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24 jours avant, le 17 mai 2016

L'attente me parut interminable. Le bip résonnait, dans le vide, dans le néant. Un bip, deux bips, trois bips. Et il ne décrocha pas. Il faut que je réessaye, il va bien finir par décrocher, il ne peut pas me laisser comme cela. Il en sait trop maintenant, il connaît presque toute ma vie. Alors que ce matin même je ne le connaissais même pas. Je sais qu'il va me répondre, je le sens. Enfin, il est trois heures du matin, et il est peut-être rentré chez lui. Alors que moi, je suis toujours dans ma voiture au beau milieu de nulle part. Mon téléphone ne fait que retentir, mais jamais le bon numéro. Il pourrait me rappeler quand même, je lui livre tous mes secrets et il n'est même pas fichu de répondre à un appel téléphonique.

Bon, il faut que je me calme, il doit bien y avoir une réponse, soit il dort, soit son téléphone est en silencieux. Ou alors il ne répond pas car il ne connaît pas le numéro. Oui, c'est cela ! C'est lui qui m'a tendu ce bout de papier. Je vais lui envoyer un message pour l'informer que c'est moi.

Il a fallu peu de temps pour qu'il me rappelle :

- Tu fais vite dis donc toi, on s'est quittés il y a à peine deux heures, je te manque déjà ?

- Non Cody... Enfin bref, j'ai besoin de toi !

- Je suis triste de savoir que je ne t'ai pas manqué, mais vas y dis-moi.

- Tu m'as dis que tu aimais voyager ! Alors j'ai une superbe opportunité pour toi. J'ai besoin de quelqu'un pour venir avec moi sur Paris.

- Attends, tu veux aller faire quoi à Paris et pourquoi moi ?

- On va aller rendre visite à Sophie, c'est une superbe idée non ?

- Lilas, je crois que c'est l'alcool qui parle et c'est qui déjà Sophie ?

- Je te l'ai dis tout à l'heure, c'est l'ex meilleure amie de ma tante plutôt ma mère biologique ! Et je vais très bien je te rassure, puis j'ai presque rien bu.

- Sept verres, j'appelle pas ça "rien boire", de plus tu ne sais même pas si elle habite toujours à Paris.

Il a raison, je n'ai absolument pas pensé à cette éventualité. Il est fort probable qu'elle ait déménagé depuis vingt-deux ans. Elle n'est surement pas restée à Paris, il faut que je trouve une autre solution. Je crois que j'en tiens une !

- Ah mince, je n'y avais pas pensé ! Bah, j'ai une autre idée, je vais rentrer chez moi, dire que je vais bien, que ça va mieux et tout. Comme ça au moment voulu je pose la question à ma tante et bim je te rappelle et hop on part à Paris... Du moins, où elle habite maintenant, partant ?

- Ça va pas un peu trop vite tout ça ? Tu n'es pas dans ton état normal Lilas je pense.Tu vas rentrer et dormir un peu. Et tu aviseras demain à ton réveil, d'accord ?

- Mais je suis sûre ! Mais bon si tu veux, je vais rentrer, et je te rappelle demain ?

- Pas de soucis, à demain Lilas.

- Attends, tu ne racontes rien de tout ce qui s'est passé ce soir, d'accord ?

- Promis.

Après ces quelques mots échangés, je me contrains à rentrer à mon appartement, il le faut bien après tout. Le cœur veut faire demi-tour, mais la raison me dit de foncer tout droit. Le problème est qu'il fait noir, et que je suis sur une route déserte. De plus Cody n'a pas tort, j'ai peut-être un peu trop forcé sur l'alcool. Je n'ai aucune autre solution que te conduire.

Mais cela n'est pas moi. Je ne prendrai jamais le risque de conduire sous l'effet de l'alcool, vraiment. Le mieux est d'appeler Bastien, le pauvre cela fait au moins dix fois qui tente de me joindre. C'est la seule alternative qu'il ne me reste que toute manière.

  - Bastien, c'est moi.

  -  Tu es où ? Je suis mort d'inquiétude, ça fait des heures que tu es partie...

  - Je sais, je sais mais là à vrai dire, je ne sais pas vraiment où je suis, il fait noir et je ne vois rien.

  - Il n'y a rien pour m'indiquer où tu te situes ?

  - Bah, j'étais dans ce bar, pas très loin de la ville...Le seul... Il est à l'écart, tu vois ? Bah j'en suis pas très loin. Deux, trois kilomètres peut-être.

  - Je vois, tu ne bouge surtout pas, j'arrive.

C'est à ce moment-là, que je me rend compte que je ne le mérite pas. Il est trop gentil avec moi, il ne me pose même pas de question et vient à mon secours. Moi pendant ces heures, j'étais dans bar avec un inconnu, alors que lui était en train de me chercher, de m'appeler. Et je n'ai rien fais, j'y suis restée comme une égoïste.

Mais en même temps, je ne peux pas faire comme s'il ne s'était rien passé. C'est impossible, alors je pense que c'est la dernière fois que je vais le voir, je ne veux pas le faire souffrir avec une fille comme moi. Mon père est un tueur, ma mère est... Je ne sais même pas. Je ne sais pas ce que je suis moi même, c'est pour dire. En peu de temps je me suis pris une gifle. Et une sacrée ! Cette vie que je qualifiais de parfaite, ne pouvait pas l'être. Cela n'existe que dans les contes de fées. Ma prof de français n'avait pas tord. Je me rappellerai toujours quand elle nous avait demandé ce qui nous rendaient heureux. J'avais répondu " ma vie parfaite" et sa réponse m'avait étonné mais aujourd'hui elle prend tout son sens "Dans ce monde Lilas, rien ne peut être parfait."

Alors, mon plan est en marche. Je vais rentrer, dormir deux voir trois heures. Puis quand Bastien sera parti en cours,je ferais ma valise enfin je prendrais plutôt un sac et j'écrirais une lettre à chaque personne qui me tient à cœur. Puis après je partirai sans laisser de trace. Car j'ai une vengeance à mener et comme on dit la vengeance est un plat qui se mange froid. Mais dans mon cas elle sera glaciale.  

A suivre.....

Une dernière fois (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant