Chapitre 2 - Le départ.

31 4 0
                                    


Après avoir affronté le gratin de légumes de ma mère, je suis montée me "faire une beauté". Je n'aime vraiment pas cette expression. D'ailleurs, je trouve qu'il y a très peu d'expressions qui reflètent la réalité. Lorsqu'on vole un oeuf, on ne vole pas un boeuf. C'est tout con. Ça reste du vol, mais entre voler un journal et une bague ornée d'un diamant à 800€, il y a une difference.
À ce moment-ci, il y avait aussi ce contraste. Je ne montais pas me faire une beauté, je montais me cacher, je montais pour plaire.

Je saisis d'abord mon anti-cerne, teinte 22, "beige rosé". Ce petit tube était mon meilleur ami, c'était un objet indispensable à ma vie de société. J'avais l'impression qu'il avait été créé rien que pour moi, pour cacher mes anneaux noirs qui attristaient mes yeux et me donnaient "l'air d'un zombie", selon 95% des gens. Une fois appliqué, j'attrapai mon gros pinceau Lancôme, pour me barbouiller d'une poudre libre de chez Maybelline, teinte 3, beige ivoire. Après ces deux étapes, j'avais une peau lisse et assez pâle, qui rappelait à beaucoup la peau d'un bébé.
Je m'emparai ensuite de mon mascara L'Oréal Paris, dit extrêmement noir et volumineux... mais que j'avais surtout vu comme extrêmement cher. Avant de laisser mes yeux bleus tranquilles, je traçai un trait fin à l'aide d'un crayon noir, sur mes deux paupières supérieures.
Pour finir tout ce costume de "belle Kiana", je caressai mes lèvres avec mon Labello.
J'étais prête.

Je fis quelques pas afin de sortir de la salle de bain et je me dirigeai vers les escaliers. Un pied après l'autre, je les descendais sereinement. Soudain, alors que mes pensées étaient tournées vers ce grand brun dont j'étais amoureuse, je trébuchai et ratai les deux dernières marches, et ce, non dans le plus grand des silences. Ma mère, alertée par le bruit, couru en ma direction et ne pût s'empêcher, en voyant mon corps étalé étrangement sur le sol, de dire :
- Toujours aussi douée à ce que je vois, hein Kiana ?
À cette remarque, ma bonne humeur (engendrée par l'idée de pouvoir croiser Jérémy aujourd'hui) s'échappa.
Je me levai, et regardai ma mère droit dans les yeux. Je m'apprêtais à lui faire des remarques non dosées concernant son aide, mais elle me tapa sur l'épaule et me sourit en me disant que ce n'était pas grave.

Je jetai un oeil à l'horloge principale : il était 13 heures 50. Je sortis alors Léon (mon téléphone), de la poche arrière droite de mon jean noir troué. J'ouvris mon application Facebook. Après quelques coups de pouce par ci par là, je retrouvis le statut qui faisait référence à la réunion du crew de Jérémy cette après-midi, en ville. Je lus l'espace commentaires en entier pour savoir à quelle heure ils se rejoindraient. Horreur ! Je venais à cet instant de lire ce commentaire d'Aymeric Klément, le plus jeune membre de leur groupe, qui disait qu'ils continueront leur conversation tous ensemble sur Messenger, en PRIVÉ ! Je n'avais alors aucune idée de l'heure à laquelle ces cinq lycéens allaient se rejoindre.
Le désespoir venait de me tomber dessus comme une bibliothèque aurait chuté sur ma tête. Traînant du pied, je traversai le couloir afin d'arriver dans notre grand salon, où je me laissai tomber sur le long sofa noir.
Je jetai un regard vers la fenêtre. Ce bon gros ballon de lumière scintillait, ce qui me fit un drôle d'effet puisque nous étions en hiver. Or, un proverbe russe dit : Qui se sauve du soleil, aura toujours froid.

Alors, je suis sortie. Le climat était lumineux mais restait frais à cause du vent.
Je commençais à emprunter le chemin de cailloux qui menaient au portail quand j'entendis ma mère qui me cria, par la fenêtre de la cuisine :
- Où vas tu ma puce ?
- Je vais dans le centre-ville, pour sortir un peu ! m'ecriai-je, agacée par le surnom qu'elle me donnait.

Bien que je ne connaissais pas l'heure de leur rendez-vous, je connaissais le lieu : La Place Caerus. Arrivée à destination, je m'assis sur un banc parfaitement situé pour avoir une vue complète sur la place. Ride, de twenty øne piløts, passait dans mes écouteurs. Cet instant d'attente me permettais de voir que Verjoy est vraiment une belle ville, les arbres ont beau être dénudés, le ciel a beau être gris, il règne ici une ambiance reposante.
J'attendais, ils ne sont pas venus.

MorganeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant