Nous sommes presque rendus aux portes de la cité. J'en aperçois maintenant toutes les splendeurs jusqu'alors bien gardées.
La carcasse de notre vaillante embarcation gît là, à quelques mètres de moi, échouée tel un zarzarrin agonisant dans la froideur des nuits sans lunes. Peu avant le drame, quelques-uns de mes compagnons avaient prié. Le grand Œdicnème allait-il vraiment prendre soin de leur âme comme le voulait la croyance locale ? D'autres avaient prié pour que la vie leur soit enlevée. Ils furent entendus.
Je dois bien dire que nous avons validé à nos dépens la théorie sur la force de réaction de l'eau. Suite à un splendide ricochet de plusieurs centaines de mètres, nous avons goûté (littéralement) aux saveurs salées d'une vaste étendue de sable blanc. Le malheur des uns faisant aussi le malheur des autres, nous avons écrasé au passage un animal à la toison rose et jaune. Mon bulbe à couper qu'il s'agissait d'un jurophalodon (assez petit d'ailleurs) !
Ce monde est si vaste. Tant d'aventures à vivre et de lieux à explorer ! Pourquoi si peu de nos concitoyens aspirent à le découvrir ? Serait-ce la peur qui les enchaîne à leur terne quotidien ?
D'ici, je distingue de nombreux disques. Je crois d'ailleurs reconnaître le nôtre. Il me semble si petit. Difficile de croire qu'il puisse contenir tant de personnes.
Au loin, j'aperçois Corentis. La cité qui hier encore habitait mes rêves est désormais à ma portée. J'estime pouvoir l'atteindre en quatre à cinq heures de marche. Peut-être pourrais-je faire la route avec l'un de mes compagnons d'infortune pour égayer ce long trajet.
L'un d'eux me conta quelques traditions héritées de ses pairs avant de sortir de sa poche un petit instrument argenté. Selon lui, c'est de coutume d'interpréter un air de requiem au terme de chaque voyage (d'autant plus si la moitié des passagers y a succombé). La mélodie douce et métallique de son plastrodon m'évoque les entrelacs de flûtes d'Ilménite si typiques de nos campagnes. Et quelle voix admirable !
Alors même que le silence se répand de nouveau parmi les derniers survivants, nous nous apprêtons à partir. Dorénavant, la mélancolie se mêle à l'excitation.
Le voyage continue.
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Voyages d'un touriste
FantasyChère famille, Je prends la plume aujourd'hui pour vous annoncer mon départ. Je ne sais pas encore quand je reviendrai ni même si je reviendrai. Soyez certains que je vous écrirai, en priant pour que mes lettres vous arrivent un jour. Je garderai tr...