J'eus soudain l'impression qu'on m'étouffait. Ma respiration se bloqua, j'ouvris brusquement les yeux et me redressai violemment dans mon lit, balançant Pamplemousse à l'autre bout de mon lit. Mon chat, furieux, feula toute sa rage à mon égard et descendit du lit avec l'arrogance propre aux siens. Il dandina son derrière vers la sortie et se mit à gratter la porte pour sortir. Je secouai la tête. J'avais la figure endolorie et des poils de chat me chatouillaient le nez et les yeux.
« Pamplemousse ! m'écriai-je en envoyant valser mes couvertures pour sortir de mon lit. Pamplemousse, si je t'attrape, je te tonds ! »
Cette saloperie de chat s'était assise sur ma tête. J'ouvris la porte pour sortir de mon chat quand j'estimais qu'il méritait que je l'installe dans le panier de la honte. Il ignorait probablement ce qu'était, mais ce panier que nous avions appelé ainsi avec ma mère était censé représenter la punition ultime. Pour l'autorité, il faudra probablement toquer à la porte d'à côté mais j'estimai que de toute manière, ce chat était trop stupide pour comprendre autre chose.
Je me précipitai donc dans le couloir pour chercher ce sale matou quand mes pieds se prirent dans mes vêtements de la veille, lâchement abandonnés par terre parce que j'étais trop fatiguée pour les ranger. Perdant mon équilibre, je m'étalais de tout mon long sur le sol du couloir, les bras tendus en avant, façon dramatique. C'est là que je vis mon téléphone, quelques millimètres plus loin. Lui aussi, je l'avais visiblement abandonné dans le couloir hier soir.
Quand je disais que le boulot, c'était éreintant.
L'écran était allumé sur la photo que j'avais affiliée à Keira. C'était elle, métisse avec de magnifiques yeux noirs en amande et de belles boucles à vous rendre jaloux. Sur la photo, elle me tirait la langue, trop heureuse d'avoir avalé ma crêpe en douce, à Time Square. Puis je compris qu'on essayait de m'appeler. Je rampai rapidement jusqu'à mon cellulaire, l'attrapai et décrochai.
Si mon chat me voyait...
« Carl' ! s'exclama Keira, à l'autre bout du combiné. J'avais presque peur que tu ne répondes jamais...
- Désolée, Key, je dormais.
- C'est ce qu'ils disent tous... grogna-t-elle, amusée.
- N'importe quoi ! »
Je me redressai pour m'asseoir en tailleur, un petit sourire sur les lèvres. La voix de ma meilleure amie m'avait manqué. Je l'avais eu au téléphone il y a deux semaines et nous avions à peine eu le temps de parler d'elle qu'il fallait déjà se quitter. Je lui avais débriefé la soirée d'Halloween et elle m'avait tout de suite mise face à l'évidence que Nora avait quelque chose pour Leith. Elle restait cependant sur ses positions quand aux sentiments de Leith vis-à-vis de ma petite personne et je ne savais plus trop quoi penser.
« Alors, ma chérie, qu'est-ce que tu deviens ? me demanda-elle.
- Pas grand-chose... C'est toujours la même vie. Je me lève, je vais en cours, je mange et je travaille...
- Mais c'est tout excitant tout ça ! se moqua doucement Keira. Tu n'as vraiment rien à dire ? Un truc croustillant, qui craque sous la dent ?
- Bah...
- Tiens, ton voisin... Comment il s'appelle, déjà ?
- Seth. Seth Potter. »
Il y eut un blanc assez long, à tel point que je crus que mon téléphone m'avait encore joué un mauvais tour. Puis Keira se mit à crier.
« Ton voisin s'appelle Potter ? s'exclamait-elle et je l'imaginai sans peine se rouler sur son lit, excitée. Non mais... Potter, quoi ! PO-TTER !
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Moi, mon Portable et l'Idiot d'en Face
General Fiction"Quand votre mère vous annonce que vous allez déménager à l'autre bout du pays, vous commencez par rire. Ensuite, vous vous mettez à pleurer parce que vous venez de comprendre qu'elle ne mentait pas. Je m'appelle Carly Green et je suis actuellement...