Éternel (Tome 2)

21- Anéantie à perpétuité

Suivre la trace de la motoneige, regarder la plaque minéralogique via la vidéo de surveillance, repérer le taxi ainsi que l'aéroport, s'y rendre en moto en dépassant les limitations maximales de vitesses autorisées, dépasser tout le monde avec une plaque de gendarmerie en main, alerter tous les avions pour qu'ils interrompent leurs départs de vol, capter l'avion dans lequel la meurtrière s'y trouve, foncer; trouver le monstre, lui faire croire qu'elle saigne du nez, lui présenter un mouchoir de chloroforme mélangé à de la kétamine qu'on lui injecte, lui faire perdre connaissance, l'a transporter hors de l'avion, fuir avec le corps.

*Point de vue de Benny*

Je suis amoureux. Je suis tombé sous le charme. Pas de n'importe qui.

Je suis amoureux d'une personne qui se croit finie. Je ferais n'importe quoi pour elle. Notamment, ce que j'ai fais hier soir.

On dit que l'amour rend aveugle. Pourtant, j'ai les yeux bien ouverts et je vois comme n'importe quelle autre personne. J'ai amplement conscience de ce qu'il s'est passé, de ce que j'ai vu et entendu mais rien n'a l'air de m'arrêter.

Cette personne se croit finie mais si elle disparaît, c'est moi qui suit finit.

Je frotte mes mains, sentant le froid peu à peu m'atteindre. La tempête de neige claque contre la porte d'entrée en bois ainsi que les quatre murs en pierre qui nous entourent. Le feu dans la cheminée crépite et réchauffe le corps évanoui de la personne dont je suis amoureux. Sur le matelas miteux, placé devant le foyer, je lui remets sa couverture sur ses épaules. Le thermomètre est resté en dessous de la barre des 4°C toute la nuit. Il commence à augmenter petit à petit dans la pièce et cela fait du bien.

Je regarde ma montre. Il n'est que 11h00 mais j'ai faim alors j'ouvre mon sac et ouvre une tablette de chocolat. Je me rassois dans le seul fauteuil de la pièce et croque dans la tablette. Alors que je mange, mon regard descend vers l'endormie. Elle bouge en grognant.

- Oh.. ma tête...

Je l'observe se réveiller et sortir de son sommeil.

- Mais qu'est-ce que...

Elle regarde toute la pièce en faisant de grands yeux.

- Benny ? Mais...

Elle se remémore ce qu'il s'est passé mais ne comprend pas ce qu'elle fait ici.

- Où sommes-nous ?

Voyant que je ne répondais pas, elle finit par comprendre par elle-même et se rassoit.

- Ah d'accord, tu vas me tuer... Heu... Tu veux me brûler dans le feu ? Pour...quoi pas. Après tout je suis une criminelle, j'ai tué des gens sans défense, j'ai assisté à des tortures phénoménales et encore je crois que j'en ai fait... En fait, je sais même plus le vrai du faux... Mais me brûler dans le feu c'est...

- Tais-toi.

Elle me fait signe qu'elle obéit.

- Penser un seul instant à te tuer serait de la folie à l'état pure. Je ne suis pas là pour ça. Nous ne sommes pas là pour ça.

Je m'approche d'elle et m'assois à ses côtés, face au feu.

- Nous sommes à plus de 1 000 mètres d'altitude, dans un chalet perdu au fin fond d'une montagne. Si je t'ai amené ici c'est parce que nous avons besoin d'un endroit éloigné de toute civilisation. Tu as besoin d'un endroit où tu ne penses plus à rien et encore moins aux démons qui te tiraillent et veulent te faire brouiller du noir. Si tu es ici Marie June, repris-je, c'est pour te libérer. Il faut que Lola Anders quitte ce monde, affirmais-je, et que tout ce qui l'a raccroche de près ou de loin également. Ce sera certainement difficile mais il faut que tu le fasses, que nous le fassions. A deux, nous y arriverons mon ange, lui assurais-je. Quoi qu'il s'est passé, quoi que tu ais fait, je serais avec toi, à perpétuité.