trouvait au rez-de-chaussée du bâtiment principal et je dus m'arrêter un instant pour chercher la table idéale pour un repas en toute intimité. C'était une grande pièce, pleine de vie et ensoleillée grâce aux grandes baies vitrées sur le côté. A première vue, aucune table n'avait l'air de m'offrir l'asile et je voyais bien que la plupart d'entre elles étaient déjà occupée par des élèves qui attendaient leurs amis, ce qui m'excluait d'office. Puis, alors que je m'étais résignée à faire la queue au self et que j'imaginai déjà ce moment gênant où je demanderai à un inconnu si je pouvais prendre la place libre près de lui, je vis la place parfaite.
Elle se trouvait à l'entrée de la cafétéria, coincée entre deux paravents et un présentoir de magazine sur la santé. Elle passait presque inaperçue derrière sa muraille de protection le peu de chaise autour démontraient bien que c'était l'endroit le moins fréquenté de toute la cafétéria. Sans revenir sur ma matinée éprouvant, j'avais ressenti le besoin profond de me retrouver loin des regards. Si c'était ça, la vie de nouvelle, je préférais mille fois qu'on m'ignore et qu'on fasse comme si j'étais une partie du paysage. Au moins, tout ça serait fini d'ici quelques courtes heures et je pourrai retourner dans mon lit me morfondre sur mon sort en envoyant des boules de papiers contre le mur.
Je commençai mon repas avec la même motivation que Pamplemousse face à une visite chez le vétérinaire. Dans mon assiette avaient été entassé une sorte de purée étrangement verdâtre, une tranche de porc et quelques carottes. Il ne s'en dégageait pas une mauvaise odeur, mais avais-je vraiment envie d'en tester le goût ? Mieux valait rester sur sa première bonne impression, non ? J'entendis mon ventre protester avec hargne cette décision de Josiane qui avait en horreur les plats non-identifié et décidai de me sacrifier pour lui. Je n'eus pas le temps de plonger ma fourchette dans mon assiette que quelqu'un posa son plateau en face de moi, provoquant un sursaut brusque.
« Je peux m'asseoir ? me demanda l'inconnue qui était totalement une fille à l'écoute de sa voix. »
Je relevai la tête, surprise. C'était venu encore plus vite que je ne l'avais imaginé. D'ordinaire, les premières rencontres se font en sport, à cause de la coopération ans une équipe. Mais je n'étais ni dans un roman, ni dans un film et la vraie vie avait décidé que la nouvelle ne passerait pas inaperçue, même planquée comme elle l'était derrière son paravent. Pendant quelques minutes, j'avais caressé l'espoir d'avoir la paix. C'était peut-être mission impossible mais je n'allais pas me plaindre qu'on vienne me parler. Je n'aimais pas faire le premier pas et j'étais quelque part déjà reconnaissante pour ce geste d'une bonhommie agréable.
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Moi, mon Portable et l'Idiot d'en Face
Ficción General"Quand votre mère vous annonce que vous allez déménager à l'autre bout du pays, vous commencez par rire. Ensuite, vous vous mettez à pleurer parce que vous venez de comprendre qu'elle ne mentait pas. Je m'appelle Carly Green et je suis actuellement...