Chapitre 5

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Note de l'auteur:
Les pompiers dans le Titanic réfèrent aux cheminots qui s'occupent de remettre du charbon dans les cheminées.


14 Avril 1912



Louis se réveille seul dans un lit bien trop grand, trop doux et il porte trop peu de vêtements.

Il s'étire, profitant de la sensation de draps doux contre sa peau nue. La pièce devient peu à peu plus nette. A la place d'un lit superposé entouré de murs blancs, il se retrouve face à des meubles en chêne et de la moquette rouge.

C'est ça. Je suis resté avec Harry. Les souvenirs de la veille répandent de la chaleur dans son ventre. Il ne regrette rien, il ne se sent pas coupable. C'est une surprise agréable, et Louis se surprend à espérer que Harry soit toujours couché à côté de lui.

« Oh, tu es réveillé, » la voix de Harry encore rauque attire l'attention de Louis vers la penderie.

Vêtu de sa tenue du dimanche, il ajuste ses manches bouffantes lorsque Louis le regarde enfin. Il sourit, un sourire large et serein, avant d'ouvrir grand les bras. « A quoi je ressemble ? »

Exquis est le mot. Un manteau gris couvre son corps, faisant plus bas place à un pantalon rayé. Une cravate parfaitement nouée est visible, le tissu rayé plutôt osé mais allant parfaitement bien à Harry.

« A quelqu'un qui va quelque part sans moi, » dit Louis en se recouchant dans les draps. « C'est l'heure du petit-déjeuner ? »

« On l'a raté, » ricane Harry en venant s'asseoir sur le bord du lit. « Je vais au service religieux. » Il se penche et presse ses lèvres contre celles de Louis. C'est doux et chaste, mais ça en suffit pour alimenter le feu qui grandit en Louis.

Lorsqu'ils se séparent, Harry a un sourire rêveur, une fossette ornant sa joue comme un accessoire de plus à sa tenue. Louis ne peut s'empêcher de prendre sa grande main dans la sienne, s'imprégnant du souvenir du pouls de Harry s'accélérer lorsqu'il caresse la peau douce de son poignet.

« Tu m'embrasses puis pars te tenir devant Dieu ? » Murmure Louis, évitant le regard de Harry. Il a peur de ce qu'il y trouverait, peut-être la réalisation du pêché qu'ils ont commis dans ce même lit.

Des doigts délicats attrapent son menton, relevant son visage afin qu'il le regarde droit dans les yeux. « T'embrasser m'a plus rapproché de Dieu qu'aucun sermon ne l'avait fait avant, » répond-il doucement en caressant la mâchoire de Louis parsemée de poils et ayant besoin d'un rasage.

Louis ne peut retenir son souffle qui se coupe aux mots de Harry. « Tu crois vraiment ça ? » Demande-t-il, émerveillé.

Sa main qui tient celle de Louis remonte jusqu'à son sourire. « C'était vrai quand je te disais que ce n'est pas mal, Lou. » Il embrasse sa main sans se rendre compte du frisson que ça procure à Louis à l'entente du surnom. « Je suis en paix avec Dieu. Et s'il n'y avait pas ces fichues lois, je t'embrasserais en plein milieu de la rue, là où tout le monde pourrait voir. »

Il lui refait quelques baisers sur la main, ce qui donne vraiment envie à Louis de le tirer dans le lit et de rester là pour le reste du voyage. Mais au lieu de ça, il entremêle leurs doigts, les resserrant avec affection avant de le lâcher. « Tu es peut-être en paix, mais tu ne veux peut-être pas être en retard. »

Soupirant, Harry laisse effleurer ses lèvres sur le front de Louis avant de se lever du lit. « J'ai bien peur que tu aies raison. » Il passe ses mains sur sa tenue pour lisser les plis de son costume. « Tu peux rester ici, bien sûr. Tu peux utiliser la salle de bain et mes affaires de rasage, je reviens dans pas longtemps. »

« Je vais en profiter pour prendre un bain, » dit Louis en fronçant le nez. « Il n'y a qu'une seule baignoire en Troisième Classe, et je n'ai pas tellement envie de la partager avec plein d'hommes. »

Harry fronce les sourcils en regardant Louis, incrédule. « Vous n'avez qu'une baignoire ? Pour toute la Troisième Classe ? »

Se tortillant sous le regard intense de Harry, il hoche la tête. « Eh bien, deux : une pour les hommes et une pour les femmes, » explique-t-il. « La plupart d'entre nous faisons juste une toilette rapide dans notre cabine. »

« Alors j'insiste pour que tu utilises la mienne, » dit Harry en secouant la tête. « Les seules personnes qui y ont accès sont Gemma, mon oncle et moi-même, nous sommes tous au service. » Il fait une moue. « D'ailleurs il faut vraiment que j'y aille. » Se baissant une dernière fois, il attrape les lèvres de Louis dans un baiser. « J'espère que tu seras toujours là quand je reviendrai. »

« Promis, » jure Louis en faisant des signes vers la porte. « Maintenant vas-y avant que ta sœur ne vienne te chercher et retrouve un étranger dans ton lit. »

Harry marmonne quelque chose dans sa barbe qui ressemble suspicieusement à « ça ne serait pas la première fois », mais il sort avec un dernier sourire, et Louis se retrouve seul dans la cabine spacieuse.

