Mon téléphone vibre dans ma poche depuis un moment déjà mais je n'ai pas répondu. En voyant le nom s'afficher, j'ai tout de suite compris. Stéphane Dimaison. J'ai su que j'allais m'en prendre plein la tête, qu'il allait me traiter de tous les noms, que j'étais un traître, un faible. C'est vrai que je le suis. J'aurais pu attendre aujourd'hui, qu'ils lui annoncent eux même mais je savais qu'ils n'allaient pas le faire. Ils sont trop lâches, ils n'assument pas. Je suis le faible, ils sont les lâches. Cela faisait trois jours passés que Lilas était dans l'incompréhension, il fallait bien qu'elle le sache. Mais est-ce que c'était la bonne solution, de savoir ? Va t'elle s'en remettre ? Surtout qu'elle ne sait qu'une partie de l'histoire. Moi, je ne pense pas qu'elle va réussir à s'en relever, elle est tombée trop bas. Il va falloir que je sois avec elle, il lui faudra du soutien, beaucoup de soutien.
Elle n'a pas dormi de la nuit, on a parlé. Longtemps. C'est là, qu'elle a décidé d'envoyer un message à ses parents. Je lui ai dit qu'il était tard, qu'il fallait mieux attendre lendemain car on allait chez eux. Mais elle ne m'a pas écouté. Après les larmes, c'était la colère qui l'avait remporté. Elle leurs a demandé pourquoi, pourquoi ne pas lui avoir tout avoué, qu'elle était grande pour comprendre. Qu'elle méritait de savoir depuis le début.
Je lui ai pris le téléphone des mains, voulant couper court au message.
Elle s'est endormie vers six heures du matin, moi je n'ai pas dormi, j'ai préféré veiller sur elle. Elle semble si apaisée quand elle dort. Sans problème.Stéphane ne démord pas, il continue d'insister sur mon portable, je décide donc de sortir de l'appartement sans réveiller Lilas. Chose pas facile à faire, car elle s'est endormie sur moi. Mais après maintes essais, j'y parviens enfin.
En sortant, je remarque qu'il fait gris et qu'il pleut, comme l'atmosphère qui règne aujourd'hui. J'allume ma cigarette et tape sur le numéro de son père :- Bastien !! Ça fait au moins vingt fois que je vous appelle, vous décrochez jamais ?
- Je dormais. Mentais-je
- Vous avez réussi à dormir, après ce que vous avez fait à Lilas ? Qu'est-ce qui vous ait passé par la tête ! Vous lui avait dit, vous avez pensé à elle en faisant ça ?
Bien-sûr que j'ai pensé à elle ! Je n'ai fait que cela. Il fallait qu'elle est connaissance de la vérité.
- Oui, justement, il fallait qu'elle sache et je sais que vous ne l'auriez pas fait.
- On attendait qu'elle finisse son mois qui lui restait, et on allait le faire ! Maintenant vous avez tous gâché !
- Un prétexte ! Après, ça aurait été autre chose.
Comme depuis 22 ans, ils reculent toujours, par peur de sa réaction.
- N'importe quoi, qu'est-ce vous en savez ? Sachez qu'Agnès est en larmes depuis qu'elle a entendu le message de Lilas, vous avez brisé une famille !
- Sachez vous, que Lilas a pleuré toute la nuit, alors votre leçon de morale, merci de vous la garder. Et puis, je ne lui ai pas tous dit, je vous laisse le faire. Elle sait juste qu'elle est adoptée.
- On ne va rien lui dire, elle sera encore plus anéantie !
Encore des mensonges, toujours des mensonges.
- Si, vous allaient lui dire, car sinon je le ferais ! Maintenant je vous laisse, il faut qu'on se prépare pour venir chez vous. A tout à l'heure Stéphane.
Et j'ai raccroché, cela ne servait un rien qu'on continue de parler. Pour entendre les mêmes choses, les mêmes reproches. Ce n'est pas que j'ai une grande joie d'y aller à leur repas, mais faut bien. Pour elle, je vais y aller en espérant qu'elle veuille.
*
PDV LilasVotre vie peut basculer en un fracas de seconde. Elle peut être parfaite un jour et le lendemain, c'est le cauchemar. Cette vie que j'avais tant idéalisée, était tout simplement basée sur des mensonges, ma vie entière, je ne suis pas celle que je crois. Moi, Lilas, future avocate, née à Lyon, fille unique. Je ne suis pas cette Lilas ! Du moins pas la Lilas de mes parents, comment je dois réagir ? Je ne sais pas, tellement je suis abasourdie.
J'aime mes parents, c'est eux qui m'ont élevé. Appris à marcher, à parler, soigner mes blessures, me rassurer après mes cauchemars étant petite... Mais ne pas m'avoir dit la vérité c'est trop.
Je sens un doigt contre ma joue. C'est Bastien que je trouve devant mes yeux. J'ai un mal de tête horrible, j'ai du mal à ouvrir les yeux et je ne crois pas encore à la révélation d'hier. Comment mes parents ont pu me faire cela. Pas le fait d'être adoptée, mais de ne pas me l'avouer depuis tant d'années. Je ne sais même pas comment je dois réagir. De la colère ? De la pitié ? Car c'est vrai que cela doit être compliqué d'avouer, mais franchement je ne sais pas. Je n'aurais jamais imaginé ça. Je vais avoir vraiment besoin de temps pour digérer la pilule. En plus aujourd'hui, on doit aller manger chez eux, je n'ai pas vraiment le courage ni l'envie d'y aller. Mais je pense à eux et me dis que cela doit être dur aussi, surtout après le message d'hier vu comment je leur ai parlé.
Bastien m'a préparé la salle de bains pour que je m'y prépare. J'ai de la chance de l'avoir à mes côtés.
- Lilas, il faudra qu'on parle pendant le trajet ?
- De quoi ? Dis-je paniqué
- De tout ça ! De la peur que tu ne me pardonne pas de te l'avoir dit !
- Tu rigole, j'espère ! Je ne t'en veux pas, pas à toi. Tu as fais ce qu'il fallait faire et je t'en remercie.
C'est vrai, il n'y ai pour rien. J'appréhende juste le face à face avec mes parents mais je suis avec Bastien. Et l'union fait la force comme on dit.
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Une dernière fois (en réécriture)
Teen FictionImaginez-vous... Vous avez 22 ans. Un avenir brillant devant vous. Un petit ami parfait. Un quotidien parfait. En résumé, une vie parfaite. Imaginez-vous que soudainement, cette petite bulle explose. C'est inattendu et brusque. Comment réagiriez...