Une dernière fois (en réécriture)

Chapitre 2 (réécrit)

Chaque mercredi, en sortant de l'université, je passe chez mes parents. Cela fait maintenant trois ans que j'ai mon appartement. Je vis dans le centre-ville de Lyon. Eux, vivent plus dans la campagne et vu que je ne rentre pas tous les week-ends chez eux, je m'y rends chaque semaine pour un dîner. C'est devenu un petit rituel. Car couper le cordon a été dur pour ma mère. On a été rarement séparé depuis mon jeune âge, même pour aller dormir chez une amie c'était des négociations pendant des heures. Et ça sera où ? ; Tu me donneras le numéro de sa mère... Et j'en passe. Heureusement cela a quand même changé !

En temps normal, Bastien m'accompagne, mais ce soir il a décliné l'offre. Il doit aller chez Jules, un ami, pour l'aider à emménager. Ils m'avaient proposé de venir mais vu que je ne suis pas rentrée chez moi depuis deux week-ends, je ne pouvais pas dire non à ma mère. De plus, elle a tout préparé pour confectionner mon repas préféré, un pot au feu. Certains n'aiment pas mais moi j'adore. Et ma mère fait le meilleur que j'ai pu gouter. Cela me rappelle quand ma grand-mère en faisait étant petite. C'était le plat des dimanches de famille, des dimanches joyeux, ceux dans la gaieté et la bonne humeur. Mais maintenant ce n'est plus le cas avec toutes les disputes, il n'y a plus de repas. C'est chacun de son côté. Et je pense que cela est mieux ainsi.

Le trafic était dense, je suis arrivée en retard et déjà une heure que je suis chez mes parents, et on peut dire que c'est l'une des heures les plus longues de ma vie. Je sais que c'est fort comme mots, mais c'est la pure vérité. L'ambiance est vraiment tendue. Je ne comprends pas d'habitude ce n'est pas comme cela. Là, ils m'adressent à peine la parole. C'est bizarre tout de même, ce n'est pas dans leur habitude de ne pas parler. Ils sont toujours d'humeur joyeuse, souriants, en train de me faire des discours sur leur semaine passée, même trop des fois. Mais aujourd'hui c'est le néant, moi qui me plaint d'ordinaire, je commence à regretter. Je ne saisis réellement pas ce changement de comportement soudain. Il y a forcément quelque chose, mais quoi ? Ils ont des soucis ? Au travail ? Personnels ? Ils souhaitent divorcer mais ne savent pas comment me l'annoncer ? Tant de questions, sans réponses.

- Vous êtes sûrs que ça va ? Vous ne parlez presque pas aujourd'hui. Tu sais, maman tu aurais pu me dire, si vous êtes fatigués, je ne serais pas venue. On aurait pu se voir ce week-end !

- Mais bien sûr que non ma chérie, ne t'inquiète pas, tout va bien. Et toi, comment vas-tu ? Ta journée ?

Le contraire m'aurait étonné. Elle n'avouera jamais qu'elle est fatiguée. Elle veut toujours en faire trop ! Et comme toujours elle me retourne la question pour vite s'en débarrasser. L'air de rien, beaucoup font cela.

- Nina a eu deux places pour le match d'ouverture de l'Euro, j'ai été en cours jusqu'à 18 heures et je suis arrivée ici donc ça va merci.

- L'Euro ? Mais c'est à Paris ça ? ça fait un bout de Lyon !

Mon père qui était si discret, c'est soudainement manifesté à la prononciation de ces mots.

- Oui, mais il n'y a pas de soucis, j'aurais fini le mois qu'il me reste, et puis je ne peux pas lui dire non. Cela fait un moment que je veux assister à un match également. Ça vous pose un problème ?

- Non pas de problème, nous sommes contents pour toi ma chérie. Juste la distance.

- Ce n'est pas si loin ! Et sinon vous, comment ça va à votre travail ? Maman tu as trouvé des chefs-d'œuvre ?

Ma mère est éditrice dans une grande maison d'édition, elle adore me faire part de toutes les merveilles qu'elle peut découvrir. Elle est passionnée de littérature, alors ce métier était comme une évidence pour elle. Du côté de mon père, lui est directeur d'agence immobilière, et chaque mercredi, j'ai le droit à l'inventaire de toutes les maisons qu'il a vendues. Habituellement, je ne suis pas obligée de poser la question mais aujourd'hui c'est moi qui dois le faire. Un point de plus sur leurs comportements étranges.

- Pas énormément, moins que d'habitude. Mais bon ça dépend, il y a des semaines avec et des semaines sans.

- Et toi papa ?

- Ça va, on a vendu quatre maisons cette semaine.

- Ah, mais c'est bien.

N'ayant pas de réponse, je décide donc de rompre le silence. C'est fou comme en si peu de temps les gens peuvent changer et je ne préfère pas chercher plus loin.

- Bon je vais y aller, j'ai cours demain à huit heures, vaut mieux que je parte et vous avez l'air fatigués, merci encore c'était délicieux. Bisous. À ce week-end !

- Bastien sera avec toi ?

Pourquoi me poser la question, elle sait très bien qu'il vient avec moi, un week-end sur deux.

- Oui, oui comme toujours bisous !

En parlant de Bastien, il faut que je lui envoie un message, que je le prévienne que je prends la route plus tôt, histoire qu'il ne s'inquiète pas.

Leurs comportements était si bizarre !

Quelque chose de mauvais arrive, je le sens et mon instinct ne se trompe rarement !

**

PDV de Bastien :

Jules, c'est mon meilleur pote. On se connaît depuis 4 ans, et je lui dis tout. Alors quand j'ai appris, je lui ai tout de suite envoyé un message. J'étais abasourdi, choqué et sans voix. Je ne sais toujours pas comment réagir, je ne comprends pas pourquoi ils me l'ont dit. Pourquoi à moi ? Maintenant, on est dans le même bateau !

- Tu as vu le message que je t'ai envoyé ?

- Oui je l'ai vu, c'est chaud mon pote, et elle, elle ne sait rien ?

Bien sûr que non, elle ne sait rien, strictement rien. Dans l'ignorance totale.

- Non justement, je ne sais pas si je dois lui dire ou pas. C'est hyper chaud quand même, de lui avoir caché, surtout depuis tout ce temps.

- Oui, je serais à ta place, je ne saurais vraiment pas comment réagir, je pense que tu dois quand même lui dire, elle mérite de savoir.

- Mais j'ai promis à ses parents de ne rien dire, ils veulent attendre le bon moment.

- Oui, bah ça fait 22 ans. Le bon moment ils ne le trouveront jamais !

Ce n'est pas faux. Mais ça ne m'aide toujours pas.

- Je viens de recevoir un message de Lilas, elle dit "je pars de chez mes parents plus tôt que d'habitude, je t'expliquerais. " Elle me l'a envoyé il y a environ une heure.

- Tu crois qu'ils lui ont dit ?

- Je ne pense pas, elle a mis un clin d'œil à la fin, donc je suppose que non.

Et ils sont trop lâche pour le faire.

- Je pense que tu dois lui dire. Enfin à ta place, je pense que je le ferais.

- C'est plus facile à dire qu'à faire. Je n'ai rien demandé moi !

- Courage, je suis sûr que tu vas y arriver.

« Courage, je suis sûr que tu vas y arriver.»

Je ne vais pas y arriver, ce n'est pas à moi de lui apprendre. C'est à sa famille, je n'y suis pour rien moi. Ils me l'ont appris il y a deux jours. Franchement je ne sais pas comment elle va réagir quand elle va l'apprendre.

Si, un jour elle l'apprend.

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