Il se laisse retomber sur le lit, savourant la chaleur et la façon dont il s'enfonce dans le matelas. Grandir en étant pauvre n'a pas été facile, mais il ne s'est jamais retrouvé à vouloir des choses qu'il ne pourrait pas avoir. Mais maintenant, après avoir testé ce luxe, penser à retourner dans sa couchette avec sa couverture fine et sans drap lui donne un nœud à l'estomac.

Il s'inquiète pour plus tard. Mais pour l'instant, il a une cabine de Première Classe rien que pour lui, et les souvenirs de la vieille qui ont séché sur son ventre lui font penser qu'un bain serait une excellente idée.

Un bain et un rasage plus tard, Louis a l'impression d'être une nouvelle personne. Il se sent légèrement mal à l'aise en se promenant nu dans la cabine de Harry, donc il ressort l'uniforme de steward. Il ne peut s'empêcher de sourire en boutonnant la veste, pensant qu'il doit absolument remercier Liam Payne pour son aide. Après tout, c'est lui qui l'a encouragé à croire qu'il y avait une chance que cela puisse marcher, bien que minime, et Louis l'a prise.

Et c'était très mal parti au début.

Des coups francs à la porte sortent Louis de ses pensées. Harry ne toquerait pas à sa propre porte. La peur s'empare de lui, son cœur battant dans ses oreilles. Ça pourrait être le steward qui vient changer les draps, et il saurait très certainement que Louis n'est pas à sa place.

Il réalise que le bruit provient d'une des portes intérieures seulement lorsqu'elle s'ouvre.

Au début, il pense que c'est celle de Gemma, puis Charles Styles entre dans la chambre, les yeux plissés en trouvant quelqu'un d'autre que Harry dans la cabine de son neveu.

« Monsieur Tomlinson, » dit Charles aussi lentement que Harry, bien que ce ton soit fait pour intimider. « Je ne m'attendais pas à vous trouver là. Et encore moins en uniforme. » Il sourit froidement, et Louis a déjà envie de retourner prendre un bain.

« Harry n'est pas encore rentré, » répond Louis en essayant de camoufler les tremblements de sa voix. « Je suis juste venu rendre visite. »

Charles s'avance pour toucher la manche de Louis comme pour vérifier son authenticité, il fronce les sourcils lorsque Louis se recule. « Je me demande ce que les officiers diraient s'ils apprenaient qu'un de leur steward avait une relation illégale avec un passager, » ricane Charles en encerclant Louis comme un loup autour de sa proie. « Encore moins un homme. »

« Je pense que quelqu'un aussi intelligent que vous savez qu'un tel scandale refléterait également sur Harry, et non en bien, » dit froidement Louis.

Avec un ricanement, Charles pousse Louis contre le mur et empoigne sa veste. « Vous feriez mieux de tenir votre langue, Tomlinson, » dit-il en postillonnant. « Vous allez partir, maintenant, et oublier mon neveu. Faites ça et peut-être que j'oublierais que je vous ai vu dans cette chambre. Compris ? »

Louis veut crier, se débattre, promettre qu'il n'oubliera pas Harry tant qu'il est en vie, mais en réalité il n'a pas le choix. Il hoche faiblement la tête, les larmes aux yeux. S'il ne fait pas exactement ce que Charles lui dit, il sera arrêté – et pas seulement pour s'être fait passer pour un steward. Pire, Harry serait également en danger et il ne veut pas prendre le risque.

Les mains qui tiennent sa veste le relâchent, Charles lisse le tissu. « Je savais que vous seriez d'accord, » dit-il en reculant enfin.

« Harry mérite une famille mieux que vous, » crache Louis dans un élan de courage. Ça ne fait que rire Charles.

Ce dernier ouvre la porte menant à l'extérieur, la tenant ouverte pour Louis. « C'est peut-être vrai, garçon, mais au moins j'ai un lien de sang. Vous n'êtes rien. Harry vous aurait rejeté dès qu'on aurait accosté, tout comme il a rejeté ce James. »

Louis se fige sur place. « Non, il aimait James. Il a été envoyé ailleurs, » le contredit-il, la peur au ventre.

Paint The Sky With Stars [Titanic AU]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant